Côte d’Ivoire : L’armée ivoirienne est-elle réellement ivoirienne ?

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La question mérite d’être posée. En tout cas, si l’on se réfère à la déclaration du Général de corps d’armées, Philippe Mangouh, avant les deux tours des présidentielles, on pourrait tout imaginer sauf que cette armée ivoirienne allait faire allégeance à un putschiste comme Laurent Koudou Guiawily Gbagbo. Pourtant, c’est ce à quoi nous assistons en ce moment. Contrairement aux propos qu’il avait tenus avant ces deux tours de scrutin, le Général Philippe Mangouh vient de démontrer, au peuple ivoirien et au monde entier, qu’il a tout hérité de Laurent Gbagbo, même les mensonges qu’utilise ce dernier en longueur de journée, et cela, sans se gêner. En fait, mentir est devenu comme un « cure-dent » pour Laurent Gbagbo et tous ceux qui le soutiennent dans sa sale besogne.

 

A ce jour, tout laisse à croire que l’homme de main de Laurent Gbagbo, le Général Philippe Mangouh, est décidé à maintenir son patron au pouvoir, n’en déplaise au détriment du souhait émis par les Ivoiriens lors des présidentielles. Récemment, l’homme de l’armée de Laurent Gbagbo vient d’effectuer une tournée dans les différentes casernes de la capitale économique ivoirienne, où il a demandé, à la France et aux forces dites « impartiales » de l’ONU, de rester en dehors de la crise ivoirienne. Est-ce à dire donc que Laurent Gbagbo ignore que la République de la Côte d’Ivoire ne se limite pas à la partie sud du pays ?

 

Avec la tournure actuelle des évènements, certains individus, notamment Laurent Gbagbo, le Général Philippe Mangouh et des xénophobes tels que Pascal Affi N’Guessan, Appiah Kabran, Paul Bohoun Bouabré, Paul Yao N’Dre, Alcide Djédjé, Tagro (l’œil et l’oreille de Gbagbo) et Charles Blé Goudé  (ex-ministre de la rue devenu ministre de la Jeunesse, de la formation et de l’emploi de Laurent Gbagbo) sont décidés à aller jusqu’au bout de leur sale logique. C’est-à-dire, empêcher le Président démocratiquement élu, Alassane Dramane Ouattara, de prendre place dans le Palais présidentiel (situé au bord de la lagune Ebrié), dans la capitale économique du pays.

 

Laurent Gbagbo et ses complices, inflexibles et sourds  aux appels internationaux

En dépit des suspensions proclamées à son encontre, Laurent Gbagbo et ses complices demeurent inflexibles et sourds aux appels lancés par les Nations Unies, l’Union Africaine, l’Union Européenne, la CEDEAO, les Etats-Unis, la France, l’Afrique du Sud et bien d’autres puissances internationales. En plus du Chef d’Etat major des Armées, le Chef d’Etat major de la Garde républicaine, sous la conduite du Général Dogo (qui n’est autre que le cousin de Laurent Gbagbo) vient de mobiliser certains de ses éléments qui lui sont encore restés fidèles pour leur interdire de  céder face à la pression étrangère et leur enjoindre de soutenir à tout prix son grand frère (Gbagbo).

 

Au  vue de tout se qui déroule sur place à Abidjan, particulièrement dans le camp de Laurent Gbagbo, on tend vers une nouvelle guerre en Côte d’Ivoire. Si elle venait à être inévitable, cette nouvelle guerre rendrait sans aucun doute comptables toutes les institutions africaines et internationales. Pourquoi ? Parce qu’elles ont trop laissé faire Laurent Gbagbo. Parce qu’un seul individu, ou du moins, quelques individus ne peuvent et ne doivent en aucun cas s’imposer contre la volonté de tout un peuple et du monde entier.

 

Parce que si jamais Laurent Gbagbo parvenait à réussir son pari, c’est-à-dire, conserver le pouvoir à tout prix, la démocratie en Afrique et dans le monde n’aura plus son sens ; et l’on pourrait s’attendre à la reproduction du même scénario dans d’autres pays.

 

En définitive, l’on pourrait, sans le vouloir et sans s’y attendre, retourner au monopartisme et surtout, à une nouvelle flambée de coups d’Etat civil ou militaire. Dans cette situation, les militaires pourraient bénéficier d’une  belle part, puisqu’ils ont les armes à leur disposition.

 

La semaine dernière, dans la foulée,  le Premier ministre reconnu de la Côte d’Ivoire, Guillaume Kigbafori Soro, a annoncé que dans les tout prochains jours, il réoccupera les locaux de son bureau sis au quartier populaire du Plateau. Quant au maire de la commune de Dabakala et non moins président de la Chambre de commerce et d’industrie, Jean Louis Billon, il a demandé, aux opérateurs économiques, aux entrepreneurs et autres acteurs du secteur économique, à faire de la rétention sur le paiement des taxes et droits, en attendant que les choses rentrent dans l’ordre constitutionnel.

Dans cette situation actuelle de deux Présidents, deux Premiers ministres et deux gouvernements, les choses semblent plus compliquées pour les Ivoiriens. Et les observateurs avertis pensent qu’au vu l’entêtement de Laurent Gbagbo et de son clan, qui ne veulent rien entendre ni rien comprendre, il paraît difficile que l’ordre constitutionnel soit rétabli, surtout que le peuple ivoirien ne peut plus compter sur son armée qui est devenue une propriété privée de Laurent Gbagbo et de son camp.

 

Cette armée a-t-elle mûrement réfléchi avant de faire allégeance à un putschiste comme Laurent Gbagbo ? Certainement  non, car si elles venaient à se confirmer, les dissensions actuelles annoncées au sein de cette armée pourront s’avérer très déterminantes, dans la mesure où la confusion reste de mise dans ce pays pourtant si paisible au temps de défunt Félix Houphouët Boigny. (A suivre)

Par Zhao Ahmed A. Bamba

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