Confronté à la colère de la rue, le pouvoir togolais annule une conférence de la Francophonie

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Un protestataire dans une rue de Lomé, au Togo, le 18 octobre 2017. CRÉDITS : YANICK FOLLY/AFP
Un protestataire dans une rue de Lomé, au Togo, le 18 octobre 2017. CRÉDITS : YANICK FOLLY/AFP

L’opposition, qui réclame depuis deux mois la démission du président Faure Gnassingbé, a appelé à trois nouvelles manifestations en novembre.

Face à une opposition qui ne faiblit pas et qui a appelé, lundi 23 octobre, à trois nouvelles journées de manifestation contre le pouvoir, le gouvernement togolais a décidé de suspendre la conférence de la Francophonie qui devait se tenir fin novembre à Lomé. « Le gouvernement togolais […] informe que la conférence ministérielle de la Francophonie ne pourra plus se tenir à Lomé du 24 au 26 novembre », a annoncé le gouvernement dans un communiqué.

Aucune raison n’a été donnée pour l’annulation de « cette rencontre internationale de haut niveau ». Toutefois, le Togo, qui héberge le bureau régional de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) pour l’Afrique de l’Ouest, traverse une grave crise politique depuis plus deux mois et doit faire face à une importante contestation sociale depuis deux mois.

Seize personnes tuées

L’opposition togolaise, qui organise des marches contre le pouvoir depuis août, a appelé à trois nouvelles manifestations, les 7, 8 et 9 novembre, pour demander une limitation rétroactive du nombre de mandats présidentiels. Elle réclame aussi la démission de Faure Gnassingbé, à la tête du Togo depuis 2005 et qui a succédé à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant trente-huit ans. Seize personnes, dont des adolescents et deux militaires lynchés par la foule, ont été tuées en à peine deux mois, selon un bilan établi par l’AFP. Les violences ont aussi fait quelque 200 blessés.

« Nous invitons les Togolais, de l’étranger comme de l’intérieur du pays, à prendre part à ces manifestations pour dire à Faure Gnassingbé que nous ne voulons plus qu’un seul Togolais fasse plus de dix ans à la tête de ce pays, a déclaré à l’AFP Eric Dupuy, le porte-parole de la coalition de l’opposition, qui regroupe quatorze partis politiques. Sachant qu’il a déjà fait plus de dix ans, qu’il en tire les conséquences. » M. Dupuy a aussi annoncé des meetings à l’intérieur du pays les 28, 29 et 30 octobre, ainsi que les 4 et 5 novembre.

La semaine dernière, la secrétaire générale de l’OIF, Michaëlle Jean, a « déploré l’escalade de la violence » dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, assurant maintenir « des contacts réguliers avec les plus hautes autorités togolaises ainsi qu’avec les partenaires régionaux et internationaux ».

Début octobre, la coalition de l’opposition avait « décidé de ne pas rencontrer la mission de l’OIF », en visite au Togo pour faciliter le dialogue entre les deux parties, arguant ne pas vouloir rencontrer la présidente de cette délégation, Aichatou Mindaoudou. Diplomate et ancienne ministre du Niger voisin, elle est accusée par l’opposition d’avoir facilité l’ascension au pouvoir de Faure Gnassingbé en 2005, dans un climat de forte répression qui avait fait 500 morts, selon les Nations unies.

Silence du président

Ni le président Gnassingbé ni aucun chef d’Etat de la région ne s’est exprimé publiquement sur cette crise. Le président béninois, Patrice Talon, s’est toutefois rendu à deux reprises à Lomé pour rencontrer son homologue, et le ministre ivoirien de la défense, Hamed Bakayoko, s’est également entretenu avec la présidence.

Le ministre gambien des affaires étrangères, Ousainou Darboe, a quant à lui demandé la démission de Faure Gnassingbé, lundi, par voie de presse, déclenchant les foudres du gouvernement togolais, qui s’est dit « indigné » dans un communiqué publié lundi soir. Le ministre Robert Dussey « proteste avec force contre cette déclaration irresponsable et rejette cette injonction », note le communiqué du ministère des affaires étrangères, soulignant que M. Gnassingbé a été élu.

Le Togo et la Gambie restaient les deux seuls pays d’Afrique de l’Ouest à n’avoir pas connu d’alternance politique, jusqu’aux dernières élections gambiennes de janvier 2017, où la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) est intervenue directement à Banjul pour assurer l’accès au pouvoir de l’opposant Adama Barrow, qui avait remporté l’élection.

Le Monde.fr avec AFP Le 24.10.2017 à 11h36

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