Côte d'Ivoire: la tension monte, l'Onu retire une partie de son personnel

0

 ABIDJAN (AFP) – lundi 06 décembre 2010 – 20h31 – La pression internationale montait lundi pour que la crise en Côte d’Ivoire, déchirée entre deux présidents proclamés, et , et bientôt deux gouvernements, soit résolue au plus vite tandis que les incidents se multipliaient à Abidjan.

L’ancien président sud-africain Thabo Mbeki a appelé les dirigeants ivoiriens à faire "tout leur possible" pour "préserver la paix" dans le pays en proie à une grave crise, après une médiation de deux jours à Abidjan au nom de l’Union africaine.

"L’UA est très très engagée à faire en sorte que la paix soit préservée en Côte d’Ivoire", a dit l’émissaire devant la presse, après un dernier entretien avec le président sortant Laurent Gbagbo.

"Nous espérons profondément que les dirigeants du pays feront tout leur possible pour assurer que la paix soit préservée", a-t-il insisté, indiquant qu’il allait remettre un rapport à l’UA. Il a quitté le pays en fin de journée.

La tension restait forte dans le pays: des jeunes pro-Ouattara sont de nouveau descendus dans les rues de la capitale économique, et le couvre-feu nocturne qui devait s’achever ce lundi, tout en étant allégé de quelques heures, a été prolongé d’une semaine par Laurent Gbagbo.

Les Nations unies ont décidé de retirer leur personnel non essentiel de Côte d’Ivoire, soit 460 personnes, en raison de cette tension, a indiqué lundi un porte-parole.

Interrogé par la radio française Europe 1 sur le fait de savoir s’il était prêt à "déloger" ce dernier, le Premier ministre d’Alassane Ouattara, Guillaume Soro, n’a pas exclu une confrontation. "S’il nous oblige, on n’aura pas d’autre choix", a-t-il averti, tout en plaidant pour une issue pacifique.

Le Premier ministre Guillaume Soro a réuni son gouvernement dans l’après-midi, dans le grand hôtel où le camp Ouattara a établi ses quartiers, sous la protection de la mission onusienne Onuci et d’éléments de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) dirigée par M. Soro, et en l’absence d’Alassane Ouattara, a constaté une journaliste de l’AFP.

Alors que l’Union européenne faisait planer la menace de sanctions, la France a appelé à une transition "digne" du pouvoir.

La chef de la diplomatie de l’UE Catherine Ashton "est prête à suivre les procédures qui prévoient des sanctions s’il n’y a pas une résolution rapide à cette situation de crise" née du second tour de la présidentielle le 28 novembre, a indiqué lundi une porte-parole.

Le président français Nicolas Sarkozy a réaffirmé depuis l’Inde que "le président élu (était) Alassane Outtara", et le Quai d’Orsay a estimé que l’heure était "à la recherche d’une transition ordonnée, sereine et digne".

Sur place, l’ex-chef d’Etat sud-africain , dépêché dimanche par l’Union africaine pour tenter une médiation quasi-impossible dans ce contexte, a eu dans la matinée une série de rendez-vous avec des acteurs de la crise et devait s’entretenir à nouveau avec le président sortant Laurent Gbagbo avant de quitter le pays.

La déchirure s’aggrave en Côte d’Ivoire entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, qui se déclarent tous deux présidents et ont chacun nommé un Premier ministre.

Guillaume Soro, leader de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le nord depuis le coup d’Etat manqué de 2002, a été reconduit par M. Ouattara au poste de Premier ministre qu’il occupe depuis 2007. Il détient le stratégique ministère de la Défense dans son gouvernement formé dimanche.

Fort du soutien de la communauté internationale, ONU en tête, l’ex-Premier ministre Ouattara n’entend pas renoncer à la victoire qui lui était promise par les résultats de la Commission électorale indépendante (CEI), le donnant en tête avec 54,1% des suffrages.

Mais M. Gbagbo, au pouvoir depuis dix ans, a ensuite été proclamé vainqueur par un Conseil constitutionnel acquis à sa cause, avec 51,45% des suffrages, moyennant l’invalidation de votes dans le nord FN.

Le président sortant a à son tour nommé dimanche soir son Premier ministre, l’universitaire et économiste Gilbert Marie N’gbo Aké.

Le monde entier redoute un nouveau cycle de violences après des incidents meurtriers ces derniers jours.

Lundi matin, des jeunes pro-Ouattara ont manifesté dans les rues des quartiers d’Adjamé, Abobo (nord), Treichville et Koumassi (sud), mettant le feu à des pneus et érigeant des barricades avant que la police ne les disperse à l’aide de gaz lacrymogènes.

A Treichville, plusieurs personnes ont été interpellées par la police et le calme était finalement revenu en fin de matinée, a rapporté une habitante. Près du grand marché du quartier très commerçant d’Adjamé, un gros nuage de fumée s’était formé à cause des pneus brûlés.

Seule bonne nouvelle pour les Ivoiriens: les frontières, notamment aériennes, fermées depuis jeudi par l’armée régulière dans la zone sud qu’elle contrôle, ont été rouvertes lundi.

A l’étranger, la crise actuelle inspire toujours une "grande inquiétude", selon l’expression employée par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Les deux institutions s’interrogeaient sur l’opportunité de continuer à aider le pays "dans un contexte d’incertitude et de tension qui se prolongent".

AFP

 

Commentaires via Facebook :