Il est encore surprenant que des Africains, et de surcroit des supposés intellectuels, puissent encore cautionner l’intervention des Américains et leurs alliés (Européens et Arabes) en Libye. Il faut vraiment être naïf pour penser que les bombardements intenses sur Tripoli visent à débarrasser le peuple libyen de Mouammar Kadhafi. Ce peuple est le dernier des soucis des puissances impérialistes plutôt préoccupées à trouver des terrains d’expérimentation pour leurs nouvelles armes, à évacuer des stocks (Rafales françaises, les tomahawks des Américains…) qui ne trouvent pas preneurs et surtout trouvé des marchés pour leurs industries après environ deux ans de crise économique aiguë.
Tripoli, la capitale de la Jamahiriya arabe libyenne, continue de subir les assauts répétés de l’aviation des alliés sous prétexte de neutraliser les forces pro-Kadhafi. En réalité, les Occidentaux ne cherchent pas à maîtriser le Guide, mais à détruire les villes libyennes afin de se partager les vastes marchés de reconstruction. A ce rythme, Tripoli comme beaucoup d’autres villes libyennes seront comme Bagdad et la grande majorité des cités irakiennes où tout est à reconstruire et où les Alliés se partagent non seulement le pétrole, mais aussi et surtout de gros et juteux contrats de reconstruction. Cela est d’autant vrai que la consommation nationale dans ces pays industrialisés est en baisse ou stagne depuis des années. Si vous avez bien regardé, Bouygues et Bolloré étaient les invités vedettes de l’investiture du président Alassane Ouattara à Yamoussoukro. Cela rappelle des vautours sur un champ de ruine.
On sait qu’une heure de vol pour un Rafale coûte environ 13 000 euros. Pour le même temps de vol, le Mirage coûte entre 10 000 et 11 000 euros. Des estimations de coût qui n’incluent pas le prix du carburant. Avec 55 sorties, les Rafale et Mirage 2000 français totalisaient plus de 400 heures de vol en mars dernier, note l’Agence France-Presse. Et depuis mai, les frappes aériennes ont presque triplé, notamment sur Tripoli, avec l’entrée en jeu des hélicoptères et des drones.
Et selon l’hebdomadaire Jeune Afrique (J.A N° 2633 du 26 juin au 2 juillet 2011), le missile Scalp est estimé à 500 000 Euros la pièce. C’est dire que son utilisation en Libye grève sérieusement le budget de l’armée française. Selon la même source, le surcoût des trois premiers mois de l’intervention française dans la Jamahiriya est évalué à 100 millions d’Euro, dont 25 millions pour les primes des soldats et frais divers de logistiques, et 60 millions pour les munitions. Pensez-vous que Sarko soit assez fou pour engager de telles dépenses en pleine récession économique pour les beaux yeux des Libyens, des arabes qu’il ne veut pas de surcroît sentir sur les berges de la Seine autant que les nègres. Et pourtant, l’engagement de la France dans ce qui risque d’être un autre bourbier pour l’Otan n’est pas surprenant. En effet, l’Hexagone n’était jamais parvenu à rentabiliser ses avions de combat, les Rafales et Mirages. En Libye, elle est sûr de le faire grâce au pétrole et aux marchés de reconstruction.
Aux Etats-Unis, malgré l’insistance de certains Républicains d’une part non négligeable de l’opinion américaine, le gouvernement refuse de livrer ses estimations par rapport à son engagement en Libye. Mais, selon Cnn, l’armée avait bombardé l’équivalent de 225 millions de dollars de missiles Tomahawk en mars 2011. Et ce au moment où l’Oncle Sam est déjà engagé dans des guerres coûteuses en Irak et en Afghanistan. Mais, visiblement, les Etats-Unis espèrent pouvoir " se reposer sur d’autres Etats, en particulier les pays du Golfe riches en pétrole qui ont proposé leur soutien financier ".
L’un des objectifs de l’intervention des grandes puissances impériales (USA, France et Grande-Bretagne) est de faire de la Libye un champ de ruine et de désespoir afin de trouver des marchés rentables pour les entreprises occidentales. La preuve est que les bombardements aériens ciblent, sans distinction aucune, des sites aussi bien civils que militaires faisant ainsi de nombreuses victimes civils. Et, hélas, la grande majorité de ces victimes (collatérales ???) sont des femmes, enfants et des vieillards dont les habitations situées dans des quartiers résidentiels se trouvent loin de tout objectif militaire.
C’est un secret de polichinelle que les richesses en hydrocarbures dont regorge la Libye attisent les appétits des pays occidentaux qui mettent tout en œuvre pour les acquérir à vil prix, après avoir échoué à le faire, grâce à la vigilance et à la prise de conscience des autorités libyennes qui ont, depuis ces dernières années, œuvré à gérer rationnellement les ressources du pays, afin qu’elles profitent directement aux populations libyennes .
Révolution au Jasmin : un prétexte pour les puissances impérialistes
Les raisons humanitaires ne sont que pire démagogie impérialiste. En effet, personne ne voit Obama (USA), Cameron (Grande Bretagne) et Sarko (France) sauveurs des Libyens alors que, au même moment, ils envoient des troupes saoudiennes massacrer les démocrates du Bahreïn ! N’est-ce pas curieux de voir l’Occident soucieux de démocratie en Libye alors qu’il protège la répression du dictateur au Yémen ? Et comme le disait récemment un internaute, vous croyez que Bernard-Henri Lévy (un romancier, philosophe, essayiste, metteur en scène, acteur, cinéaste…) se soucie vraiment de " sauver des Arabes " alors qu’il applaudissait récemment des bombardements de civils à Gaza ? " Le plus remarquable dans l’affaire, le vrai sujet d’étonnement, ce n’est pas la brutalité d’Israël. C’est, à la lettre, sa longue retenue ", avait-il soutenu.
Cela faisait longtemps que ces puissances lorgnaient sur les richesses libyennes, mais elles ne savaient pas comment s’en accaparer. La révolution au Jasmin en Tunisie et en Egypte leur a donné cette opportunité. Si les révoltes dans ces deux pays étaient spontanées, l’insurrection en Libye n’est que pire manipulation des services de renseignement occidentaux.
Ceux-ci savent pourtant que chaque peuple a le droit de se débarrasser de ses dirigeants qui ne lui conviennent pas. Mais, il est évident, que ce n’est pas la rue qui souhaite réellement le départ du Guide. Parce que d’abord, il est utopique de faire régner la paix et la quiétude dans un pays où de nombreux tributs rivalisent sans le système politique mis en place par Kadhafi.
Secundo, certes le peuple libyen mérite certainement un meilleur leader qu’un dictateur qui a rempli les comptes suisses de toute sa famille. Kadhafi a aussi soutenu quelques dictateurs africains détestés. Mais, d’un autre côté, il a fermement soutenu les Palestiniens et nationalisé le pétrole pour assurer des services sociaux à sa population. Le contraire de Moubarak et Ben Ali. Et c’est pour ça que l’Empire voudrait le remplacer par une parfaite marionnette. Ayant compris qu’ils n’ont aucune chance de se débarrasser du dictateur libyen avec le soutien du peuple libyen, les alliés ont opté pour l’action militaire qui a plusieurs avantages.
Les assauts aériens leur permettent non seulement de se débarrasser des armements qui n’ont plus la côte, mais aussi de détruire tout un pays afin de s’accaparer de ses richesses et les marchés de reconstruction susceptibles de relancer des économies très grippées depuis au moins deux ans. L’objectif des alliés est donc de mettre un pantin à la tête de la Libye, Karzaï en Afghanistan et ou Al-Maliki en Irak, afin de mieux jouir des immenses gisements de pétrole de la Libye. Et pour ce faire, il n’y pas mieux à faire que de plonger ce pays dans le chaos pour des décennies comme l’Irak et l’Afghanistan.
C’est donc une totale illusion de penser que les alliés veulent débarrasser la Libye de son Guide pour le bonheur du peuple de la Grande Jamahiriya. Ces grandes puissances impériales (USA, France et Grande-Bretagne) soutenues par des satellites arabes ne poursuivent que leurs intérêts propres, notamment ceux de leurs multinationales. Penser le contraire, n’est que pure naïveté d’Africains !
Alphaly