Congo : le général Jean-Marie Michel Mokoko mis aux arrêts

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Congo : le général Mokoko mis aux arrêts
Jean-Marie Michel Mokoko lors d'une interview dans sa résidence à Brazzaville, le 19 mars 2016. L'ex-candidat à la présidentielle a été placé sous mandat de dépôt, le 16 juin 2016 © AFP/Éduardo Soteras

Formellement inculpé, l’opposant congolais Jean-Marie Michel Mokoko, candidat malheureux à la présidentielle du 20 mars, est accusé d'”atteinte à la sûreté intérieure de l’État”.

C’est son avocat, Me Yvon Éric Ibouanga qui annonce son arrestation ce jeudi 16 juin 2016. “Le général Mokoko a été présenté au procureur de la République qui, suivant (le) réquisitoire introductif, a ouvert une information devant le cabinet du doyen des juges d’instruction pour deux chefs d’inculpation : atteinte à la sûreté intérieure de l’État et détention illégale d’armes et munitions de guerre”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Des chefs d’inculpation datant de 2007 à 2016

“Pour des raisons d’audition et d’enquête (…) il est en détention préventive à la maison d’arrêt de Brazzaville au moment où nous parlons”, a-t-il ajouté. Selon Me Ibouanga, le général Mokoko a réfuté en bloc les chefs d’inculpation retenus contre lui. Peu avant jeudi, le général Mokoko, qui était en garde à vue depuis mardi à la Direction générale de surveillance du territoire (DGST), était arrivé menotté au parquet de Brazzaville, selon plusieurs témoins. Le 9 juin, le ministre congolais de la Justice, Pierre Mabiala, avait réclamé l’accélération de la procédure contre l’officier. Ancien chef d’Etat-major des armées du Congo de 1987 à 1993, passé par l’École supérieure militaire (ESM) de Saint-Cyr, en France, le général Mokoko a été jusqu’à début février représentant spécial de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA) en Centrafrique. Il a démissionné début février de son poste de conseiller du président Sassou Nguesso chargé des questions de paix et de sécurité, qu’il occupait depuis 2005, pour se porter candidat à l’élection présidentielle du 20 mars, où il a recueilli moins de 14 % de voix. Initialement prévu en juillet, ce scrutin a été ramené au 20 mars par M. Sassou Nguesso qui l’a remporté avec plus de 60 % des voix, résultats officiels, qualifiés de “forfaitures” par cinq candidats d’opposition, dont le général Mokoko.

Répression des opposants

Ce dernier est mis en cause dans une vidéo tournée en 2007 qui le montre discutant d’un plan visant à chasser M. Sassou Nguesso du pouvoir avec un homme dont on ne voit pas le visage et se présentant comme appartenant au service de renseignement extérieur de la France (la DGSE). Dans un entretien à l’AFP en mars dernier, le général Mokoko avait indiqué qu’il s’était fait “piéger” dans cette affaire de vidéo, ajoutant que la question avait été “réglée en famille” avec le président Sassou Nguesso. Il s’était ainsi dit étonné que cette affaire ressurgisse. À la veille de l’élection présidentielle, le général avait été entendu plus d’une fois dans ce dossier par la police. “L’arrestation du général Mokoko est une affaire préoccupante et très embarrassante” qui “crée des problèmes et de la morosité en politique”, a déclaré à l’AFP l’opposant Clément Miérassa, président du Parti social démocrate congolais (PSDC). Le général “connaît un harcèlement depuis qu’il a fait une bonne campagne et obtenu de bons résultats à la dernière présidentielle”, a-t-il ajouté, dénonçant des “arrestations arbitraires” dont sont victimes, selon lui, les opposants depuis ce scrutin.

Depuis l’élection de M. Sassou Nguesso, qui cumule plus de 32 ans de pouvoir, le général Mokoko vivait en résidence surveillée dans sa maison du centre-ville de Brazzaville.

Le Point Afrique – Publié le 17/06/2016 à 10:55

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