ABIDJAN (AFP) – 14:42 – 28/04/11 – L’élimination de l’ex-putschiste Ibrahim Coulibaly a tranché un vieux conflit fratricide dans le camp du président ivoirien Alassane Ouattara qui doit encore éradiquer la menace de miliciens actifs à Abidjan où la réouverture des banques était très attendue jeudi.
“IB est mort”: titrait à la Une le quotidien ivoirien Nord-Sud avec une photo très violente montrant le corps d’Ibrahim Coulibaly, dit “IB”, étendu au sol, les bras en croix au dessus de sa tête ensanglantée et partiellement défigurée.
Le chef du “commando invisible”, qui tardait à déposer les armes comme le lui intimait le président Ouattara, est tombé avec six de ses hommes mercredi soir à Abidjan, sous les balles des Forces républicaines (FRCI) qui avaient mené dans la journée une offensive dans son fief d’Abobo, un quartier nord de la capitale économique.
“IB” était perçu comme une menace par le pouvoir, surtout le Premier ministre Guillaume Soro, son éternel rival de la rébellion de 2002, même s’il avait contribué à la chute de l’ex-président Laurent Gbagbo le 11 avril, en déstabilisant son régime par la prise de contrôle progressive du nord d’Abidjan au début de l’année.
L’ex-putschiste avait récemment demandé à être reçu par le chef de l’Etat pour se mettre à sa disposition, mais son entourage avait mis en cause M. Soro, accusé de faire obstacle à cette demande.
Le Premier ministre a été l’adversaire historique d’Ibrahim Coulibaly au sein de la rébellion responsable du putsch raté de 2002 contre M. Gbagbo, force dont il prit finalement la tête et qui forme désormais le gros des FRCI. Des affrontements meurtriers avaient opposé en 2004 le camp Soro et celui d'”IB”, vaincu.
Mercredi soir, ses anciens compagnons ont encerclé puis tué “IB” dans la cour d’habitations où il s’était retranché.
Si Abobo est désormais sous le contrôle des FRCI, celles-ci doivent encore éliminer la menace des miliciens pro-Gbagbo dans le quartier de Yopougon (ouest), qui opposent toujours une résistance farouche.
Jeudi matin, les FRCI y ont encore “essuyé quelques tirs” de miliciens, a déclaré à l’AFP un commandant FRCI.
L’insécurité persistante à Abobo et Youpougon a conduit les autorités à différer dans ces deux quartiers la réouverture jeudi des banques dans le reste de la capitale et le pays, étape capitale de la normalisation économique voulue par le nouveau pouvoir, après une longue fermeture due à la crise post-électorale.
Très attendue, la réouverture des établissements annoncée pour 08H00 (locales et GMT) n’avait toujours pas eu lieu à 12H00, provoquant d’immenses files d’attente à Abidjan devant les guichets, ont constaté des journalistes de l’AFP.
“Il faut donner à manger à la famille”, expliquait devant le siège de la SGBCI (filiale ivoirienne du groupe français Société générale), dans le centre d’Abidjan, Jean-Baptiste Kouadio, fonctionnaire, patientant au milieu d’une queue de près d’un kilomètre devant un distributeur automatique de billets (DAB) qui était approvisionné.
Le président Ouattara avait promis que les fonctionnaires toucheraient cette semaine leur salaire de mars et d’avril.
“Y’a rien, y’a rien !”, s’énervait ailleurs une jeune femme devant un DAB hors service, parmi une soixantaine de personnes réunies devant les locaux fermés d’une agence de la SGBCI dans le quartier du Plateau, le centre administratif d’Abidjan.
Les banques commerciales avaient toutes fermé en début d’année en raison de la crise post-électorale née de la présidentielle du 28 novembre, à l’exception des banques publiques.
Le régime de l’ex-président Laurent Gbagbo qui refusait de quitter le pouvoir, avait aussi “réquisitionné” la SGBCI et la Bicici (filiale du goupe français BNP-Paribas), ouvertes jusqu’au début des combats fin mars.
AFP – 28 avril 2011