60 % du PIB : c’est le taux moyen de la dette en Afrique depuis 2013. Principal créancier : la Chine, qui se défend face à ceux qui l’accusent d’alourdir l’endettement des pays africains.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a relativisé les inquiétudes liées à la dette de l’Afrique à l’égard de la Chine, à son arrivée jeudi en Éthiopie, première étape d’une tournée dans quatre pays africains.
Dans la continuité d’une tradition vieille de 29 ans selon laquelle l’Afrique est la destination du premier voyage international officiel des ministres des Affaires étrangères au début d’une nouvelle année. Wang Yi, qui est également conseiller d’État, est arrivé en Éthiopie, jeudi 3 janvier. C’est la première étape d’une tournée de six jours qui vont conduire l’actuel ministre des Affaires étrangères dans quatre pays africains.
Au cours de son voyage, alors que la priorité était de trouver des moyens de faire avancer le plan d’action adopté lors du sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) de Beijing, qui s’est tenu en septembre dernier, la question de l’endettement des pays émergents et du continent africain s’est invitée au cœur du débat. « De manière générale, la dette en Afrique est une problématique qui dure depuis longtemps et est un produit de l’histoire », a estimé Wang Yi. « Elle n’est pas apparue aujourd’hui, et elle encore moins provoquée par la Chine », a-t-il ajouté. Il faut souligner que, sur les prêts de 52 milliards d’euros promis par le premier partenaire commercial de l’Afrique, 12 milliards seront des dettes gratuites et des prêts sans intérêts, avait annoncé le chef de l’État chinois en septembre dernier. La Chine est le principal bailleur bilatéral d’infrastructures en Afrique, pour un total excédant les financements combinés de la Banque africaine de développement (BAD), de l’Union européenne, de la Société financière internationale (IFC), de la Banque mondiale et du G8.
La dette à l’égard de Pékin pas tenable à long terme ?
Il n’empêche que les craintes de voir la Chine présenter la note un jour ou l’autre sont bien présentes. La dette publique en Afrique subsaharienne représentait 45 % du PIB fin 2017, soit une hausse de 40 % en trois ans. Sur ce total, l’empire du Milieu apparaît de loin comme le premier créancier. Et les exemples se multiplient en Afrique qui montrent à quel point la Chine crée des dépendances. Le cas du Mozambique est encore dans toutes les mémoires. Quand le pays s’est déclaré en défaut de paiement en janvier 2017, les autorités ont finalement reconnu l’ampleur d’une dette cachée de près de 2 milliards d’euros souscrite auprès d’entreprises chinoises ! Ces dernières années le pays est devenu le plus endetté du continent. Les cas de l’Angola ou du Kenya sont tous aussi identiques.
Christine Lagarde, s’exprimant en avril dernier dans la capitale chinoise à l’occasion d’un forum sur les « Nouvelles routes de la Soie », le colossal plan lancé par le président chinois Xi Jinping en 2013 pour déployer routes, ports, voies ferrées et parcs industriels à travers l’Asie, aux portes de l’Europe et jusqu’en Afrique, avait déclaré : « Il ne faut pas que les pays acceptant d’accueillir des chantiers des routes de la Soie aient le sentiment que c’est un repas gratuit ».
Des propos alarmants qui tranchent avec ceux du président de la Banque africaine de développement. Dans une récente interview au Point Afrique, ce dernier se confiait sur ces craintes qui viennent surtout de l’Europe et des États-Unis. « Je peux vous dire que l’Afrique n’est pas dans une situation de crise de dettes. Si vous prenez au niveau du ratio de dette par rapport au PIB en 2010, nous étions à environ 22 % en 2017. Nous sommes à 37 %, et la limite, c’est 40 %. Si vous prenez le niveau d’endettement des pays émergents et même ceux des pays développés, il est beaucoup plus élevé et atteint parfois les 150 % du PIB. Au regard de cette réalité, l’Afrique n’est pas trop endettée », a-t-il estimé.
« On ne peut pas financer toutes les infrastructures avec de la dette »
Mais il y a des cas spécifiques où les niveaux d’endettement augmentent trop rapidement, insiste le patron de l’institution financière panafricaine. « Ce que l’on remarque, c’est que le niveau des financements concessionnels en direction de l’Afrique a commencé à baisser depuis longtemps, ce qui pousse les pays à chercher de nouvelles ressources pour financer leurs infrastructures. Beaucoup dépendent du marché de l’Eurobond où les taux d’intérêt sont très élevés. À la Banque africaine de développement, nous conseillons les pays dans la gestion de la dette publique afin qu’ils comprennent qu’on ne peut pas financer toutes les infrastructures avec de la dette. Il faut solliciter le partenariat public-privé pour permettre au secteur privé d’investir dans ces projets afin de réduire la dette des États. »
Selon lui, « en ce qui concerne la Chine, il y a toujours des problèmes d’incompréhension. » Comment devraient se comporter les États africains ? « La question aurait été de savoir que faire ensuite, c’est-à-dire comment nos États auraient pu négocier ? Comment obtenir des négociations équilibrées ? Il faut que nos États arrivent en capacité de négocier les contrats » analyse-t-il.
Pékin prêt à faire un geste pour ces débiteurs
Dans tous les cas, le géant conserve sa position de premier partenaire commercial de l’Afrique depuis huit années consécutives. Au premier semestre 2018, le volume des échanges bilatéraux a augmenté de 16 % à presque 100 milliards de dollars, selon le ministère chinois du Commerce. Et ce, même si plusieurs signaux indiquent une perte de vapeur dans la machine de l’économie chinoise, qui n’en devrait pas moins atteindre son objectif de croissance de 6,5 % pour 2018, selon les analystes. Le ralentissement de la demande chinoise en est l’une des conséquences. Fort de ces investissements, le ministre Wang a évacué les inquiétudes qui montent. « Nous savons qu’en termes de financement certains pays africains ont rencontré des difficultés », a reconnu, lors d’une conférence de presse à Addis-Abeba, le chef de la diplomatie chinoise, qui se rendra ensuite en Gambie, au Sénégal et au Burkina Faso. « La Chine y attache beaucoup d’importance, en tant que bon ami et frère de l’Afrique », a-t-il ajouté. « Nous sommes toujours prêts à faire un geste quand les pays africains en ont besoin. »
L’investissement étranger chinois en Afrique subsaharienne s’est élevé à 298 milliards de dollars entre 2005 et 2018, selon le groupe de réflexion American Enterprise Institute (AEI). Wang Yi et son homologue éthiopien, Workneh Gebeyehu, se sont félicités des liens étroits unissant leurs deux pays et ont écarté toute idée d’un refroidissement de leurs relations depuis l’arrivée au pouvoir en avril 2018 du Premier ministre réformateur éthiopien, Abiy Ahmed. « Nous pensons que le processus de réformes en Éthiopie renforcera encore plus nos liens avec la Chine », a déclaré Workneh. « La Chine continuera à être le partenaire stratégique de l’Éthiopie. »
PAR VIVIANE FORSON
Publié le 04/01/2019 à 11:05 | Le Point Afrique
Le Point.fr
AU MOINS LA DETTE, LES PRETS ACCORDÉS PAR LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE NE RETOURNENT PAS DANS DES VALISES VERS LES BANQUES EN FRANCE, SUISSE, BELGIQUE, HOLLANDE…, MAIS RESTENT PHYSIQUEMENT SUR PLACE SOUS FORME D’INFRASTRUCTURES ET Á L’ USAGE DES POPULATIONS.
LES INFRASTRUCTURES SONT LE CIMENT PHYSIQUE D’ UN PAYS, D’ UNE NATION.
CHERS MALIENS, IMAGINEZ-VOUS UNE AUTOROUTE Á 4 VOIES BIEN ENTRETENUE, ENTRE KANGABA ET KIDAL, CONSTRUITE DÉJÁ EN 1968 …ET PASSANT PAR TOUTES LES GRANDES VILLES…!
LE PROBLEME DU “NORD-CENTRE-SUD” N’ AURAIT PAS EXISTÉ AUJOURD’HUI, IL SERAIT RÉSOLU DANS LE QUINQUENNAT SUIVANT.
Bonjour
Une créance reste une créan¢€ quelque soit le financeur!
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