La santé du dirigeant coréen s’était rapidement dégradée après un accident cérébral en 2008.
Kim Jong-Il est décédé samedi à 08H30 locales (le 16 décembre à 23H30 GMT) d’une crise cardiaque dans son luxueux train blindé, au cours d’une tournée d’inspection en province, selon l’Agence centrale de presse coréenne (KCNA). Kim, dont la biographie officielle met en exergue le sacrifice de sa vie pour son pays, “a succombé à un grand épuisement mental et physique”, a-t-elle souligné. Kim Jong-Il, dont la santé s’était rapidement dégradée après un accident cérébral en 2008, était âgé de 69 ans, selon sa biographie officielle. Sa mort a été annoncée à la télévision par une présentatrice en pleurs, vêtue de noire, avec en arrière-plan un paysage de forêts et de montagnes blanches, décor de légendes millénaires en Corée. Des membres du Parti des travailleurs de Corée ont été montrés frappant du poing sur des tables, au désespoir, dans un comté de province. “Il a fait tellement de choses pour rendre nos vies meilleures et il est parti comme ça”, se lamentait l’un d’eux. La dépouille du “Cher leader” sera exposée au mausolée de Kumsusan jusqu’à ses funérailles officielles fixées au 28 décembre.
Les autorités ont décrété un deuil du 17 au 29 décembre. Le “Cher leader” ou “Grand leader” dirigeait d’une main de fer depuis la mort de son père, Kim Il-Sung, en 1994, la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Son plus jeune fils Kim Jong-Un, un homme de moins de 30 ans dont le monde entier ignorait jusqu’au visage il y a un an, a été désigné pour prendre sa succession, a annoncé KCNA. Un choix qui était attendu mais qui plonge la communauté internationale dans l’expectative. Les Etats-Unis, proche allié de la Corée du Sud où sont stationnés quelque 28.500 soldats américains, ont fait savoir qu’ils surveillaient la situation “de près”, en soulignant qu’ils souhaitaient la “stabilité” dans la péninsule. Le président américain Barack Obama, qui s’est entretenu par téléphone avec son homologue sud-coréen Lee Myung-Bak, “a réaffirmé la force de l’engagement des Etats-Unis pour assurer la stabilité de la péninsule coréenne et la sécurité de notre proche allié, la République coréenne”, selon la Maison Blanche.
La mort du dirigeant Kim Jong-Il “pourrait être un tournant pour la Corée du Nord”, a estimé de son côté le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague. Moscou et Pékin ont transmis hier leurs condoléances. En Corée du Sud, l’armée a été placée en état d’alerte et la surveillance de la frontière ultra-sécurisée avec le Nord, le long de laquelle est stationnée une grande partie des troupes nord-coréennes, a été renforcée. Les deux Corées restent techniquement en état de conflit armé depuis l’armistice précaire signé à l’issue de la guerre de Corée (1950-53). Le Japon, qui a occupé la péninsule coréenne dans la première moitié du 20e siècle et n’a jamais entretenu de relations diplomatiques avec Pyongyang, a présenté ses “condoléances”.
Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a dit lui espérer “qu’un jour le peuple de la Corée du Nord (pourrait) retrouver sa liberté”, reprenant des vœux similaires formulés par Berlin et d’autres capitales dans le monde. Promu ces dernières années à de hautes fonctions militaires et politiques, le futur leader nord-coréen, Kim Jong-Un, est une énigme. Soucieux d’éviter toute vacance du pouvoir, les médias officiels ont immédiatement appelé les Nord-Coréens à le reconnaître comme leur nouveau leader. “A l’avant-garde de la révolution coréenne se trouve à présent Kim Jong-Un”, a rapporté KCNA, en exhortant “tous les membres du Parti (des travailleurs, ndlr), les militaires et le peuple à suivre fidèlement l’autorité de Kim Jong-Un”.