Présent à Paris à l’occasion de la conférence internationale sur la Libye, le 1er septembre dernier, le président Amadou Toumani Touré a bien voulu répondre aux questions de notre consœur de RFI, Marie Pierre Olphand. En clair, il n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour aborder certains problèmes brulants de l’heure sur le continent et au Mali. Dans un franc-parler, ATT a été clair quand à la reconnaissance du Conseil National de Transition (CNT) en Libye. Pour le moment le Mali ne reconnait point les rebelles libyens jusqu’à la mise en place d’un gouvernement de transition inclusif.
Selon le président ATT sa présence à la conférence internationale n’est pas la reconnaissance du Conseil National de Transition libyen, mais plutôt répondre à l’invitation du président français Nicolas Sarkozy, compte tenu des relations et privilèges que le Mali a avec la France. Certes les liens de fraternités qui unissent le Mali à la Libye font qu’il est et demeure solidaire à ce peuple. L’attachement du Mali à la Libye a eu raison de son ambassadeur qui est resté en poste à Tripoli malgré la situation de crise.
En tant que membre chargé de la médiation au nom de l’Union Africaine (UA), ATT dit respecter la ligne dégagée par l’UA à savoir accélérée la mise en place d’un gouvernement de transition inclusif, à l’élaboration d’un cadre constitutionnel et législatif pour la transformation démocratique de la Libye sur la base d’élections justes, transparentes et crédibles. Etant donné que c’est le même son de cloche chez les autorités du CNT, alors le président ATT dit attendre l’évolution de la situation, car la reconnaissance ne saurait être qu’une question de temps. Concernant le projet de société des dirigeants du CNT, ATT dit ne point douter sur leur capacité car il a à plusieurs reprises vu, échanger et discuter avec des hommes de bonnes volontés en face de lui, surtout pendant les heures chaudes de la crise. Le président malien soutiendra qu’il n’y a pas de leadership au niveau de l’Union Africaine. Car pour lui, l’UA a été la première organisation à s’intéresser à la question libyenne en dégageant une feuille de route qui a été prise en compte. Donc il ne pense pas que l’union continentale soit en déphasage avec les autres. Amadou Toumani Touré soutiendra mordicus qu’il avait, déjà, échangé avec les responsables du CNT sur la question de la reconnaissance. Car selon lui, il ne faudra perdre le temps, il faudra avancer pour sortir la Libye de cette crise étant donné qu’au niveau de l’UA ce sont les textes qui doivent être privilégiés et non des sauts d’humeurs.
La situation des maliens en Libye
Abordant la question des Maliens en Libye, le président dira qu’il n’y a pas moins de 20 mille maliens qui sont rentrés au bercail. Mais dit être surpris quand on parle encore de plus de 20 mille maliens présents sur le territoire libyen. Il soutiendra pour dire que jusqu’à ’aujourd’hui, il n’a appris aucune exaction sur un malien resté en Libye. ATT soutiendra que l’ambassadeur resté sur place lui fait régulièrement le point de la situation. De même, il a profité de cette réunion pour rappeler un point très important au premier ministre du CNT, qui est la sécurité des étrangers, à qui le PM lui a dit prendre toutes les dispositions pour la sécurité de ces derniers, ce qui rassure du coup l’UA.
Quant aux maliens au pays, le président ATT dit comprendre leurs préoccupations. D’autant qu’il estime qu’il est dur que des personnes ayant passés plus de 25 ans à l’étranger retourne dans leur pays d’origine avec une couverture et leurs enfants. Alors que ceux-ci avait un flux financier extrêmement important dans un passé récent.
Pour cette raison, il dira qu’ils sont en discussion avec des partenaires techniques pour leur réinsertion afin de subvenir à leurs petits besoins.
Abordant la question sur la circulation des armes françaises au Mali, le locataire de Koulouba dira ne pas être au courant car en tant qu’officier, il dit n’avoir aucune connaissance sur cette information. Mais soutiendra qu’avec la crise actuelle, la Libye qui est une poudrière voire un magasin d’armes est sûre que des armes vont être déversées dans la zone sahélo-sahélienne et est en même temps convaincue que les mercenaires tant maliens que d’autres nationalités vont revenir avec des armes comme bagages. Il soutiendra que si les touaregs maliens comme libyens veulent revenir ou s’installer au Mali, avec la bonne volonté de faire l’élevage ou autres activités afin de s’intégrer dans la société, ne pose aucun problème. C’est le contraire qui lui sera sûrement fatale.
Concernant la vie politique nationale, le président de la république dira que jamais au Mali une loi (la reforme constitutionnelle) n’a réussie autant de votes positifs au sein de l’Assemblée nationale. Il soutiendra que certes d’autres personnes n’en veulent pas, ceux qu’il appelle la majorité silencieuse celle qui ne se prononce pas et qui est le gros du lot à convaincre pour les nouvelles reformes. Il soutiendra que le plus important est l’organisation du référendum pour convaincre cette majorité silencieuse et aboutir à la dite reforme. Mais surtout de faire en sorte que les dépenses du référendum soient maîtrisées en même temps que celles des élections.
Tout compte fait, en répondant aux questions de notre consœur de RFI, le président ATT tout en disant non aux rebelles libyens laissent quand même planer le doute dans la tête des maliens quant à l’organisation d’un référendum et surtout des dossiers qui meublent l’actualité politique du Mali, à savoir la mise sur pied de la CENI, le choix du fichier électoral… Toute chose qui présage un mauvais signe, car qui ne dit mot consent. En un mot le président ATT, veut peut-être jouer à la prolongation. Le temps nous édifiera !
Paul N’guessan