Côte d'Ivoire: l'Afrique de l'Ouest discute pour résoudre la crise

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ABUJA (AFP) – mercredi 29 décembre 2010 – 16h20 – L’Afrique de l’Ouest a annoncé mercredi qu’elle continuait de "discuter" pour résoudre la crise en Côte d’Ivoire, après avoir menacé Laurent Gbagbo d’une possible intervention militaire s’il ne cédait pas le pouvoir à Alassane Ouattara.

Toutes les options, le dialogue ou la force, semblaient toutefois rester sur la table puisque, selon des sources officielles, les chefs d’état-major des pays de la région étaient réunis depuis mardi à Abuja (Nigeria) pour évoquer le dossier ivoirien.

 Mais l’heure reste à la médiation. "Nous discutons toujours", a déclaré le chef de l’Etat nigérian Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 pays).

Mandatés par l’organisation régionale, les présidents béninois Boni Yayi, sierra-léonais Ernest Koroma et cap-verdien Pedro Pires étaient venus voir mardi M. Gbagbo au palais présidentiel d’Abidjan pour lui adresser un ultimatum.

Les émissaires "y retournent le 3 janvier", a annoncé M. Jonathan devant la presse, après un entretien avec MM. Koroma et Pires dans la capitale fédérale nigériane. Absent mercredi, le président béninois avait échangé mardi soir au téléphone avec son homologue du Nigeria, selon une source officielle à Cotonou.

"Quand il y a une dispute, c’est le dialogue qui résout tous les différends, ce dialogue est en cours", a expliqué le président Jonathan. "Quand (les trois émissaires) rentreront, nous prendrons une décision", a-t-il promis.

Cette poursuite des discussions apparaît comme une victoire ou au moins un répit pour M. Gbagbo: la Cédéao avait chargé les trois dirigeants de l’appeler à se retirer au profit de M. Ouattara, reconnu président à l’extérieur, et brandi la menace d’une intervention armée.

Les deux rivaux "ont demandé quelque temps pour réfléchir dans le but de trouver une solution viable" pour "la paix et la stabilité durables", avait annoncé dans la matinée la présidence cap-verdienne.

Au cours des semaines de crise née de la présidentielle controversée du 28 novembre, M. Gbagbo a plaidé pour le dialogue, tout en indiquant clairement qu’il n’envisageait nullement de céder sa place à son rival, qui se voit aussi comme seul président légitime.

Le leader des "jeunes patriotes", fervents partisans de M. Gbagbo, a de son côté invoqué "la diplomatie en marche" pour annoncer le report d’un grand rassemblement initialement prévu mercredi à Abidjan, qui était vu comme un rendez-vous à hauts risques.

La crise post-électorale a déjà été marquée par des violences meurtrières. Au moins 173 personnes ont été tuées selon l’ONU autour de la mi-décembre, essentiellement des partisans de M. Ouattara.

Le gouvernement Gbagbo a évoqué un bilan de 53 morts depuis fin novembre, dont 14 membres des Forces de défense et de sécurité (FDS, loyales au régime).

L’intense bataille diplomatique entre les deux camps se jouait aussi dans l’enceinte même des ambassades.

L’ex-puissance coloniale française a annoncé que les pays de l’Union européenne ont décidé de ne reconnaître que "les ambassadeurs nommés par le président Alassane Ouattara".

Mardi, le gouvernement Gbagbo a menacé de renvoyer des ambassadeurs de pays qui ne reconnaissent plus ses représentants et veulent nommer à leur place des diplomates pro-Ouattara.

Outre la France qui a engagé la procédure d’agrément pour un nouvel ambassadeur désigné par M. Ouattara, la Belgique a reconnu comme nouveau représentant ivoirien à Bruxelles une chargée d’affaires également nommée par celui-ci.

A Bamako, au Mali, des jeunes pro-Ouattara ont occupé brièvement mercredi l’ambassade de Côte d’Ivoire, déclarant vouloir "attendre le nouvel ambassadeur" désigné par leur champion.

A Bruxelles, une cinquantaine de partisans de M. Ouattara se sont aussi réunis mercredi devant l’ambassade ivoirienne pour réclamer le départ de l’ambassadrice pro-Gbagbo.

Une trentaine d’intellectuels, surtout français et africains – dont un très proche de M. Gbagbo, Guy Labertit -, ont appelé dans une lettre ouverte à "enrayer la menace de guerre", qui plongerait "à coup sûr le pays et la sous-région dans la tourmente".

AFP

 

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