Selon le quotidien chinois, le 12 décembre dernier, l’ancien régent du régime nord-coréen ainsi que cinq de ses aides de camp auraient été déshabillés et jetés en pâture à 120 chiens, affamés depuis trois jours. Une centaine d’officiels auraient assisté à ce spectacle qui aurait duré près d’une heure.
Jusqu’ici, les journaux asiatiques indiquaient avec plus ou moins de certitude que l’oncle de Kim Jong-Un avait été abattu à la mitraillette, voire au canon de défense antiaérienne. Un expert cité par le journal britannique The Independant assure que “cela semble un peu extrême, même pour la Corée du Nord”.
Même incrédulité du côté du Washington Post que cette histoire n’est “probablement pas vraie”. La source d’origine leur paraît peu fiable, même pour un quotidien Hong-kongais dont la réputation de tabloid n’est plus à faire. En outre, l’information n’a pas été reprise par le reste des médias chinois.
Si toutefois elle était confirmée, cette mise à mort atroce serait une première dans cette dictature, entrée dans une nouvelle ère de terrorisme d’Etat.
Les silences de la Corée du Nord
Mais si la Corée du Nord s’est bien gardée d’infirmer le contenu de ce rapport, les silences du régime, l’un des plus secrets du monde, demeurent difficiles à interpréter, tant ses méthodes propagandistes contribuent à brouiller les lignes entre le réel et l’imagination.
Un journal de Singapour, The Strait Times, interprète la publication du rapport chinois comme la marque d’un divorce entre la Corée du Nord et la Chine.
Même les circonstances exactes de l’élimination physique de Jang Song Thaek relèvent encore de l’interprétation. Peu après l’annonce de cette exécution, bouleversement politique le plus important en Corée du Nord depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un fin 2011, des analystes avaient supputé que l’oncle avait perdu une lutte d’influence face aux généraux de l’armée.
Mais Nam Jae-Joon, chef des services secrets sud-coréens, a attribué la chute de Jang à ses tentatives de mettre la main sur les exportations de charbon. “Jang intervenait trop dans les activités (…) liées au charbon, ce qui suscitait de plus en plus de plaintes de la part d’autres entités étatiques”, a déclaré le député Jung Chung-Rae, rapportant les paroles du chef des renseignements devant un comité parlementaire.
Purge générale à Pyongyang
Le même mystère avait entouré l’élimination présumée de l’ancienne petite amie de Kim Jong-Un, accusée d’avoir enregistré des clips pornographiques. Une information jamais confirmée au Nord mais diffusée par un quotidien sud-coréen violemment opposé au régime de Pyongyang.
Depuis, les rumeurs de purge ne cessent d’agiter la péninsule sur fond de menaces de “désastre nucléaire”. “Notre parti a pris l’an dernier des mesures décisives pour éliminer des éléments pourris en son sein”, a justifié Kim lors du passage à la nouvelle année en fustigeant des actes “antiparti, antirévolutionnaires”. Cette “purge a grandement contribué à consolider l’unité du parti et de la révolution”, a-t-il encore vanté, menaçant au passage ses pays voisins d’une “guerre totale” au moindre accident militaire.
La Corée du Nord, qui pourrait être en état de construire plusieurs bombes nucléaires, a depuis rappelé plusieurs de ses ambassadeurs proches de Jang Song Thaek.
Par Geoffroy Clavel | Huffingtonpost.fr |