Entouré de 5 de ses conseillers, le chef de village avait au départ refusé de répondre à nos questions sur son fief. Pour la simple raison qu’il était fâché. Contrairement aux autres villages environnants, bien équipés en écoles, centres de santé, et traversées de routes bitumées, il ne sait pas ce que le sien a pu faire de mal pour mériter l’oubli dont il est aujourd’hui l’objet. En effet, la vie à Balandougou est extrêmement difficile : pas d’écoles, pas de centres de santé, pas de véritable route d’accès au village, pas d’eau potable à suffisance ; bref, les habitants de ce village vivent encore au moyen âge.rn
Balandougou fut fondé par Makandian Kôrô Kéïta de la grande famille Kéïta de Ballawoulena, le même qui fonda aussi Badougou Djoliba, Niamé, Kamalé Kakelé. Grand chasseur, c’est précisément au cours d’une partie de chasse qu’il découvrit le site de Balandougou.
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Echange entre père et fils
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Il retourna alors à Kamalé Kakelé pour informer son père de sa découverte et de sa volonté de commencer à débroussailler. Le père voulut se rassurer et lui demanda en bamanan:
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– ‘’ité balan yé wa ?’’ (Ne seras-tu pas bloqué là-bas ?)
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– ‘’ayi n’té balan yé’’ (Non ! je ne serai pas’’ A-t-il répondu.
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Pourtant, il fut bloqué (A balan na…).Balandougou tire donc son origine de cet échange en bamanan entre père et fils.
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Makandian Kôrô Kéïta a eu une soixantaine d’enfants qui ont tous passé l’arme à gauche à ce jour, excepté l’actuel chef de village. Faféré Kéïta est le 8ème des descendants de Makandian Kôrô Kéïta à assumer la prestigieuse fonction.
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Balandougou est situé au sud par Banankoro et Farabana ; au nord-est par Samanyana; au nord par Samalé; à l’ouest par Farabana. Pour mener à bien ses activités, le chef de village est entouré de cinq conseillers qui travaillent en collaboration avec les jeunes, les femmes mais aussi les producteurs de coton, d’autres produits agricoles réunis dans le cadre d’une coopérative de développement du village.
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Cette bonne organisation apparente des habitants de Balandougou cache mal les difficultés quotidiennes auxquelles ils restent confrontées. Ainsi à Balandougou, la nourriture est à base de mil et de maïs. Les habitants pratiquant l’agriculture extensive comme activité principale disposent de moins en moins d’espace à cause des limites rapprochées de la forêt du Mont manding. Le village dispose toutefois d’un cheptel composé en majeure partie de bœufs estimés à quelque 800 têtes de moutons et de chèvres.
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Au plan des infrastructures socio – économiques:
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Le village ne dispose pas de marché pour écouler ses produits. Les femmes se rendent chaque lundi au marché de Katibougou et en profitent pour constituer des provisions en condiments pour une semaine.
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Balandougou dispose de quatre pistes d’accès, toutes impraticables hélas pendant l’hivernage. Ce qui rend le village inaccessible, le coupant pour ainsi dire du reste du monde.
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Pour son alimentation en eau potable, le village dispose de deux pompes et d’un puits à grand diamètre. Il dispose aussi d’une banque de céréales : mil, maïs, riz en prévision de la période de soudure.
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Au plan scolaire, c’est ici que Balandougou souffre. Le village ne dispose pas encore d’écoles. Les enfants, environ 300 élèves, sont inscrits dans les écoles de Farabana, Samanyana, des localités situées à pas moins de 4 Km. Une distance parcourue 2 fois par jour à pied par les gosses car ils reviennent manger à la maison à midi et repartissent le soir. La fatigue ne donne aucune chance aux élèves qui parviennent difficilement à apprendre leurs leçons, souligne un conseiller visiblement triste.
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Toutefois, le village dispose d’un petit Centre d’études et de développement (Ced) ouvert en 2002, où sont encadrés les enfants non scolarisés et ceux renvoyés de l’école dont l’âge varie de 8 à 14 ans. Le Ced de Balandougou est animé par un jeune du village ayant le niveau du second cycle et formé pour cette tâche. Depuis son ouverture il y a 4 ans, il a alphabétisé 14 enfants. D’autres sont, selon l’animateur du centre, en attente de formation en teinture, soudure, mécanique grâce au soutien d’Ong telles que ‘’Plan Mali’’, ‘’Acodep’’ etc. Le Ced a un effectif actuel de 7 élèves qui suivent les cours chaque jour de 8 h à 12 h. L’animateur, reçoit une somme de 25 000F CFA par mois. Il est payé par le Centre national de recherche pour l’éducation non formelle (C.n.r.e.f).
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Sur le plan sanitaire, le village est dépendant des villages environnants car ne disposant d’aucun centre de soins. Les femmes enceintes sont vaccinées à la maternité rurale de Samanyana situé à 4 km. Quant aux enfants, ils sont vaccinés par une équipe de l’aire de santé du Cescom de Djoliba dont Balandougou fait partie.
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Pourtant, ce village en proie à d’énormes difficultés s’acquitte régulièrement de ses impôts à la mairie de Ouezzindougou, selon le 1er conseiller du chef de village. ‘’Mais nous sommes oubliés malgré tout car personne ne pense à nous, ici.’’ Une lueur d’espoir, toutefois : ce village abrite un site de recasement offert par l’Etat aux Maliens venus de la Côte d’Ivoire, plus de 500 familles devront y être relogées !
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