Une tentative de coup d’Etat de l’armée est en cours en Turquie. La nouvelle a été annoncée par les militaires par la voie d’un communiqué publié sur la chaîne publique TRT, vendredi soir. Contesté depuis plusieurs mois, Recep Tayyip Erdoganest accusé de porter atteinte à la liberté en Turquie et d’être la cause de l’instabilité dans laquelle se trouve la Turquie vis-à-vis, notamment, du PKK. 20 Minutes fait le point sur la situation à Istanbul et Ankara où règne la confusion.
Comment a débuté la tentative de coup d’Etat ?
L’image est saisissante de contradiction. A Istanbul, l’un des ponts du Bosphore illuminé aux couleurs françaises, est bloqué par l’armée turque. C’est à cet endroit qu’a débuté la tentative de Coup d’Etat des forces armées nationales dans la soirée du 15 juillet. Dans le même temps à Ankara, le bâtiment de la chaîne gouvernementale TRT a été envahi par les soldats qui ont rapidement évacué les employés. A noter que le chef de l’état-major, soutien d’Erdogan au sein de l’armée, aurait été pris en otage par des généraux putschistes. L’idée qu’un groupe militaire isolé soit passé à l’acte se confirme puisqu’un F-16 de l’armée turque aurait abattu un hélicoptère des putschistes selon la télévision turque. D’autre part, les affrontements entre policiers et soldats à l’origine de la tentative de coup d’Etat ont fait 17 victimes dans les rangs de la police turque.
Que revendique exactement l’armée ?
Peu de temps après avoir pris le contrôle du bâtiment de la chaîne gouvernementale, les forces armées ont diffusé sur cette même TRT un communiqué annonçant l’instauration d’un couvre-feu et de la loi martiale. « Nous ne permettrons pas que l’ordre public soit dégradé en Turquie. (…) Un couvre-feu est imposé sur le pays jusqu’à nouvel ordre. » D’après la chaîne NTV, les putschistes souhaitent rétablir la démocratie en Turquie. Ces derniers auraient par ailleurs assuré que tous les accords internationaux resteraient en vigueur, assurant que l’armée souhaite que la Turquie garde de bonnes relations avec les autres pays.
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Quelle est la réaction du pouvoir turc ?
Le Premier ministre turc Binali Yildirim a dénoncé vendredi une « tentative illégale » de prise du pouvoir par un groupe isolé au sein de l’armée peu après la fermeture de l’un des ponts du Bosphore. De son côté, Recep Tayyip Erdogan s’est exprimé sur la télévision turque via Facetime, assurant qu’il était en sécurité. Le président, n’a cependant pas réussi à atterrir à l’aéroport international d’Atatürk et se serait vu refuser une demande d’asile en Allemagne. Erdogan a par ailleurs appelé ses partisans à rejoindre l’aéroport d’Istanbul-Atatürk, sur la partie européenne d’Istanbul, et donc de passer par le Bosphore où se trouvent les militaires. Il a en outre appelé à « résister au coup d’Etat. » Par ailleurs, trois partis d’opposition ont fait savoir qu’ils condamnaient le coup d’Etat.
Comment réagit le peuple turc ?
En dépit du couvre-feu imposé par l’armée, plusieurs rassemblements ont actuellement lieu en Turquie, notamment à Istanbul, où l’on chante les louanges du président turc. Une manifestation pro-Erdogan se déroulerait actuellement, place Taksim, mais c’est bien devant le barrage sur l’un des ponts du Bosphore que les plus fervents supporters du président turc semblent se diriger afin de s’opposer aux putschistes, qui ont ouvert le feu à plusieurs reprises en direction de la foule afin de défaire un groupe de manifestants qui non seulement reste compact, mais semble grossir au fil des minutes. Les échanges de tirs auraient fait trois blessés, d’après un bilan provisoire.
Que dit-on à l’étranger ?
Les réactions se sont multipliées à l’étranger. Barack Obama a appelé à éviter « violence et bain de sang », tandis qu’en Russie, le Kremlin se dit « extrêmement inquiet des informations en provenance de Turquie », ajoutant que « la priorité est d’assurer la sécurité des institutions et citoyens russes sur le territoire turc. » Même son de cloche chez le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Celle-ci a appelé vendredi à la «retenue» et au «respect des institutions démocratiques» en Turquie, tout comme Angela Merkel, qui estime que « l’ordre démocratique doit être respecté. »
Par 20minutes.fr