En Côte d’Ivoire, l’armée présente ses excuses à la nation pour les mutineries

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Le président ivoirien Alassane Ouattara et le général Sekou Touré, chef d’état-major des armées, lors de la cérémonie des vœux à la présidence, le 4 janvier 2018 à Abidjan. CRÉDITS : SIA KAMBOU / AFP

Les forces militaires doivent « cesser d’être un problème » a affirmé le chef d’état-major lors de la présentation des vœux au président Ouattara.

Le général Sekou Touré, chef d’état-major des armées ivoiriennes, a présenté, jeudi 4 janvier, « ses excuses à la nation » pour les mutineries qui ont ébranlé le pays en 2017. S’exprimant à l’occasion de la cérémonie de présentation des vœux de Nouvel An au président Alassane Ouattara, il a promis qu’en 2018 l’armée remplirait « son devoir ».

« Je voudrais […] présenter solennellement, à vous personnellement [le président Ouattara] et à la nation toute entière, nos sincères excuses », a affirmé le général qui avait été nommé chef d’état-major après la mutinerie de janvier 2017 mais n’avait pas réussi à éviter la réplique de mai.

« L’année 2017, il faut le dire, a été marquée par des mutineries qui ont remis en cause les fondements de notre armée. […] Le mouvement d’humeur a amené à s’interroger sur le degré de loyauté et d’engagement envers la mère patrie », a-t-il reconnu.

Ces mutineries « ont eu des graves conséquences économiques et sociales sur notre pays », a rappelé le général, promettant de « redorer le blason terni » de l’armée qui « doit cesser d’être un problème ». Selon lui, 230 militaires ont été radiés en 2017.

D’anciens rebelles intégrés dans l’armée et réclamant le paiement de primes se sont mutinés en janvier puis en mai, 8 400 hommes obtenant finalement 12 millions de francs CFA (18 000 euros) chacun. Ces troubles ont terni l’image de stabilité retrouvée du pays après la crise politico-militaire de 2010-2011 et fragilisé le président Alassane Ouattara et l’équipe gouvernementale.

« Nous n’allons pas tolérer d’indiscipline »

« Il était bon qu’au nom des forces, [le général] exprime ses regrets » à propos de « ces événements qui ont marqué les consciences », a estimé le ministre de la défense, Hamed Bakayoko, interrogé quelques instants plus tard.

Ce personnage influent du régime Ouattara, ancien ministre de l’intérieur, a pris en main la défense en juillet 2017 avec comme mission claire de remettre de l’ordre. « Pas de mutinerie en 2018, a-t-il promis. Quelles que soient les préoccupations, nous avons demandé aux hommes de l’intégrer dans le cadre de la hiérarchie. Nous n’allons pas tolérer d’indiscipline. »

« On avance. On a pris le pouls des réalités de nos soldats. On a commencé un certain nombre de programmes pour améliorer les conditions de vie et donner une taille [plus petite] à l’armée » aux effectifs pléthoriques, a poursuivi Hamed Bakayoko.

Fin décembre, un millier d’hommes l’ont quittée dans le cadre d’une réforme. De source militaire, l’armée ivoirienne comptait avant ce départ, 23 000 hommes du rang (dont 13 000 issus de la rébellion qui a tenu le nord du pays de 2002 à 2011) et pas moins de 15 000 sous-officiers.

Les autorités avaient promu massivement des militaires du rang en intégrant d’anciens rebelles. Les experts estiment qu’une armée doit avoir 20 % à 30 % de sous-officiers et 65 % à 70 % de militaires du rang.

Dans son allocution télévisée du Nouvel An, le président Ouattara avait affirmé sa volonté de transformer l’armée en une force « véritablement républicaine ».

Comme pour faire mentir les ambitions du chef des armées et du ministre de la défense, quelques heures plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, des coups de feu ont été entendus dans un camp militaire de Bouaké, épicentre des mutineries de 2017, ont rapporté des sources militaires et des habitants à l’AFP. « Une brève querelle entre militaires », précise un proche de l’état-major.

Le Monde.fr avec AFP Le 05.01.2018 à 14h02

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