La chienlit d’Abidjan… L’affaire de démolition du complexe hôtelier “Café de Rome” propriété de la société Resort Company Invest Abidjan (RCIA), situé au bord de la lagune Ebrié, entre Adjamé et le stade Félix Houphouët-Boigny au Plateau, continue de faire grand bruit. Bientôt cinq mois, depuis la démolition à l’hollywoodienne des terres sur lesquelles était érigé le complexe Café de Rome d’Abidjan, les ordonnateurs de ce désastre foncier à grande échelle, que sont les ministres Patrick Achi et Amadou Gon Coulibaly ne se font pas de souci. En agissant comme des hors la loi, défiant les dispositions juridiques de l’OHADA, et refusant toutes formes de négociations avec les propriétaires du Café de Rome afin de trouver une issue heureuse d’indemnisation, l’Etat ivoirien a failli à sa mission première de protéger les investissements privés d’un groupe dont l’objectif est de concourir au développement national. Selon des informations parvenues aux Afriques, le rapport technique final d’expertise de la BNEDT, devant évaluer les barèmes d’indemnisations, n’a toujours pas été communiqué aux actionnaires du Café de Rome. Estimés à quelque 23 milliards de f CFA, comme nous lavions annoncé dans une édition précédente, l’Etat n’a jusque-là pris aucun engagement pour ouvrir les négociations et se mettre à table avec la société RCIA. Même un haut dignitaire de la république, dont nous préférons taire le nom, commis pour entamer les bons offices pour dépolluer le dossier aux relents sulfureux politico-financiers gigantesques. Début juillet 2015, des sources officielles ivoiriennes avaient confié aux Afriques que la société RCIA avait reçu en partie un bol d’air financier. Interrogés par Les Afriques, les actionnaires soutiennent mordicus n’avoir ni des contacts avec l’Etat, ni perçu quoi que ça soit. En clair, du pétard mouillé sur la Lagune d’Ebrié.
<< Le gouvernement adore le dilatoire et un grand spécialiste de la rumeur >> commente une source proche du dossier. Sans queue, ni tête, la fuite en avant depuis le déclenchement de l’affaire Café de Rome s’apparente à un mépris de l’Etat qui ne veut au finish rien faire pour arranger les choses. L’avocat Alain Feneon basé à Paris (France), est au front de la médiation internationale sur demande des actionnaires de RCIA. Selon des informations concordantes, si la médiation avec le puissant et intouchable ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly n’aboutissait pas, les formalités de saisine du CIRDI devront être bouclées au plus tard le 15 août 2015. Une mauvaise publicité et patate chaude dans les bras du président Ouattara, lequel battra campagne présidentielle mi octobre prochain pour sa réélection. La défense, elle se blinde avec l’entrée en jeu de Me Pallazeau Danielle, ancienne avocate du président Omar Bongo. Alors que l’Etat s’emmure dans un silence opaque, la société Café de Rome d’Abidjan s’englue. Ses dettes s’accumulent et pèsent depuis le passage des bulldozers sur le site lagunaire la bagatelle de 3 milliards de f CFA dont plus de 1, 5 milliard de f CFA contractées auprès de fournisseurs italiens et d’autre part 1,200 milliard f CFA auprès des banques Attijari- CBAO, la SIB et la major française Société générale. Que fait entre temps le président Ouattara Alassane ?
PAR ISMAEL AIDARA, RÉDACTEUR EN CHEF
Les Afriques