Amadou Salif Kébé avait notamment organisé le double scrutin du 22 mars. Il s’est éteint à l’hôpital de Donka, où sont soignés les malades du coronavirus.
Amadou Salif Kébé, président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), est décédé à l’hôpital Donka de Conakry. Ce sont les autorités guinéennes qui l’ont annoncé dans un communiqué vendredi 17 avril au soir, évoquant une maladie sans autre précision. Plus tard, le porte-parole de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire, Sory Kéira, a précisé à l’Agence France-Presse qu’il s’agit bien du Covid-19. La présidence guinéenne a salué l’« expertise » apportée par M. Kébé durant les périodes électorales, « dans un contexte souvent contradictoire », dans un communiqué. C’est le quatrième décès qu’enregistre la Guinée qui compte 438 cas confirmés, dont 49 guérisons, au 17 avril.
Sous les feux de la rampe
Amadou Salif Kébé était avocat avant d’être porté à la tête de la Commission électorale nationale indépendante en juillet 2018. Selon une source proche de la mouvance présidentielle, informe l’hebdomadaire Jeune Afrique, « Amadou Salif Kébé aurait été contaminé par des observateurs de la société civile africaine venus en Guinée pour superviser le double scrutin électoral du 22 mars dernier. » Tout juste a-t-on appris qu’il était confiné chez lui depuis une dizaine de jours et avait été admis au CHU de Donka, à la suite d’une dégradation de son état de santé, dû à un diabète. Comme chef de la Ceni, Amadou Salif Kébé, dont l’âge n’a pas été précisé, a été au centre d’une controverse liée à l’organisation fin mars d’un référendum constitutionnel boycotté par l’opposition qui y voyait une manœuvre du président Alpha Condé, élu en 2010 puis réélu en 2015, de briguer un troisième mandat fin 2020. Le référendum avait été entaché de violences meurtrières à Conakry et en province, selon l’opposition. La proposition a finalement recueilli près de 90 % de « oui », selon la Cour constitutionnelle. L’opposition a boycotté la consultation ainsi que les législatives organisées simultanément.
« Dans un contexte difficile, souvent contradictoire, et malgré l’adversité, il a su garder un comportement calme et une politesse à toute épreuve », a réagi Alpha Condé, le chef de l’État, qui, dans un communiqué, a présenté ses condoléances au peuple de Guinée. La dernière apparition publique de l’ancien avocat remonte à début avril lors de la proclamation des résultats provisoires des élections législatives.
À l’annonce du décès, l’opposant Cellou Dalein Diallo note que « la mort éteint tous les conflits sur terre ». « Je présente mes condoléances à la famille de Me Salifou Kébé, président de la Ceni, qui vient de décéder. Que Dieu ait son âme. » Quand Bah Oury, le président de l’UDD, parle de « stupeur ». « Maître Kébé, président de la Ceni, n’est plus. La leçon de l’histoire est la nécessité de faire preuve d’humilité en chaque instant de notre vie sur terre, car ce qui est durable est le souvenir que nous laissons à la postérité. Que son âme repose en paix ! Condoléances ! »
La Guinée inquiète beaucoup
La Guinée avait officiellement déclaré, vendredi, 477 cas de contamination. Quatre décès liés à la maladie ont été enregistrés, a indiqué à l’AFP Sory Kéira. Pauvre malgré d’importantes ressources naturelles, elle fait partie de ces pays où l’état du système sanitaire suscite l’inquiétude face à la pandémie. Le pays avait été sévèrement éprouvé par la fièvre hémorragique due au virus Ebola, qui y avait tué 2 500 personnes entre fin 2013 et 2016. Le président guinéen Alpha Condé a décidé d’imposer le port du masque à partir de samedi pour faire face à la progression de l’épidémie.
Par Le Point Afrique – Publié le | Le Point.fr