Côte d’Ivoire: la défense relativise le rôle de Blé Goudé dans les violences

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Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo, en octobre 2010 pendant la campagne présidentielle, avant la crise post-électorale. © AFP PHOTO/ SIA KAMBOU

Le procès de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et de son co-accusé Charles Blé Goudé s’est poursuivi, ce lundi 19 novembre, à La Haye. Ces deux responsables sont poursuivis pour crimes contre l’humanité pour leur rôle présumé dans les violences post-électorales de 2010-2011. Les avocats de Charles Blé Goudé, ancien leader du Congrès des jeunes patriotes (Cojep), ont pris la parole pour démontrer que leur client n’était pas responsable des violences de 2010-2011. Le procureur l’accuse notamment d’avoir appelé à des actes de violences contre les militants d’Alassane Ouattara durant la crise post-électorale.

Il est 9h30. Les juges entrent dans la salle d’audience. La défense veut démontrer que son client est tout sauf un « milicien », comme le décrit le procureur. Elle soutient que Charles Blé Goudé ne collaborait pas avec les mouvements armés, tel. que le Groupement des patriotes pour la paix (GPP). Pour la défense, le procureur a mal interprété les discours de son client et donne comme exemple cette allocution prononcée le 14 décembre 2010, comme le rapporte Me Jean Serge Gbougnon.

« L’accusation occulte la partie la plus importante du discours de Mr. Charles Blé Goudé. En effet, celui-ci dit : “Vous m’avez porté un message. Je l’ai compris mais, je le répète, je ne veux pas de guerre dans mon pays. Je pense qu’on peut écouter cette situation. J’ai été nommé ministre de l’Emploi et de la Jeunesse. Ce n’est pas pour vous amener à faire la guerre ; c’est pour vous trouver du travail” », a tenu à souligner Me Jean Serge Gbougnon.

Vêtu d’une tenue traditionnelle blanche, un pagne bleu ciel en bandoulière, Charles Blé Goudé prend un air serein lorsque ses avocats expliquent qu’il n’y a pas suffisamment de preuves pour attester qu’il était à l’origine du recrutement de jeunes au sein de l’armée.

Le registre de la présidence

Le procureur s’appuie sur le registre de la présidence pour prouver la tenue d’au moins six réunions entre Laurent Gbagbo et des hauts responsables militaires, entre décembre 2010 et avril 2011. Selon l’accusation, c’est au cours de ces réunions « stratégiques » que Laurent Gbagbo et son entourage auraient discuté, affiné et mis en œuvre un « plan commun » pour s’en prendre aux sympathisants d’Alassane Ouattara, afin de se maintenir au pouvoir.

La défense est néanmoins catégorique en affirmant que Charles Blé Goudé n’a participé à aucune de ces réunions, comme l’atteste ce registre qui consigne les allées et venues au palais présidentiel. D’après ce document, le 16 décembre, jour d’accrochages entre militants pro-Ouattara et forces de sécurité près de la RTI, Charles Blé Goudé est resté 18 minutes à la présidence. L’ancien leader des Jeunes patriotes a quitté les lieux au moment où le ministre de la Défense arrive sur place.

« Comment Charles Blé Goudé a-t-il donc pu participer à cette rencontre ? », se demande Me Alexander Knoops.

La défense joue sur les « vides » pour multiplier les interrogations. Le registre ne précise pas si Blé Goudé a pu effectivement voir Laurent Gbagbo. Ce document ne donne pas non plus le contenu des réunions.

Par RFI Publié le 20-11-2018

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