Cela fait plus de 24 heures que le gouvernement éthiopien a lancé une offensive contre la province du Tigré, à 700 kilomètres au nord de la capitale Addis Abeba. La tension montait depuis des semaines entre le Tigré et le gouvernement fédéral, après la tentative de sécession de la province début septembre. Le gouvernement qualifie les autorités provinciales de criminelles et compte reprendre le contrôle du territoire. On dispose de peu d’éléments à cause de la coupure complète des réseaux de communication mais de violents combats auraient eu lieu….
La région du Tigré a toujours été stratégique militairement pour l’Éthiopie. Elle borde l’Érythrée avec qui Addis Abeba a vécu dans un état de conflit permanent pendant plusieurs décennies. C’est donc là que se trouve le commandement Nord, l’un des quatre que compte le pays, avec des soldats postés entre la capitale Mekele et la ville de Dansha.
Ce commandement était aux premières loges de la guerre contre l’Érythrée entre 1998 et 2000. Et selon les experts, il comprendrait toujours la moitié de l’armée éthiopienne en soldats et en matériel.
La question qui se pose : est-ce que ces troupes fédérales, censées répondre aux ordres d’Addis Abeba, resteront fidèles au pouvoir central pendant ce conflit ?
Récemment, le Premier ministre avait voulu remanier ces troupes, ce qu’avait formellement refusé il y a deux semaines, la région rebelle. Le TPLF estime en effet que ses hauts gradés lui sont pour la plupart favorables. D’ailleurs hier, les autorités tigréennes ont affirmé que le commandement avait fait défection. Ce qu’a aussitôt nié Addis-Abeba.
La région affirme aussi avoir à disposition une milice paramilitaire qui serait bien armée, menée par d’anciens généraux et composée de vétérans de guerre.
Vu la force tigréenne, ce n’est donc peut-être par hasard que le Premier ministre a sorti trois généraux de leur retraite pour l’appuyer dans ces combats.
Enfin un paramètre à ne pas oublier, c’est l’Érythrée. Asmara a un vieux conflit avec le Tigré. Si les affrontements débordent de l’autre côté de la frontière, les Érythréens pourraient être tenté d’intervenir et de régler leurs comptes avec les Tigréens.
RFI
Avec notre correspondant régional à Nairobi, Sébastien Nemeth