Que pensera Houphouët Boigny, s’il se réveillait pour constater, de visu, que son pays, celui –là même pour lequel il a consacré sa vie, est au bord de l’implosion. Il préfèrerait, retourner dans sa tombe. Dormir, tranquillement,
La Côte-d’Ivoire, ce géant de l’Afrique Occidentale, autrefois terre bénie, est en guerre. En guerre contre elle-même. La présidentielle du 28 novembre dernier, a divisé les Ivoiriens. Le reste du monde, aussi.
Pros- Gbagbo (le président sortant) et pros- Ouattara (son challenger déclaré vainqueur par la communauté internationale) se disputent la légitimité du pouvoir. Le premier a été déclaré vainqueur par le Conseil Constitutionnel. Le second, par la Commission Electorale Indépendante (CEI) et l’ONU.
La France, demande à Laurent Gbagbo de céder le pouvoir au président « légitimement » élu, en la personne d’Alassane Dramane Ouattara. Faute de quoi, il sera délogé par la force. Comprenez par des moyens militaires africains. Des Africains pour tuer des Africains : voilà le scénario que prépare la France, qui s’en lave les mains, tout en évoquant, curieusement, la non-ingérence dans les affaires africaines. Le bras armé de la France dans cette crise « y- voit- rienne », est la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La France voudrait que cette organisation sous-régionale y déploie son armée, l’ECOMOG, pour déloger Laurent Gbagbo du pouvoir. Et y installer Alassane Dramane Ouattara.
Malaise gaulois
Si la position de la France, qui a réussi à embarquer avec elle, la CEDEAO, l’Union Africaine et l’Union Economique et Monétaire Ouest -Africaine (UEMOA), est d’user de tous les moyens pour faire partir Laurent Gbagbo, les pays africains anglophones, eux, s’interrogent sur le pourquoi de l’intransigeance française en Côte – d’Ivoire. « La crise actuelle ne vient pas d’un conflit entre des anges et des démons », prévenait l’ex-président sud-africain, Thabo Mbeki, médiateur dans la crise ivoirienne. « Nous devons faire quelque chose d’autre que de demander à l’un des deux chefs de partir », renchérit l’actuel président, Jacob Zuma. « Il faut enquêter et ne pas se contenter de dire « untel a gagné ». Non, non et non », s’élève, de son côté, le président Ougadais Yoweri Museveni pour qui « chaque pays dispose d’une Constitution et d’un cadre permettant de régler les problèmes internes. Il n’appartient donc pas à l’Onu, ni à la communauté internationale de reconnaître untel ou untel vainqueur. Il faut une enquête pour résoudre la question. »
Comme on peut le constater, Laurent Gbagbo compte plus de soutiens dans les pays anglophones que francophones. L’Afrique du Sud, le Ghana, l’Ouganda, le Malawi, la Gambie… préconisent la mise en place d’une structure devant trouver une solution pacifique à la crise ivoiro –ivoirienne.
Plus facile de faire la guerre, que la paix
La France demande aux Etats africains d’aller faire la guerre en Côte-d’Ivoire, alors que les populations de ces Etats, ne mangent pas à leur faim. Et croupissent sous le poids de la misère. L’utilisation de la force –armée, en Côte-d’Ivoire, risque de plonger la sous- région dans l’impasse. Les efforts de développement seront anéantis. Ce qui rendra encore plus dépendante la sous- région des institutions financières internationales. Qu’on ne s’y trompe pas : « Quand la Côte –d’Ivoire s’enrhume, c’est toute l’UEMOA qui tousse », parole du président malien Amadou Toumani Touré.
Les Etats africains ouest- africains ont mieux à faire que d’aller prendre le pouvoir par la force en Côte-d’Ivoire : « J’ai tellement de problèmes en Guinée que je n’ai pas le temps de penser à autre chose. Pour le moment, laissez-moi m’occuper de mes affaires », a indiqué Pr Alpha Condé, nouveau président de la Guinée Conakry.
Aimé
la France, à rude épreuve
Si la France veut la démocratie, en Afrique, eh bien, elle va être servie. Car chaque fois que les pays africains, du moins francophones, proposent (leurs dirigeants), c’est la France qui dispose. Comme d’habitude.
La situation, en Côte-d’Ivoire, va inspirer d’autres pays d’Afrique francophone. En fait, que vaut, désormais la décision d’un Conseil Constitutionnel, dans un contentieux électoral en Afrique ? Pas grand- chose. Au regard de ce qui se passe en Côte-d’Ivoire.
Au Gabon, un des candidats de l’élection présidentielle du 30 Août 2009, André Mba Obame a décidé, la semaine dernière, de prêter serment… en tant que président de la République du Gabon. Il a déjà nommé un Premier ministre qui, à son tour, a constitué un gouvernement. Selon André Mba Obame, « l’heure a sonné de rétablir la vérité ». Et la vérité, selon ce député de Medouneu (nord du pays), est que c’est lui qui a gagné la présidentielle d’Août dernier.
Il aurait, non seulement, pris l’engagement, devant la communauté nationale et internationale, d’assumer son acte jusqu’au bout ; mais aussi, de se rendre à la représentation de l’ONU, à Libreville, pour présenter « son gouvernement à la communauté internationale ».
La France dans une position inconfortable
Nombre de médias internationaux estiment que la présidentielle au Gabon a été truquée au profit d’Ali Bongo, le fils de son père. La France, réputée pour son hypocrisie, demande à ce qu’on laisse les peuples s’exprimer. Seulement, c’est la France qui a, toujours, le dernier mot, en installant à la tête de nos pays, des dictateurs, doublés de monarchies.
Si, en Côte-d’Ivoire, la France prétend que le choix du peuple, c’est Alassane Dramane Ouattara, que dira t -elle, en ce qui concerne la nouvelle donne au Gabon ? La situation, en Côte-d’Ivoire, est un précédent fâcheux dans la mesure où, les décisions des institutions nationales sont reléguées au second plan, face à celles prises par la communauté dite internationale. André Mba Obame a toutes les raisons de revendiquer sa victoire dès lors qu’on estime, que les décisions des institutions nationales dans un contentieux électoral, peuvent être complaisantes. Comme dans le cas Laurent Gbagbo.
Aimé
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La politique africaine de
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