Cote d’Ivoire : Alassane Ouattara sur les traces de ses prédécesseurs

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Après les Régimes de Henri Konan Bédié, du Général Robert Guéï et de Laurent Gbagbo, respectivement l’inventeur et les vulgarisateurs de la tristement célèbre politique d’‘‘Ivoirité’’, on s’était pris à espérer qu’avec un Alassane Dramane Ouattara alias ADO au pouvoir ce genre de concepts criminogène disparaitrait pour de bon du jargon politique ivoirien. Mais aussitôt arriver son tour de passer démocratiquement le flambeau à un nouveau successeur, c’est cet ADO qui inventera son concept à lui :  le ‘‘Houphouëtisme’’ qu’il compte utiliser jusqu’au bout pour confisquer les reines du pouvoir au profit des Nordistes, originaires de sa Région, majoritairement musulmane. Ce, il faut avouer les faits tels qu’ils se présentent, au détriment de leurs compatriotes sudistes chrétiens désignés péjorativement dans le lexical dioula ivoirien : « Boursuman ». Les risques et dangers que cette violation malicieuse de la Constitution ivoirienne pour conserver son fauteuil, sont connus de tous : des résultats d’élections contestables et susceptibles de replonger ce pays dans une atmosphère d’insurrection interethnique déstabilisatrice et meurtrière plus coûteuse que celle de 2010. C’est un risque d’une nouvelle guerre civile entre Sudistes et Nordistes avec de victimes, de trop de victimes et de de recul économique et démocratique au détriment du pays et de la Sous-région avant qu’ADO, comme ses trois prédécesseurs (Gbagbo, Général Guéï et Bédié), ne se sauve sans demander son reste. Une autre descente aux enfers en gestation dans la Sous-région !

Dans la perspective du scrutin présidentiel ivoirien prochain dont le premier tour est prévu pour le 31 octobre 2020, tous les ingrédients d’une nouvelle crise politique qui s’annonce percutante dans toute la Sous-région sont désormais réunis avec l’entêtement du Président sortant, Alassane Dramane Ouattara ADO, de contourner malicieusement la Constitution taillée sur mesure pour briguer un troisième mandat. C’est inoubliable, l’ancien Président de la Cour Constitutionnel de la Guinée voisine, feu M. Sylla, avait bel et bien prédit en 2010 sur les tentations et méfaits de ce virus de troisième mandat en propagation dans la Sous-région.

En effet, suite à la disparition tragique du Dauphin qu’il s’était choisi et imposé, Amadou Gon Coulibaly, le 8 juillet, le Président ADO a annoncé, le 7 août dernier, sa décision d’être le candidat du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), lors du scrutin présidentiel du 31 octobre de cette année.

« Je peux vous assurer que cette décision, mûrement réfléchie, est un devoir que j’accepte dans l’intérêt supérieur de la Nation ; afin de continuer de mettre, sans relâche, mon expérience au service de notre pays. Compte tenu de l’importance que j’accorde à mes engagements et à la parole donnée, cette décision représente un vrai sacrifice pour moi, que j’assume pleinement, par amour pour mon pays. Par cette décision, je veux aussi prendre le temps d’achever de préparer la relève », a-t-il argué à l’adresse de l’opinion nationale et internationale. Argument qui ne tient pas du tout ; car, les scènes de protestations contre toute idée de troisième mandat éclatent depuis cette annonce tant à Abidjan que dans les centres urbains de l’intérieur du pays. Ce qui n’est point surprenant, puisque déjà ADO a su instrumentalisé la Justice ivoirienne pour empêcher la participation des Guillaume Soro et Laurent Gbagbo aux compétitions électorales de cette année qui promettent inédites par rapport à celles de 2010 et 2015 à l’issue desquelles il a été élu et réélu démocratiquement.

Pour la petite histoire, rappelons qu’en 2010 Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir face à Laurent Gbagbo, l’opposant fabuleux du Vieux Félix Houphouët Boigny. Ce faut dans un contexte particulièrement sanglant. Et, avec lui, on s’était mis à espérer que désormais rien ne serait comme avant dans ce pays ; c’est-è-dire que la Côte-d’Ivoire sortira de l’ornière définitivement, qu’ADO prendrait des mesures démocratiques qui s’imposent pour réconcilier les Ivoiriens et reconstruire avec tous le pays.

Certes, il en a pris et est parvenu à des grandes réalisations dans les domaines des infrastructures, des finances, du commerce et des industries. Mais, en revanche, côté réconciliation nationale effective, Alassane Ouattara ne s’est pas incliné à la mémoire de toutes les victimes tombées sur le champ de la Démocratie et de l’Unité nationale. Malgré ses professions de foi et les appels des Droits de l’Homme, il n’a pas tenu promesse de s’investir personnellement dans les Régions réputées être le fief de ses Adversaires politiques pour apporter son de paix, de pardon et de réconciliation nationale à travers des actes concrets. Alors que de l’autre côté, dans le Nord du pays, loin de rompre avec les mesures prises contre lui et son ex-parti RDR, il instaure à son tour un système politique fondé sur le régionalisme et le népotisme privilégiant certaines communautés et ses propres partisans au détriment des autres Ivoiriens.

S’agissant des procédures judiciaires suites aux crimes de sang et économique commis de part et d’autre, lors de la guerre civile et de la crise de son accession au pouvoir, les poursuites engagées se sont limitées dans les rangs des seuls partisans de ses prédécesseurs. Et c’est ainsi que tous les candidats potentiels qui comptent aux yeux du Régime en place son sous le cou de la justice et leurs noms ont été injustement rayés de la liste électorale. Leur privant arbitrairement de leurs Droits civiques les plus sacrés comme ceux de vote et de disposition de passeport ivoirien. Même pour le cas de son feu dauphin Amadou Gon Coulibaly, des Adversaires politique ivoiriens d’ADO émettent des doutes sur la cause plausible de sa mort subite.

En tout état de cause, désormais c’est du berger à la bergère : si en 2010, ce fut le concept Ivoirité qui synonyme de « tous contre Ouattara » ou « tout sauf Ouattara » converti en « tout le pays contre le Nord » ; en 2020, c’est « Ouattara seul contre tous » ou aussi « après moi, le déluge » puisqu’au sein de tout son parti, Ouattara ne voit plus personne d’autre de confiance pour poursuivre sans relâche sa politique au service de son pays.

En somme, comme ce fut le cas avec ses prédécesseurs, tout semble désormais aller d’Alassane Ouattara lui-même : le régionalisme, l’exclusion et l’éradication des autres de la scène politique ivoirienne ou d’œuvrer, comme promis, à la préservation des acquis et à l’option pour la paix et le Développement durable dans un concept rassembleur contraire à celui d’Ivoirité.

Mais, pour l’instant, l’on est en droit de se demander si, dans les conditions actuelles, il va réussir son nouveau pari vu la déception que suscite cette affaire de troisième mandat tant à l’intérieur de son pays qu’auprès de la Communauté internationale ? Surtout quand on commence déjà à compter des morts. Seul l’avenir nous le dira !

Djankourou

 

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