Côte d’Ivoire: Gbagbo et Ouattara sur la voie de la confrontation

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 ABIDJAN (AFP) – 17:48 – 11/03/11 – Après l’échec de la diplomatie à résoudre la crise post-électorale, la Côte d’Ivoire apparaît plus que jamais sur la voie d’une confrontation entre les camps du chef d’Etat sortant Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale.

Si M. Ouattara enregistre une éclatante victoire diplomatique, à l’intérieur la situation reste la même: installé au palais présidentiel, M. Gbagbo garde le contrôle de l’appareil d’Etat et de l’armée.

Car l’UA ne dit aucunement par quel moyen elle compte faire respecter des décisions pourtant censées être "contraignantes".

"La grande question, c’est le +comment+", souligne un conseiller de M. Ouattara, interrogé vendredi par l’AFP.

"L’UA est en train de laisser les Ivoiriens régler ça entre eux", tranche une source diplomatique africaine à Abidjan.

"Elle donne le feu vert à Ouattara et (à son Premier ministre, le chef de l’ex-rébellion) Guillaume Soro pour mettre en oeuvre sa décision par les moyens militaires", assure-t-elle, ajoutant: "ils n’ont d’ailleurs pas attendu l’UA".

Depuis mi-février, la crise post-électorale – qui a déjà fait près de 400 morts, selon l’ONU – a en effet changé de nature, virant à la guérilla, voire à la guerre ouverte.

A Abidjan d’abord: dans le quartier d’Abobo (nord), fief de M. Ouattara, des insurgés – baptisés "commando invisible" – ont désormais le contrôle de certaines zones, hérissées de barrages tenus par des hommes en armes.

Ils défient les Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à M. Gbagbo, à qui ils infligent pertes en hommes et en matériel lors de combats à l’arme lourde.

Selon des sources concordantes, il s’agit surtout d’éléments de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), qui tient le nord du pays depuis 2002, et qui a porté le fer au coeur même de la ville du pouvoir.

Dans l’ouest du pays, au sud de l’ex-ligne de front de 2002-2003, les hostilités ont en outre recommencé entre FDS et FN, qui ont réussi à reprendre deux localités et une ville, près du Liberia.

Autant de revers pour le camp Gbagbo, sans permettre toutefois pour l’heure de dire qui aura l’avantage.

Mais "le pire est certain", souligne un expert qui relevait, au soir même du sommet de l’UA, la multiplication des incidents dans la capitale économique mais aussi à Tiébissou, à la frontière des zones sud et nord. "Toutes les mèches sont allumées pour un embrasement", assure-t-il.

Si Alassane Ouattara s’est montré confiant à Addis Abeba, voulant croire que son rival devra "très rapidement" quitter ses "fonctions usurpées", Laurent Gbagbo, absent de la réunion de jeudi, n’a pas encore réagi en personne. Mais, selon des proches, il pourrait prendre la parole rapidement.

"Seul contre tous" au plan international, "il doit parler pour encourager ses troupes et donner un cap", avance l’expert.

Dans son camp aussi, on se dit prêt à en découdre, au nom du respect de "la souveraineté" et de la Constitution. Et, même ébranlées par la crise et leurs récents revers, les FDS restent un atout majeur, renforcé par les milliers de "jeunes patriotes".

La guerre civile pourra-t-elle être évitée? Peut-être, avance une source militaire occidentale, imaginant un conflit limité dans le temps et l’espace.

"Pour l’instant, aucun des deux camps ne bénéficie d’une mobilisation populaire, note-t-il. Le peuple, qui trinque à fond à cause de la dégradation de la situation économique, penchera vers le plus fort".

AFP

 

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