Le très sémillant et féru banquier ivoirien de renommée internationale, Tidjane Thiam (61 ans), qui a signé sur les beaux parapheurs de la multinationale Prudential et récemment du géant Crédit Suisse, réalisant des prouesses inédites vient d’être plébiscité au trône du plus vieux parti de Côte d’Ivoire, le PDCI-RDA par des milliers de ses inconditionnels militants, qui comptent déjà le porter à la magistrature suprême du pays en octobre 2025. Confidentiel Afrique l’a désigné l’Africain et l’Homme de l’Année 2023 sur une short-list d’une dizaine de personnalités influentes du continent. Retour sur un enfant-lumière qui gagne les challenges, risqués parfois, et continue sa montée en puissance.
Pour le magazine international Confidentiel Afrique, l’homme de l’Année 2023 est l’Ivoirien Tidjane Thiam. Sur une liste d’une dizaine de personnalités africaines s’activant dans les secteurs des hydrocarbures, des industries extractives, de la finance, de la gouvernance sociale et numérique, le profil retenu est celui du banquier ivoirien de renommée internationale. Tidjane Thiam “is do it”.
Projeté au-devant de la scène politique ivoirienne au lendemain du décès, le 1er août 2023, d’Henri Konan Bédié, son nom, tel, un refrain de musique est sur toutes les lèvres ivoiriennes. Vraisemblablement, il faudra compter avec lui en octobre 2025, date de la présidentielle ivoirienne. Et c’est un pilier du clan d’Houphouët-Boigny, ancien président de Côte d’Ivoire, bâtisseur de la nation post-indépendance, qui a été porté à la tête du plus vieux parti sur le continent après l’ANC d’Afrique du Sud.
Plébiscité à la suite du congrès extraordinaire tenu finalement à Yamoussoukro le vendredi 22 décembre 2023, Tidjane Thiam a recueilli 96,5 % contre 3,2 % obtenus par Jean-Marc Yacé, le maire de Cocody, un autre aspirant, convoitant le trône du PDCI-RDA. C’est un plébiscite presque pour le petit-fils de feu Félix Houphouët-Boigny qu’est Tidjane Thiam. Félix Houphouët-Boigny traité de “voleur” par une opposition naissante à savoir le Front populaire ivoirien (FPI), en 1982, avait pour la première fois parlé de sa lignée et de ses héritiers sur les ondes de la télévision nationale.
L’Ivoirien Tidjane Thiam réalise des performances inédites
Tidjane Thiam qui venait d’être admis à la prestigieuse Ecole polytechnique de Paris a été présenté à la nation ivoirienne comme son vrai successeur. “Les Thiam, enfants de ma nièce, sont mes vrais successeurs”, avait martelé Félix Houphouët-Boigny pour répondre à Gbagbo et aux siens du Synares, le syndicat des enseignants à l’époque qui avaient fait sortir de ses gongs le “Vieux”. Destin prophétique ergotent beaucoup d’initiés. 42 ans après cette affirmation de Félix Houphouët-Boigny et 31 ans après sa mort, son petit-fils Tidjane Thiam lui succède à la tête du parti qu’il a fondé à Bamako au Mali. Tidjane Thiam issu du mariage entre Amadou Thiam et Mariam Sow est tout de même le petit-fils d’Houphouët-Boigny. Sa grand-mère, Aka Amoin est la cousine de “Dia” Houphouët-Boigny. Thiam dont le père Amadou Thiam était un Sénégalais bon teint, bon sang, par ailleurs ministre de la Communication de Félix Houphouët-Boigny, est sur le point d’être le candidat du PDCI-RDA à l’élection présidentielle de 2025.
Comme Alassane Ouattara en 1990
Né le 29 juillet 1961, Tidjane Thiam est l’espoir de toute une Jeunesse. Agé de 61 ans, il est considéré comme jeune sur la scène politique ivoirienne. Les jeunes ont soif de changement ; ils exigent le renouvellement de la classe politique ivoirienne. Tidjane Thiam vu l’intérêt qu’il suscite depuis la disparition du président Henri Konan Bédié le 1er août 2023 répond aux aspirations de cette jeunesse qui a marqué son désamour pour la vieille garde de la classe politique ivoirienne. Henri Konan Bédié décédé, il ne reste plus que Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara comme vieux briscards. Pour la présidentielle de 2025, dans deux ans, chacun s’interroge si le “bravetchê” nom donné à Alassane Ouattara va se représenter, lui qui avait souhaité et proposé à son aîné feu Henri Konan Bédié de se retirer pour laisser la place à la “nouvelle génération”.
Tidjane Thiam, arrivé après un concours de circonstance sera bel et bien candidat en 2025. Après son élection comme président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam séduit au-delà de son cercle politique. Les jeunes se reconnaissent en lui. Auréolé de son titre d’ancien patron du Crédit Suisse, Tidjane Thiam a été ministre du Plan et du Développement dans le gouvernement d’Henri Konan Bédié, renversé par un coup d’Etat en 1999.
Son élection à une écrasante majorité lors du congrès extraordinaire du PDCI-RDA à Yamoussoukro, donne des soucis à ses adversaires, principalement à ceux du RHDP du président Alassane Ouattara dont des partisans et non des moindres ont commencé à l’attaquer. Tidjane Thiam qui a déclaré vouloir reconquérir le Nord, bastion d’Alassane Ouattara et du RHDP a été répondu par Cissé Ibrahima Bacongo, le directeur exécutif du RHDP. A deux ans presque de la présidentielle, les dés sont jetés. Reste à savoir ce que va décider Alassane Ouattara en 2025. Partira, ne partira pas ? Seul Dieu et lui le savent ! Alors que le PDCI avait reprogrammé le congrès à vendredi à Yamoussoukro, les deux mêmes militants avaient à nouveau saisi la justice, avant de finalement retirer leur plainte, la veille. Il devient le troisième président élu de l’histoire du PDCI, fondé en 1946, après le père de la nation ivoirienne Félix Houphouët-Boigny et un autre ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié, décédé en août dernier.
Après avoir rendu un “hommage appuyé à ses prédécesseurs”, Tidjane Thiam a estimé que “le déroulement et l’issue du congrès ont honoré” le parti. “C’est avec beaucoup d’humilité que j’accepte la responsabilité que vous avez décidé de me confier”, a-t-il ajouté.
Plus de 6000 congressistes étaient appelés à voter vendredi dans la capitale Yamoussoukro pour élire un nouveau président pour le PDCI.
Le vote s’est tenu sans incident en fin de journée et les résultats proclamés autour de minuit. La participation a atteint 64 %. Ovationné à son arrivée à Yamoussoukro, il a multiplié les selfies tout au long de la journée. Avec l’élection de Tidjane Thiam, 61 ans, un âge considéré comme jeune pour exercer de hautes fonctions politiques en Côte d’Ivoire, le PDCI va rajeunir son image.
“Notre nouveau président devra nous remettre en état de marche. Il devra donner plus de responsabilités aux jeunes du parti”, avait déclaré le président par intérim du parti, Philippe Cowppli-Bony, âgé de 91 ans. “On nous a trop traité de parti de vieux. C’est positif de voir deux candidats jeunes, ça fait plaisir”, s’est-il réjoui.
L’ancien dirigeant du PDCI, Henri Konan Bédié, président de la Côte d’Ivoire de 1993 à 1999, est mort en août à 89 ans et n’excluait pas de se présenter à la présidentielle de 2025. Le parti qui vise le retour au pouvoir dans deux ans, a également proposé vendredi soir de soutenir Tidjane Thiam en vue d’une investiture pour 2025.
Tidjane Thiam, l’enfant-lumière qui n’a jamais échoué
“2025 sera une année électorale cruciale pour notre parti nous nous devons d’être prêts. Nous devons préparer cette échéance dès demain matin”, a lancé vendredi soir Tidjane Thiam sous les acclamations de l’audience.
Q la tête de la Côte d’Ivoire sans discontinuer de 1960 à 1999, l’ancien parti unique n’a plus accédé à la magistrature suprême depuis 24 ans lorsqu’un coup d’Etat avait chassé Henri Konan Bédié du pouvoir, un soir de Noël 1999. “Si c’est Thiam notre candidat, ce que j’espère, on aura les capacités de revenir au pouvoir. Il peut insuffler une nouvelle dynamique”, estime Cyprien Koffi, un délégué de San Pedro (Sud-ouest). Un temps allié d’Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, le PDCI a repris sa place dans l’opposition en 2018 et a boycotté la dernière présidentielle. Pas de jeux d’échecs pour ce brillantissime sujet qui a gagné tous les challenges au prix d’une rigueur inoxydable, de probité morale, de persévérance et d’expertise avérée. Comme on dit, Tidjane a traversé le miroir, laissant le fond du glacier, de Aviva au géant bancaire helvétique Crédit Suisse en passant par la très réputée multinationale compagnie d’assurance britannique Prudential. Même au prix fort des manœuvres souterraines et anti- conventionnelles de ses détracteurs, Tidjane Thiam a eu la baraka de ne point se jeter sur la corde raide. La tenue de ce congrès a été incertaine tout au long de la semaine, après un report samedi dernier par la justice ivoirienne, saisie par deux militants qui dénonçaient des irrégularités dans la liste des congressistes. La décision pointait notamment des risques de “troubles à l’ordre public” pour justifier ce report et la police s’était déployée samedi matin pour empêcher d’accéder au lieu du congrès.
Par Demba Diallo, à Abidjan et Ismaël Aïdara, directeur éditorial (Confidentiel Afrique)