L’histoire a donné une signature à tous les présidents de la Guinée Conakry. Aujourd’hui, on retrouve un Alpha Condé qui accuse la Gambie et Dakar. Le pays en a l’habitude, mais il ya plus d’un an que Alpha Condé en remportant les élections a allumé dit-on les lumières du changement. Qu’il prenne garde à ne jamais couper le courant.
Au lendemain de l’attaque meurtrière qui le visait (il ya eu tout de même mort d’hommes) le président Alpha Condé n’a pas fait dans la démesure. Président et aussi vrai qu’il pouvait l’être, le nouveau président disait ne pas vouloir d’une « réaction populaire » et qu’on devait s’en remettre aux forces de l’ordre et à la justice pour cerner tout les contours de cette ténébreuse affaire. Fin de la première séquence en ce mois de Juillet 2011. Et ce mois de Septembre, ce qui se passe à Conakry autorise t-il a dire que l’on se dirige vers un grand retournement ? Un vent se lève t-il à Conakry et qui ne nous est pas étranger ? Voici donc le président A. Condé confronté à un exercice de communication en situation de crise…
A quoi fonctionne le communicant du président ?
Actuellement, les sorties du président Condé sont préparées pour ne pas dire minutées. C’est une prudence qui lui permet de se conserver. A-t-on oublié qu’au mois de Juillet dernier, il a failli y laisser la vie. A chaque fois que les comploteurs ou les émeutiers font irruption dans Conakry, ce sont les domiciles des plus hautes autorités qui sont visées. Celui du président de l’Assemblée Nationale l’a été sous Conté, celui du palais de Conté même, celui du chef d’Etat-major aussi. A ce qui semble par rapport aux derniers événements qui ont concerné de près sa personne physique, le président Condé n’a pas voulu jouer la carte de l’attentisme, car comme l’auraient probablement dit ses illustres prédécesseurs, le problème est guinéo-guinéen. Alpha Condé va-t-il se retrouver comme un bateleur sur la place publique ? A l’interne déjà on va dire, les repères sont –ils brouillés ou les sens éclatés avec les dernières accusations portées par la présidence contre des adversaires politiques ciblés ? L’un d’entre eux porte un patronyme connu et fut candidat malheureux à la dernière présidentielle. Le président Condé, démocratiquement élu comme on a eu à le dire, va-t-il s’affranchir des conventions ? Tient-il seulement à oser le mélange des genres ? Ou a-t-il déjà acquis cet art de la nouvelle scène politique du pays ou en tant que président élu il peut chercher à s’émanciper de tous les préjugés, s’amuser à déjouer les attentes du public guinéen ou enfin provoquer le voisin-spectateur des pays alentours ? A Conakry, comme on dit nous sommes dans un pays dont la politique est pensée en fonction du président. Le président A. Condé peut donc réaliser un tour de force face à la complexité des questions discutées dans ce dossier du dernier putsch manqué contre lui. Il a eu une longévité tourmentée dans l’opposition et aussi une surprenante capacité à rebondir. Il a déjoué tous les tours de vis des pouvoirs précédents. C’est pourquoi son arrivée dans le palais de « Sekoutouréya » a concerné toute la sous région … puis qu’il a survécu à peu près à tout. Pouvait-on s’attendre à d’inévitables dégâts collatéraux de cette onde de choc ? On se perd pour le moment en conjectures et supputation de tous ordres dans certaines capitales africaine et étrangère surtout avec l’approche de la future campagne législative. Nous avons connu le guinéen Sékou Touré pour avoir fait de son pays l’un des illustres devanciers de nos années d’indépendance. En 26 ans de règne, il aura fait 211 déplacements à l’étranger. Son non à de Gaulle reste un acte fondateur qui continue de faire des petits. Qu’on se souvienne de l’attitude de la Guinée de Lassana Conté alors membre non permanent du Conseil de sécurité à l’ONU lors de l’invasion irakienne. Parce qu’il a toujours ignoré les pressions internationales, en octobre 2000, la Secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright vint plaider la libération de l’opposant Alpha Condé. Le président Lassana Conté se tourne vers l’un de ses ministres et lui dit (en langue soussou) « si cette p… croit pouvoir me faire changer d’avis… ». C’est Lassana Conté, arrivé au pouvoir en 1984 qui traitait ses homologues de « globe-trotters ». Sous Conté, Conakry va armer les rebelles libériens du LURD jusqu’à la chute de Taylor en 2003. Il gardera une forte méfiance contre Compaoré et il apostropha F. Houphouët Boigny lors d’un sommet à Yamoussoukro. Son ami à lui Conté, était le bissau-guinéen Viera. Lassana Conté a eu un mérite : maintenir son pays hors des conflits de la sous –région (Sierra Léone, Liberia, Côte d’Ivoire). Alpha Condé hérite donc d’un pays « misérablement riche ».Le président a une image soignée mais la réalité de son pouvoirs est plus complexe.
Et la politique régionale de Conakry a ses poncifs. Si à l’extérieur, la température venait à monter entre Conakry et ses voisins, il y aurait deux conséquences : -Conakry se verrait déconsidérée à l’échelle de sa sous région et sa diplomatie s’en ressentira sur le théâtre des opérations. Conakry occupe-et la présidence Conté le sait sur l’échiquier géostratégique une case singulière. Alors attention, Conakry ne peut plus s’offrir plus d’une aventure extérieure par présidence…
S.KONE