L’ère Gbagbo est finie, depuis hier à Cocody, le quartier chic Abidjanais. Le Président Ivoirien non reconnu par la Communauté internationale a été arrêté par «les forces pro-Ouattara» après que la force française Licorne ait lancé des nouvelles frappes aériennes contre les derniers bastions de Laurent Gbagbo. Lire l’analyse de Kôkè Bassidiki Touré.
Le numéro 1 de la Côte d’Ivoire a-t-il été délogé par la France ou par les forces loyales à ADO? La force française Licorne a largement contribué à déloger l’Homme fort ivoirien au profit du candidat de la France Alassane Dramane Ouattara. Hier à 13h03 TU, des blindés de la force française Licorne et de l’ONU étaient déployés à Abidjan sur un boulevard menant à la résidence de Laurent Gbagbo, a rapporté l’AFP.
17 mn plus tard, précisément à 13h 20, l’arrestation de Laurent Gbagbo a été annoncée par les autorités Françaises sur les chaines TV et radios de l’Hexagone. A 13h 21, l’Ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean Marc Simon annonce l’arrestation de Gbagbo avant de préciser, plus tard, que Gbagbo a été conduit à Golf Hôtel où est retranché son rival Alassane Dramane Ouattara, depuis bientôt 5 mois.
Gbagbo, une menace pour la France
Dans la quasi-totalité des pays ouest-africains, les populations avaient pris position pour Alassane Dramane Ouattara, le candidat de la France, reconnu par la Communauté internationale, après les élections controversées du 28 novembre 2010. Cette tendance a été renversée depuis la première intervention de la force Licorne au nom d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Toute l’Afrique s’est rendue compte qu’il s’agit pour la France de sauvegarder ses intérêts en Côte d’Ivoire et ceux de ses 12 000 ressortissants vivant sur le sol ivoirien.
Nicolas Sarkozy, le nouveau Maître du monde, a appelé, à plusieurs reprises, le président Gbagbo à se retirer du pouvoir au profit d’ADO. Cette demande a été mise aux calendes grecques. Laurent Gbagbo a carrément refusé les propositions de Sarko et a fait savoir que c’est un problème ivoiro-ivoirien. Aussi, Gbagbo a refusé de répondre aux appels téléphoniques de Sarkozy.
Au pays de Charles De-gaulle, les calculs étaient simples. Il s’agissait de chercher un alibi avec l’ONU pour bombarder les positions militaires de Gbagbo afin de l’affaiblir et de permettre aux hommes d’ADO de progresser vers le palais et la résidence présidentiels. Cette stratégie de la France est en train d’être appliquée, depuis un certain temps, en Lybie. Malheureusement, le colonel Kadhafi n’est pas à abattre d’un seul coup. Il faut des années de guerre pour déloger Mouammar Kadhafi.
Pour revenir au cas Gbagbo, le Quai Dorsey n’avait aucune intention de renouer ses relations avec l’époux de Simone. Il sait naturellement que Gbagbo ne laissera jamais l’économie de son pays entre les mains de la France. Ce que ADO fera certainement puisqu’il n’aura aucun poids face à Sarkozy. Ce dernier dictera désormais sa loi aux Ivoiriens, mais en premier lieu, à ADO. De source française, Sarko réclame l’arrestation de Gbagbo comme sa propre victoire. Sans la force Licorne, l’arrestation de Laurent Gbagbo ne serait pas possible.
Après Gbagbo à qui le tour? Les dirigeants ouest-africains sont désormais dans la trouille.
L’arrestation de Gbagbo fêtée au Mali
L’annonce sur France 24 et RFI de l’arrestation de Laurent Gbagbo a été largement fêtée par les Maliens. Cela s’explique par plusieurs raisons. D’abord, des milliers de Maliens vivent en Côte d’Ivoire. Ensuite, la survie du Mali dépend en partie du pays de Houphouët qui a le port le plus proche de Bamako. Enfin, la diaspora malienne en Côte d’Ivoire contribue largement au développement du Mali. Ces trois principales raisons font que la Côte d’Ivoire est le paradis des Maliens, surtout au temps de Félix Houphouët.
C’est pourquoi, nos concitoyens suivaient chaque évolution de la crise ivoirienne. Pour bon nombre de nos compatriotes, seule l’arrestation de Laurent Gbagbo pourrait mettre fin à la sauvagerie et à la tuerie. Ce qui est désormais chose faite.
Des Maliens résidants en Côte d’ivoire que nous avons joints au téléphone, lundi dans la matinée, étaient tous prêts à rentrer au pays. Car, beaucoup d’entre eux ont été victimes d’agression et du vagabondage. Avec le changement de la situation, envisageront-ils toujours de retourner au bercail?
Wait and see !
Kôkè Bassidiki Touré
bassidikitoure@yahoo.fr