Donald Trump vient de prêter serment en tant que 47e président, mais l’impact mondial de son second mandat se fait déjà sentir.
De Jérusalem à Kiev en passant par Londres et Ottawa, sa victoire électorale et l’attente d’un nouveau programme Trump ont modifié les calculs des dirigeants mondiaux – avec des conséquences parfois très importantes.
Avec la passation de pouvoir à Washington, nos correspondants ont disséqué ces changements dans les régions où ils se sont produits.
Moyen-Orient – Accord de cessez-le-feu à Gaza
Par Jeremy Bowen, rédacteur en chef pour l’International
Donald Trump a eu un impact sur le Moyen-Orient avant même de s’asseoir dans le bureau ovale pour entamer son second mandat présidentiel.
Il a mis fin aux tactiques dilatoires utilisées par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en alliance avec ses partenaires de coalition ultranationalistes, pour éviter d’accepter l’accord de cessez-le-feu que le prédécesseur de M. Trump, Joe Biden, avait mis sur la table des négociations en mai dernier.
La pression américaine sur le Hamas et les autres groupes palestiniens est un fait acquis. Sous Biden, la pression sur Israël était le levier qui n’a jamais été actionné. M. Trump entame son second mandat en s’attribuant, avec une justification raisonnable, le mérite d’avoir fait passer l’accord de cessez-le-feu à Gaza. Il peut se prévaloir d’une certaine gloire.
Royaume-Uni – un « mini cabinet » secret
Par Laura Kuenssberg, présentatrice de Sunday with Laura Kuenssberg
Trump et son équipe sont différents cette fois-ci, plus préparés, avec un agenda plus agressif peut-être, mais son plaisir à garder le monde dans l’incertitude semble intact. C’est cette incertitude qui accompagne Trump que l’establishment politique britannique de Whitehall et de Westminster trouve si choquante.
Comment le Royaume-Uni peut-il se préparer à ce qu’il ne connaît pas encore ?
Un petit groupe de ministres de haut rang a essayé.
Il y a eu une série de réunions secrètes de « mini-cabinets », avec le Premier ministre Sir Keir Starmer, la chancelière Rachel Reeves, le ministre des Affaires étrangères David Lammy et le ministre des Affaires Jonathan Reynolds « essayant de planifier ce qui pourrait arriver », selon une source.
Un initié me dit qu’il n’y a pas eu trop de préparation pour de multiples scénarios spécifiques car « on se rendrait fou » en essayant de deviner les prochaines étapes de Trump. Mais une autre source affirme que divers documents ont été préparés pour être présentés à l’ensemble du cabinet.
On m’a dit que l’accent était mis sur la recherche d’opportunités plutôt que sur la panique quant à la possibilité que Trump mette en œuvre certaines de ses déclarations les plus farfelues, comme l’annexion du Canada.
Ukraine – pression pour un accord
Par Orla Guerin, correspondante internationale senior
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche est synonyme de nouvelles réalités pour l’Ukraine. Le nouveau président américain veut un accord de paix, pas une facture astronomique pour le soutien militaire américain.
Voilà qui est clair. La manière dont il entend y parvenir ne l’est pas.
Sa vantardise initiale – qu’il pouvait mettre fin à la guerre en un jour – a été revue par son nouvel envoyé pour la Russie et l’Ukraine, Keith Kellogg. Le lieutenant-général Kellogg (à la retraite) a déclaré qu’il souhaitait « une solution » dans les 100 jours.
Si M. Trump parvient à pousser les deux parties à négocier, l’Ukraine n’arrivera pas à la table des négociations en position de force. Moscou contrôle actuellement un cinquième du territoire ukrainien, y compris la péninsule de Crimée, annexée en 2014.
Nombreux sont ceux qui craignent que le président Trump ne pousse à un règlement aux conditions de la Russie.
Le président Zelensky a indiqué qu’il était prêt à faire des compromis. Trois ans après l’invasion russe, il n’a guère le choix.
Mais le président Poutine, qui gagne sur le champ de bataille, bien que lentement et avec des pertes massives, n’a peut-être pas envie de s’arrêter maintenant.
Canada – la menace de droits de douane ajoute à l’agitation
Par Jessica Murphy, rédactrice numérique pour le Canada
L’instabilité politique à Ottawa survient alors que le Canada est confronté à un certain nombre de défis – notamment la promesse de Trump d’imposer des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens.
Jusqu’à récemment, Justin Trudeau semblait déterminé à s’accrocher au poste de Premier ministre, invoquant son désir d’affronter Pierre Poilievre – son opposé idéologique – dans les sondages.
Mais la démission surprise de la principale adjointe de M. Trudeau, l’ancienne ministre des finances Chrystia Freeland, à la mi-décembre, qui a invoqué le fait que M. Trudeau n’avait pas pris les menaces de M. Trump au sérieux, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Des membres du propre parti de M. Trudeau ont commencé à faire savoir publiquement qu’ils ne soutenaient plus son leadership.
C’est ainsi que le dernier domino est tombé. M. Trudeau a annoncé sa démission au début du mois.
Chine – les investisseurs s’inquiètent de la guerre commerciale
Par Suranjana Tewari, journaliste économique, Singapour
L’économie chinoise a rebondi au cours des trois derniers mois de l’année dernière, permettant au gouvernement d’atteindre son objectif de croissance de 5% en 2024, a annoncé Pékin vendredi.
Il s’agit toutefois de l’un des taux de croissance les plus faibles depuis des décennies, alors que la deuxième économie mondiale peine à se défaire d’une crise immobilière prolongée, d’une dette élevée des collectivités locales et du chômage des jeunes.
Le directeur du bureau des statistiques du pays a déclaré que les résultats économiques de la Chine en 2024 avaient été obtenus « de haute lutte », après que le gouvernement a lancé une série de mesures de relance à la fin de l’année dernière.
Par le passé, Pékin a rarement manqué ses objectifs de croissance.
Les experts avaient largement prédit ce taux de croissance. Selon la Banque mondiale, la baisse des coûts d’emprunt et l’augmentation des exportations permettraient à la Chine d’atteindre une croissance annuelle de 4,9 %.
Les investisseurs se préparent toutefois : la menace des droits de douane imposés par le président élu Donald Trump sur des produits chinois d’une valeur de 500 milliards de dollars (409 milliards de livres sterling) se profile à l’horizon.
Mais ce n’est pas tout ce qui empêche la Chine d’atteindre ses objectifs de croissance l’année prochaine.
Source: https://www.bbc.com/