Côte d'Ivoire: la tension monte dans l'attente des résultats de l'élection

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 ABIDJAN (AFP) – mardi 02 novembre 2010 – 21h04 – La tension est montée mardi en Côte d’Ivoire deux jours après le premier tour d’une présidentielle cruciale, la quasi-absence de résultats laissant le champ libre aux rumeurs sur l’issue du vote.

Après l’ONU, l’Union européenne et de nouveau la France ont mis la pression sur les responsables ivoiriens.

Le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé les candidats à "respecter la volonté exprimée par les électeurs ivoiriens", en espérant une proclamation des résultats "dans les meilleurs délais".

"La volonté populaire doit être respectée", a insisté le ministère français des Affaires étrangères, exhortant à respecter les résultats "quels qu’ils soient".

Depuis la clôture dimanche soir de ce scrutin historique censé effacer une décennie de crise politico-militaire et la partition du pays inaugurée par le putsch manqué de 2002, la Commission électorale indépendante (CEI), chargée de proclamer les résultats d’ici mercredi, n’a communiqué qu’une poignée de données partielles.

Les rumeurs les plus diverses n’ont ainsi cessé d’enfler dans la classe politique mais aussi dans la rue, faisant monter la tension.

Chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui contrôle le nord depuis 2002, le Premier ministre Guillaume Soro a voulu stopper cet emballement, souhaitant que les candidats appellent leurs électeurs à rester "tranquilles et sereins". Il faut selon lui "mettre de côté toutes ces rumeurs".

L’armée loyaliste a exhorté "au calme et à la sérénité", alors que certaines rumeurs évoquaient de prétendues opérations militaires.

Des responsables religieux ont mis en garde contre "dérapages" et "violence" et appelé les Ivoiriens à la patience.

Abidjan, où la crainte de troubles liés aux résultats est largement répandue depuis des jours, a tourné mardi au ralenti: circulation réduite et nombreux commerces fermés.

Aucun des trois ténors (sur 14 candidats) – le président sortant Laurent Gbagbo, l’ex-chef d’Etat Henri Konan Bédié et l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara – ne s’est publiquement exprimé depuis dimanche.

Mais, malgré l’appel lancé lundi soir par le patron de la CEI Youssouf Bakayoko à ne pas croire aux chiffres sortis par des "officines", chaque camp a laissé filtrer ses propres comptages.

Si dans les premières heures après le vote l’hypothèse d’un duel Gbagbo/Ouattara au second tour semblait s’imposer dans les milieux politiques et diplomatiques, le tableau s’est depuis lors brouillé.

"Tous les pronostics circulent: chaque parti voit son homme gagner dès le premier tour, ou au moins être en tête. Il faut que la CEI se décide, ça devient la folie", lâche un diplomate en poste à Abidjan.

M. Soro a invité la CEI à annoncer des résultats partiels "le plus rapidement possible" alors qu’elle n’a encore fourni des données que pour la diaspora. Soit une infime partie du corps électoral de 5,7 millions d’inscrits, qui s’est mobilisé d’une manière exceptionnelle (environ 80% de participation, selon la commission).

Pour le pays et Abidjan, métropole d’un poids décisif (un tiers de l’électorat), les Ivoiriens restaient mardi soir sans information.

Youssouf Bakayoko a tenu à rappeler que la loi donnait jusqu’à mercredi à sa structure pour proclamer les résultats provisoires. Il a notamment expliqué les lenteurs par des difficultés d’acheminement des procès-verbaux locaux nécessaires pour établir les résultats globaux.

Des agents électoraux ont enfin bloqué la transmission des PV pour réclamer le paiement de leur indemnité. Selon sa représentation à Abidjan, l’Union européenne a mobilisé en urgence "environ 800 millions de francs CFA (1,22 million EUR)" pour payer ces 60.000 personnels.

AFP

 

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