LONDRES (AFP) – Trente et une personnes soupçonnées d’avoir voulu faire exploser en vol des avions de ligne à destination des Etats-Unis ont été interrogées vendredi par la police au Royaume-Uni et au Pakistan.
Le secrétaire britannique à l’Intérieur, John Reid, a indiqué que l’alerte contre un risque terroriste était maintenue au niveau "critique", le plus élevé.
Les enquêteurs pensent avoir arrêté "les principaux suspects" du complot, a répété M. Reid. Mais il a admis qu’il était impossible d’en être "sûr à 100%".
M. Reid et le Premier ministre britannique Tony Blair ont remercié le Pakistan pour sa contribution à l’enquête.
Le groupe était surveillé depuis des mois. Selon des sources citées par le Guardian, le complot a pu être déjoué grâce à l’interception d’un ordre donné depuis le Pakistan de déclencher les attentats.
Sept personnes liées au complot, dont deux Britanniques, avaient été arrêtées la semaine dernière au Pakistan.
Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a révélé vendredi le nom d’une de ces sept personnes, "le citoyen britannique Rashid Rauf", considéré comme "une personne clé" de l’affaire. Selon le ministère, "il existe des informations sur une connexion, basée en Afghanistan, avec Al-Qaïda", le réseau terroriste d’Oussama ben Laden.
Vingt-quatre personnes ont été arrêtées jeudi à Londres, à High Wycombe (ouest de Londres) et à Birmingham (centre de l’Angleterre).
L’une de ces personnes a été remise en liberté vendredi et aucune accusation n’a été retenue contre elle, a annoncé la police.
La Banque d’Angleterre a indiqué qu’elle avait gelé les comptes bancaires de 19 des suspects et a publié leurs identités.
Ces suspects sont tous britanniques, comme les auteurs des attentats suicide du 7 juillet 2005 dans les transports publics de Londres (56 morts, 700 blessés).
Ils sont âgés de 17 à 35 ans, et la plupart ont autour de 25 ans. Tous portent des noms à consonance d’Asie du sud. Deux d’entre eux avaient abandonné leurs prénoms occidentaux après leur conversion à l’islam.
Le profil des interpellés est varié. On compte notamment un maçon, un employé de pizzeria et un vigile, mais aussi un étudiant et président de la société islamique de la London Metropolitan University, ou encore deux frères vendeurs de voitures d’occasion.
La police peut maintenir les suspects 28 jours en garde à vue avant de les inculper éventuellement.
En Italie, le ministère de l’Intérieur a annoncé avoir procédé à l’arrestation préventive de 40 personnes lors d’une opération "de contrôle" déclenchée à la suite de l’alerte terroriste en Grande-Bretagne.
L’ampleur du complot continuait de surprendre vendredi.
Entre six et dix-sept appareils étaient visés selon les sources, toutes officieuses.
Plusieurs journaux britanniques citant des "sources au sein des services de sécurité" affirmaient vendredi que les terroristes planifiaient trois vagues de trois explosions en vol, une par heure. On ignorait encore si les explosions étaient prévues au-dessus de l’Angleterre, en plein vol transatlantique où à l’arrivée aux Etats-Unis.
Toujours selon ces sources, des explosifs liquides devaient être dissimulés dans des bouteilles de boissons énergétiques emportées par les suspects dans leurs bagages à main.
Des sources américaines anonymes citées par la chaîne de télévision américaine ABC assurent que cinq suspects restent en fuite, dont le chef du complot.
Le niveau "critique" d’alerte au terrorisme implique que tous les passagers aériens soient fouillés au corps. Les bagages à main sont interdits en cabine, à l’exception d’objets indispensables qui doivent être placés dans des sacs transparents. Tous les liquides sont interdits.
Les mesures de sécurité exceptionnelles dans les aéroports sont encore renforcées pour les vols vers les Etats-Unis.
A la veille d’un week-end chargé, elles continuaient de causer vendredi des retards importants et des centaines d’annulations de vols dans les aéroports britanniques.
A destination des Etats-Unis, "il est inévitable" que certains vols soient encore annulés, a indiqué vendredi soir un porte-parole de BAA (gestionnaire des principaux aéroports britanniques), Tony Douglas.
Vendredi après-midi, des retards importants étaient toujours enregistrés à Gatwick, le second aéroport londonien, avec des améliorations cependant.
British Airways (BA), la principale compagnie aérienne du pays, a annulé six vols à destinations des Etats-Unis, avec des retards sur les autres vols maintenus.
La compagnie à bas prix easyJet annonçait 112 annulations, avec un retour à la normale samedi, sa rivale Ryanair une trentaine.
La situation, en revanche, était pratiquement revenue à la normale dans les autres aéroports européens.
Les prix du pétrole se sont légèrement repliés à la suite de l’annonce de la découverte du complot terroriste, de nature à diminuer le trafic aérien. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre valait 75,43 dollars vendredi vers 15h00 GMT, contre 76,39 dollars le vendredi précédent.
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