Condamnation de Karim Wade à 6 ans de prison : Une leçon de morale politique aux chefs d’Etat africains

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arim Wade, fils de l'ancien président Abdoulaye Wade - biens de Karim
Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, à Dakar en 2007 (TOURE BEHAN/SIPA)

Les faits reprochés à Karim Wade remontent au temps de son vieux père « Gorgui », qui, après plus de 40 ans de combat dans l’Opposition sénégalaise accéda au pouvoir à la faveur de son  slogan phare « SOPI », ou le changement en Wolof. Karim Wade gravit les échelons à la vitesse de la lumière. D’abord comme conseiller spécial, pour ne pas dire vice-président  de la République où tout passait par lui pour les nominations des ministres et autres cadres de l’administration ; avant d’être ensuite bombardé « ministre de la Terre et du Ciel » après son échec cuisant aux élections municipales au poste de Maire de Dakar. Son père de président, Abdoulaye Wade n’a jamais tari d’éloges à son égard : « Karim, un garçon très intelligent qui a fait les meilleures universités américaines et françaises » et qui face aux intérêts de son fils était prêt à lâcher ses compagnons politiques de longue date. Ce fut le cas avec Idrissa Seck et quelques mois avant la fin de son deuxième mandat avec l’actuel président Macky Sall qui eut l’audace de demander au puissant Karim Wade de venir rendre compte devant les élus de la Nation de sa gestion des fonds qui ont servi à l’organisation de la Conférence Islamique de l’OCI à Dakar. Comme sanction, Macky sera débarqué du perchoir quelques jours plus tard pour crime de lèse-majesté. Abdoulaye Wade avait-il mesuré à sa juste proportion les conséquences de l’implication outrancière de son fils dans la gestion des affaires publiques ? N’est-il pas le principal responsable de ce qui arrive aujourd’hui à son fils ?

Les autres chefs d’Etat qui ont des velléités paternalistes de gestion du pouvoir doivent réfléchir par mille fois avant d’engager leurs progénitures dans des aventures périlleuses comme c’est le cas aujourd’hui  d’Abdoulaye Wade, le « jombor », le lièvre. La démocratie exige l’alternance et le temps des pouvoirs de père en fils est révolu. Les peuples africains en référence à ce qui s’est passé au Burkina voisin où la Rue après 27 ans, 324 mois, 118 260 jours de pouvoir, chassa Blaise de Kossyam, n’accepteront plus ce que feu Eyadema du Togo, feu Bongo du Gabon et feu Laurent Désiré Kabila de la RDC ont fait en taillant sur la mesure de leurs enfants le Togo, le Gabon  et la RDC.

Au Mali, le cas de Karim Keita a défrayé la chronique un moment. Néophyte en politique, Karim Keita s’est fait élire député de la Commune II et président de la très stratégique Commission de Défense de l’AN. Son nom serait même cité dans la promotion de certains hauts cadres de l’Administration et dans l’octroi  de certains gros marchés de l’Etat. Tout le malheur que l’on puisse souhaiter à IBK est de s’armer de sagesse et de courage en demandant fermement à Karim Keita de ne pas chercher à briguer un second mandat de député et de se retirer de la scène politique pour que les mêmes causes ailleurs ne produisent pas les mêmes effets ici.

Si la condamnation de Karim Wade a  quelque chose de salutaire c’est qu’elle met fin à l’impunité et aux passes droits des fils à papa de la République.

                                                                                   Youssouf Sissoko

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