Côte d'Ivoire: après les violences, les forces pro-Gbagbo quadrillent Abidjan

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 ABIDJAN (AFP) – vendredi 17 décembre 2010 – 12h54 – Les forces de l’ordre fidèles à Laurent , l’un des deux présidents proclamés de Côte d’Ivoire, quadrillaient vendredi Abidjan, où les partisans de son rival Alassane n’ont pas repris leur marche vers la télévision d’Etat, au lendemain de violences meutrières.

Alors que le monde redoute un embrasement dans le pays, le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, est arrivé vendredi dans la capitale économique pour tenter une nouvelle médiation.

En fin de matinée rien ne signalait encore une prochaine mobilisation des partisans d’Alassane Ouattara qui, fort d’un très large soutien international, revendique la présidence après le scrutin controversé du 28 novembre et exige le départ de Gbagbo.

Dans le quartier populaire et pro-Ouattara d’Abobo (nord), désert alors qu’il avait été le théâtre d’importantes manifestations jeudi, des habitants s’étaient attroupés autour des corps de deux jeunes hommes tués d’une balle dans la tête et étendus en travers de la route, a constaté un journaliste de l’AFP.

Il n’était pas possible dans l’immédiat de savoir dans quelles circonstances ils avaient été tués.

Le quartier d’Adjamé (nord) offrait le même spectacle que celui de Yopougon (sud, fief de Gbagbo): patrouilles des forces de l’ordre partout, activité très réduite.

Le Premier ministre de Ouattara, le chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) Guillaume Soro, a appelé la population à marcher de nouveau sur la radio-télévision RTI, symbole et atout majeur du camp Gbagbo, ainsi que sur le siège du gouvernement.

Mais les locaux de la RTI, dans le quartier chic de Cocody (nord), étaient cernés par un impressionnant déploiement d’au moins une centaine de gendarmes, militaires et policiers, avec un véhicule blindé garé devant l’entrée.

Les milliers de partisans de Ouattara descendus dans les rues jeudi n’avaient pas réussi à rejoindre la RTI, arrêtés par les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à Gbagbo, qui ont dans certains quartiers tiré sur la foule.

Durant la journée, de onze à une trentaine de personnes, selon les bilans, ont été tuées au total et au moins 80 blessées.

Mais pour parvenir à ses fins, le gouvernement Ouattara devra d’abord sortir du Golf hôtel où il est retranché sous la protection d’éléments FN et de 800 Casques bleus.

Or, vendredi matin, les FDS tenaient fermement le barrage installé sur un promontoire que les FN n’avaient pas réussi à lever jeudi, malgré de violents échanges de tirs.

Dans l’intérieur du pays la tension est également montée et une reprise du conflit menaçait entre FN et forces de Gbagbo. Les ex-rebelles venus du nord se sont affrontés aux FDS à Tiébissou (centre) en tentant, en vain, de descendre sur la capitale politique Yamoussoukro.

L’Union africaine tentait une nouvelle médiation pour que la Côte d’Ivoire, déchirée par une quasi-guerre civile en 2002-2003 et coupée en deux depuis lors, évite le pire.

Après un entretien avec le représentant de l’ONU dans le pays Choi Young-jin, Jean Ping devait rencontrer les deux rivaux qui ont entre leurs mains l’avenir d’un pays jadis îlot de prospérité et de stabilité.

Etats-Unis et Union européenne, qui comme la quasi-totalité de la communauté internationale reconnaissent Ouattara comme président, ont renforcé leur pression sur Gbagbo.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a pointé la "responsabilité" de ceux qui s’opposent à un transfert pacifique du pouvoir à Ouattara. L’UE se prépare à sanctionner 18 ou 19 personnes, essentiellement des proches du sortant, par un gel d’avoirs et des restrictions de visas.

Nicolas Sarkozy a pour sa part déclaré que Laurent Gbagbo devait partir "avant la fin de la semaine", sans quoi il figurera sur la liste des personnes visées par des sanctions de l’UE.

Pour Washington, Gbagbo dispose d’un "temps limité" pour céder le pouvoir.

Quant au Conseil de sécurité de l’ONU, il a mis en garde les auteurs d’attaques contre des civils, soulignant qu’ils seront tenus responsables de leurs actes et "traduits en justice".

AFP

 

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