ABUJA (AFP) – mardi 08 février 2011 – 22h33 – Le président de la Commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), James Victor Gbeho, a critiqué sévèrement mardi les tentatives de compromis avec le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, qui refuse de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara.
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rn"Certains parmi nous encouragent Gbagbo à ne pas céder (…). La solidarité (…) au sein de la communauté internationale s’est vite érodée", a-t-il déclaré au cours d’un point de presse à Abuja.
Les 15 Etats membres de la Cédéao ont menacé, en décembre, d’user de la force contre le président Gbagbo s’il n’acceptait pas de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, à la suite de la présidentielle de novembre.
James Victor Gbeho a également exprimé sa déception sur la gestion de la crise ivoirienne par l’Union africaine.
Les experts envoyés par le panel de chefs d’Etat chargé par l’UA de dénouer la crise ivoirienne ont rencontré lundi à Abidjan Guillaume Soro, Premier ministre d’Alassane Ouattara, et le camp de l’autre président proclamé, Laurent Gbagbo, selon des sources concordantes.
Il estime qu’il s’agit "d’une tentative de contrer ce que cette région (l’Afrique de l’Ouest) fait".
"Je pense que toute tentative de changer le résultat de la consultation électorale librement obtenue est quelque chose que nous pourrions regretter et j’espère qu’on n’en arrivera pas là à la fin de l’analyse", a-t-il dit.
M. Gbeho a aussi critiqué l’Afrique du Sud, l’accusant d’avoir envoyé un navire de guerre en Côte d’Ivoire.
"Au moment où nous parlons, un navire de guerre sud-africain est à quai en Côte d’Ivoire", a-t-il dit. "Je suis surpris qu’un pays aussi éminent que l’Afrique du Sud décide d’envoyer une frégate en ce moment en Côte d’Ivoire (…) Cela ne peut que compliquer les choses", a-t-il souligné.
L’ambassadeur d’Afrique du Sud au Nigeria, réagissant à ces accusations, a contesté le fait que le navire auquel M. Gbeho a fait référence soit un navire de guerre.
"Il n’y a rien de problématique à propos du navire que nous avons envoyé. Il s’agit d’un navire de soutien inoffensif", a dit à l’AFP Kingsley Mamabolo, en précisant que le bateau pourrait servir de lieu de négociation neutre.
Le navire "n’est pas destiné à une intervention militaire (…) C’est ridicule de suspecter l’Afrique du Sud de vouloir faire quelque chose de cette nature", a-t-il ajouté, assurant que son pays n’avait "jamais cru par principe à l’intervention armée".
"L’Afrique du Sud n’interviendra jamais, jamais, sans consulter le bloc régional (concerné), dans ce cas la Cédéao", a-t-il assuré.
Un journal sud-africain avait indiqué, le 31 janvier, que le navire de guerre SAS Drakensberg avait été envoyé dans l’éventualité d’une évacuation du personnel de l’Ambassade d’Afrique du Sud à Abidjan.
Le ministère sud-africain de la Défense avait refusé tout commentaire à ce sujet.
La Cédéao, qui a menacé d’intervenir militairement contre Gbagbo, éprouve des difficultés à mettre en place cette intervention militaire.
Le Nigeria, censé fournir le gros des forces, se prépare à des élections générales cruciales en avril et aura besoin d’une une forte présence sécuritaire en plusieurs points du pays. Le Ghana a déjà dit qu’il ne participerait pas à une intervention.
"Notre préoccupation est, qu’en raison d’intérêts géopolitiques, certains pays essaient de susciter un échec des chefs d’Etat de la Cédéao", a affirmé le responsable de la Cédéao, sans plus de précision.
AFP
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