En effet, l’analyse des différents discours politiques sur l’identité nationale depuis septembre 2002 a permis d’identifier deux groupes d’acteurs opposés. Le régime au pouvoir et ses partisans, et l’opposition. Alors que pour l’opposition, la définition de l’identité nationale doit s’en tenir au lien du sang, pour le camp présidentiel, celle-ci doit assimiler droit du sang et droit du sol. Ces conceptions, loin d’être circonstancielles, relèvent de constructions idéologiques. Celles-ci se caractérisent d’une part, par une diabolisation constante de l’adversaire et par une auto-justification fondée sur une stratégie victimaire et d’autre part par leur appartenance à des cadres de pensée. Il y a la tendance nationaliste pour le camp présidentiel et la tendance libérale pour l’opposition. Cette vision nationaliste de l’identité nationale se traduit pour le camp présidentiel à travers trois référents. D’abord la manifestation d’un sentiment de peur lié à une invasion des étrangers. Ensuite un patriotisme nourri d’une volonté de protection et de défense de l’identité nationale et, partant, du territoire national d’une acculturation. Enfin, le critère d’appartenance à une nation, exprimé à travers la définition de l’identité nationale à partir du droit du sang, a mis en évidence un sentiment d’autochtonie défendu par le camp présidentiel. Quant à l’opposition, notons que cette tendance libérale défendue par elle a pu être observée à travers deux invariants. Premièrement à travers l’attachement de l’opposition au respect des droits fondamentaux. Ceux-ci se sont résumés au droit à l’égalité des peuples, et au droit à la citoyenneté ; et deuxièmement la revendication pour la nation ivoirienne d’une population hétérogène. Toutefois, ces différentes idéologies politiques sur l’identité nationale mettent à nu des enjeux politiques et économiques soujascents justifiant leur rapport avec le conflit en Côte d’Ivoire. Ainsi, cette étude nous a permis de confirmer nos hypothèses d’une part, et d’autre part, de montrer la place des discours idéologiques dans la crise ivoirienne, mais surtout le rôle que pourrait jouer le phénomène de l’idéologisation dans la dynamique conflictuelle. « Les idéologies occupent, qu’on s’en réjouisse ou non, une place de choix dans la vie sociale et dans l’histoire des sociétés et de la société internationale. Leur ambition, légitime est de parvenir au pouvoir et d’orienter en conséquence le gouvernement de la société ». Rivales, les idéologies proposant chacune sa conception du bien commun, s’engagent dans une guerre interminable. Ces idéologies, singulièrement les discours idéologiques sur l’identité nationale, ont joué un grand rôle dans le conflit en Côte d’Ivoire. Pourquoi ces idéologies entrent-elles en conflit ? Pourquoi les individus adhèrent-ils à ces idéologies ? Quels avantages et intérêts particuliers sont liés à ces idéologies ? Montrer le caractère « confligène » de ces idéologies nous emmène à identifier les différents discours sur les ressources économiques, sur l’accès et la conservation du pouvoir. Ainsi, au-delà de la conquête du pouvoir qui constitue un enjeu immédiat, l’un des enjeux politiques de ces discours idéologiques sur l’identité nationale est également l’imposition à long terme, d’une vision du monde au « sens gramscien ». Cette quête effrénée de domination constitue l’une des dynamiques du conflit ivoirien.
Abdoulaye A. Traoré
Doctorant en Sociologie
il me semble que le titre trahit un peu le contenu ;les grandes idéologies au sens politique ne sont pour rien dans la crise ivoirienne; d’ailleurs ces grandes idéologies politiques sont, matériellement, en train de disparaitre.vous pouvez parlez plutôt de zénophobie qui a mis la cote d’ivoire en retard . s’ils se mettent ensemble ;ils verront les résultats et pour le pays et pour les enfants , très promus au mieux ètre
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