La planète football est en deuil après l’accident d’avion dans les montagnes de Colombie qui a fait 71 morts, dont l’équipe du petit club brésilien de Chapecoense, en route pour sa première finale de la Copa Sudamericana.
L’avion a signalé une “panne électrique totale” et être “sans carburant” peu avant de percuter une montagne, selon un enregistrement diffusé mercredi 30 novembre. “Mademoiselle, Lamia 2933 est en panne totale, panne électrique totale, sans carburant!”, a lancé peu avant 22 heures lundi le pilote Miguel Quiroga à la tour de contrôle de l’aéroport de Rionegro, qui dessert Medellin (nord-ouest). L’enregistrement, diffusé par plusieurs médias colombiens, n’a pas été confirmé par les autorités et l’AFP n’a pas pu le vérifier de manière indépendante.
Six personnes, dont trois footballeurs, une hôtesse de l’air et un journaliste ont miraculeusement survécu à cet accident qui a désintégré une grande partie de la carlingue. Parmi eux, Jackson Ragnar Follman, quatrième gardien de l’équipe brésilienne, a dû être amputé de la jambe droite mardi à l’hôpital où il a été transféré. Le bilan officiel, initialement de 75 morts, a été revu à la baisse par les autorités mardi soir, 4 personnes sur la liste des passagers n’étant en fait pas montées dans l’avion.
Mardi, les deux boîtes noires de l’avion ont été retrouvées, a annoncé mardi le gouverneur de la province où s’est produit le crash. Elles sont en « parfait état », selon le compte Twitterde l’Aviation civile. Lors d’un appel d’urgence à 3 heures GMT dans la nuit de lundi à mardi, le pilote avait fait état de « pannes électriques » à bord. Mais une autre théorie émerge, pour expliquer cet accident : le manque de carburant. Une source militaire a ainsi assuré à l’Agence France-Presse qu’il était « très suspect que malgré le crash de l’appareil, celui-ci n’ait pas explosé » : « Cela renforce la théorie du manque de carburant à bord de l’appareil. »
Vingtaine de journalistes sportifs
Au moment du drame, lundi soir, l’appareil de la compagnie bolivienne Lamia, un British Aerospace 146, transportait 77 passagers, dont une vingtaine de journalistes sportifs. La chaîne Fox Sport Latin America a confirmé que six de ses employés étaient morts dans l’accident. Parmi eux figure Mario Sergio, célèbre commentateur et ancien international brésilien. Quatre autres journalistes travaillaient pour le géant brésilien des médias Globo, quatre autres pour RBS TV (propriété de Globo) et six étaient des reporters de radios locales de la région de Chapeco. L’accident est survenu quelques minutes avant l’atterrissage à l’aéroport José-Maria-Cordova de Rionegro, qui dessert Medellín (nord-ouest). Selon les autorités, les conditions météorologiques étaient mauvaises, avec de fortes pluies, dans une « zone d’accès très difficile ».
« L’avion a été totalement détruit », a déclaré à l’Agence France-Presse le capitaine des pompiers Elkin Gonzalez, parmi les premiers sur place. « La douleur est terrible. Alors que notre équipe était parvenue à avoir une renommée nationale, il arrive cette tragédie, une immense tragédie », a réagi le vice-président de Chapecoense, Ivan Tozzo, à Globo SportTV. L’équipe de Chapeco, ville d’environ 200 000 habitants située dans le sud du Brésil, avait réussi une performance exceptionnelle pour atteindre la finale de la Copa Suramericana, l’équivalent de l’Europa League européenne, où elle devait affronter le grand Atletico Nacional de Colombie.
Trois jours de deuil
« La douleur est très grande », a déclaré en arrivant à Medellín le président de la Conmebol, la Confédération sud-américaine, qui a annoncé que la finale était suspendue. L’Atletico Nacional a demandé que le trophée soit attribué à l’équipe brésilienne. Après l’accident, le président brésilien Michel Temer a décrété trois jours de deuil alors que les plus grands clubs – Manchester United, Real Madrid ou AS Rome – et stars planétaires du football faisaient part de leur émotion, de Messi à Maradona en passant par Pelé et Ronaldo.
« Malheureusement, ces gars, qui étaient en train de devenir importants dans le monde du football, ont pris le mauvais avion. À partir d’aujourd’hui, je suis supporteur du Chapecoense… », a lancé l’Argentin Diego Maradona. « Choqué par la tragédie qui a frappé le Chapecoense. Solidaire avec les familles et les amis de toutes les victimes. Mes amitiés au club et à tout le football brésilien », a écrit sur Facebook le Portugais Cristiano Ronaldo. « La famille du football brésilien est en deuil », a résumé la légende brésilienne du ballon rond, Pelé.
Partie du Brésil, l’équipe avait dû faire escale en Bolivie, à Santa Cruz, pour des raisons de législation, avant de reprendre un vol à destination de la Colombie. L’appareil avait été mis en circulation, neuf, en 1999 et utilisé par deux autres compagnies avant d’être acheté par Lamia, a déclaré un porte-parole du constructeur à l’Agence France Presse. Selon le site Planespotters, qui répertorie tous les avions en circulation, l’appareil se trouvait depuis octobre 2013 entre les mains de Lamia, une compagnie spécialisée dans les vols charters. Des sites spécialisés ont révélé que ce même avion avait été utilisé deux semaines plus tôt pour transporter l’équipe d’Argentine, dont Lionel Messi, pour un match éliminatoire du Mondial 2018.