C’est avec un scepticisme bien fondé que nous avons accueilli la création de ce que l’on appelle majestueusement Cour Pénale Internationale (CPI). C’était en 1994. Cette cour, comme son nom l’indique s’est donné pour tache de rendre justice aux peuples du monde chaque fois qu’un dirigeant africain ou européen venait à ratatiner les droits fondamentaux de ceux-ci. C’est bien cette tache qu’il s’est attribuée que la CPI entend accomplir partout dans le monde au bénéfice des justiciables aux quatre coins de la planète.
Par là, il s’est donné pour mission de juger les chefs d’Etat et de gouvernements qui se rendraient coupables de graves violations des droits de l’Homme et des peuples comme les crimes de sang contre les dits peuples. Cela pouvait être vu comme une bonne chose dans la mesure ou les dits dirigeants euro- africains se donnent toujours le droit de tout faire au nom de la légalité constitutionnelle et de la «raison d’Etat». La CPI était ainsi perçu par bien de gens comme un instrument juridique appropriée pour une redistribution de la carte de la justice à travers l’Europe et l’Afrique. Ainsi, tous les coupables d’embrigadement des consciences populaires ou d’atrocités mémorables doivent répondre de leurs actes. C’est dire que dans les principes, il doit exister une égalité réelle et véritable entre les citoyens et leurs dirigeants.
Aussi, la CPI a vocation de traiter tous les chefs d’Etats et de gouvernements de tous les pays signataires sur les mêmes pieds d’égalité. Mais, il ne faut pas oublier qu’entre les déclarations et leur application sur le terrain, il y a bien souvent des fossés. Aussi, il convient mieux de garder à l’esprit tout le sens de la duplicité du droit évoqué par l’écrivain français Jean de la Fontaine dans sa fable intitulée : «les animaux malades de la peste».
Pour conclure cette fable, il a dit : «Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir». Cette célèbre réflexion convient mieux aux activités de la Cour Pénale International qu’à toute autre juridiction se donnant la latitude de rendre justice. Tenez ! De sa création en 1994 à nos jours, toutes les victimes de la CPI sont africaines ; entre autre, il convient de citer les cas du Président Soudanais Oumar Elbéchir,de l’ex-Président ivoirien Laurent Gbagbo, du leader de la jeunesse ivoirienne Charles Blégoudé,des Tanzaniens, le Président et son vice-président qui se seraient rendus coupables d’atrocité lors d’élections les ayant d’ailleurs portés aux affaires. Pour faute de preuves, ce dernier cas vient d’être classé.
Rappelons aussi, que non contents de mettre la main sur Gbagbo et Charles Blé Goudé,les mêmes juges de la CPI,reclament à corps et à cri l’ex-première dame ivoirienne Simone Gbagbo, sommant ainsi le gouvernement d’Alassane Dramane Ouattara d’envoyer la dite dame à la CPI pour y être jugée. De tout cela, le constat reste amer : tout porte à croire que la CPI est crée pour juger uniquement les africains. Comme si les Européens ne se sont pas rendus coupables du crime de sang en bombardant nuit et jour toutes les grandes villes de la Libye avec son cortège de massacre de femmes et d’enfants Libyens. Comme si les occidentaux ont respecté les droits de l’Homme et des peuples en allant bombarder tous les points névralgiques du territoire irakien.
Face à ce tableau sombre de la CPI, on est en droit de dire que ce tribunal a été crée pour juger uniquement les africains. Que doit donc à présent faire l’Afrique ? Il faut tout simplement tirer toutes les leçons de cette politique de «deux poids» «deux mesures» organisée par les hauts perchés de la CPI. Pour ce faire, tous les chefs d’Etat et de gouvernements d’Afrique doivent sortir de commun accord de ce tribunal qui n’est que l’ombre de lui-même. Cela est aujourd’hui un impératif catégorique si nos chefs d’Etats ont encore le moindre respect pour leurs peuples et donc aussi pour eux-mêmes.
S’ils ne se désengagement pas de cette farce juridique, ils auraient humilié leur peuple. En tout le président ougandais Yoweri Mussévéni a donné le ton samedi 13 décembre 2014 en déclarant à la face du monde qu’il demandera à ses homologues africains lors du prochain sommet de l’UA de se retirer tous de cette comédie de justice internationale. En tout cas dès sa création, il ne faisait l’ombre d’aucun doute que l’occident insulte les peuples d’Afrique en se donnant le droit de donner à nos dirigeants des leçons de bonne gouvernance.
Maintenant, il est temps que les peuples africains(avec en première ligne les intellectuels africains dignes de ce nom) exigent de leurs gouvernants leur sortie pure et simple de cette grosse comédie. Mais il était clair et il reste évident que la CPI est une manœuvre des gouvernants européens visant à saper dans leur fondement les indépendances et les souverainetés africaines. Cela est d’autant exact qu’autant le chat ne peut rien entreprendre pour assurer à la souris une justice équitable, autant il est illusoire que les exploiteurs de nos peuples en fassent pour nous. Nos gouvernants doivent honorer leurs peuples en claquant avec fracas les fallacieuses portes de la CPI en disant à nos anciens colonisateurs que l’Afrique n’est plus à embouteiller et qu’elle a bien d’autres amis pour l’aider, dans une coopération mutuellement avantageuse, à amorcer un développement réel durable. Vivement l’Afrique doit se retirer du fameux tribunal Pénal International.
Fodé KEITA