OUAGADOUGOU (AFP) – dimanche 04 mars 2007 – 20h12 – Le président ivoirien Laurent Gbagbo et le chef de la rébellion Guillaume Soro ont signé dimanche un accord prévoyant un règlement de la crise entre dirigeants ivoiriens avec un nouveau gouvernement et le départ à terme des troupes étrangères, notamment françaises, du pays.
L”accord, conclu à Ouagadougou sous la médiation du président burkinabè Blaise Compaoré et avec l”assentiment de la communauté internationale, prévoit également la relance immédiate du processus d”identification de la population en vue des élections, sans cesse repoussées depuis la fin 2005.
Fruit d”un mois de négociations entre les émissaires des deux camps, ce plan, qui doit théoriquement être appliqué "dans les dix mois", vise à terme à réunifier un pays coupé en deux depuis une tentative de coup d”Etat de la rébellion contre M. Gbagbo en septembre 2002.
Cet accord marque un virage dans le processus de paix entamé il y a quatre ans puisqu”il doit être géré entre les seuls leaders ivoiriens, avec M. Compaoré, repoussant à l”arrière plan une communauté internationale jusqu”ici largement impliquée dans le règlement de la crise.
L”"accord politique de Ouagadougou", signé en présence du chef par intérim de la mission des Nations Unies en Côte d”Ivoire, Abou Moussa, prévoit la formation d”un nouveau gouvernement d”ici "cinq semaines".
Il ne mentionne toutefois pas le remplacement de l”actuel Premier ministre, Charles Konan Banny, désigné à la fin 2005 par la communauté internationale et à la tête d”un gouvernement d”unité nationale incluant des rebelles.
L”accord sera supervisé par un Cadre permanent de concertation (CPC) composé du président Gbagbo, de Guillaume Soro, des opposants Alassane Ouattara, ancien Premier ministre, et Henri Konan Bédié, ancien président, et de M. Compaoré.
L”accord prévoit également la suppression progressive de la zone de confiance, un cordon démilitarisé qui s”étire d”est en ouest du pays.
Quelque 7.000 Casques bleus de l”ONU et 3.500 soldats français de l”Opération Licorne y sont déployés depuis la fin 2002 sous mandat de l”ONU pour surveiller le cessez-le-feu entre les deux camps (présidentiel au sud, rebelle au nord) qui ont cessé les affrontements armés à la fin 2004.
La zone de confiance sera "remplacée par une ligne verte" avec des "postes d”observation" occupés par les Forces impartiales "dont le nombre sera réduit de moitié tous les deux mois jusqu”à leur retrait total", précise l”accord.
A Paris, la ministre française déléguée à la Coopération, Brigitte Girardin, a déclaré dimanche à la radio France Info qu”un retrait de la communauté internationale de Côte d”Ivoire était envisageable "dès maintenant", semblant prendre acte d”un prochain désengagement de la France, ancien colonisateur jusqu”ici très impliqué dans le dossier ivoirien.
Lors de sa visite à Abidjan la semaine dernière, la ministre avait souligné le coût élevé de la mission de Licorne, environ 250 millions d”euros par an.
L”accord signé dimanche prévoit également la reprise de l”identification des populations en vue d”aller prochainement aux élections.
Sur ce problème qui empoisonne la vie politique ivoirienne depuis plus de dix ans, il retient le schéma préconisé par le président Gbagbo d”une actualisation des listes électorales de 2000, alors que la rébellion et l”opposition réclamaient jusqu”ici un renouvellement profond de ces listes.
Les rebelles obtiennent de leur côté des engagements sur leur réintégration à terme dans la future armée ivoirienne unifiée, l”une de leurs principales revendications.
Identification, désarmement et réunification de l”armée sont prévus depuis des années par les divers accords internationaux sur la Côte d”Ivoire, qui n”ont pu être appliqués jusqu”ici en raison des blocages politiques.
Source: AFP
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