Cheriff Moumina Sy, un réformateur burkinabè qui porte le Mali dans son cœur

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De passage au Mali, Cheriff Moumina Sy a bien voulu rendre une visite de courtoisie à ses confrères journalistes à la Maison de la presse. C’était au cours d’un point de presse, peu avant l’élection présidentielle burkinabè de dimanche dernier.

 

Au cours de ce point de presse, Cheriff Moumina Sy a tout d’abord présenté ses condoléances aux victimes de l’attaque terroriste du 20 novembre contre l’hôtel Radisson Blu. Il a réaffirmé son soutien aux autorités actuelles, notamment au président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Il a déclaré tout l’amour qu’il a pour le Mali et s’est souvenu des moments cruciaux de sa vie, surtout quand il s’est réfugié dans notre pays avant de prendre la direction de la France.

 

Avec ses confrères journalistes, ils ont abordé tous les sujets : la vie touchant aux Nations malienne et burkinabè, le terrorisme, l’assassinat de Thomas Sankara, le coup d’Etat survenu au pays des hommes intègres, la réinstallation des institutions suite à un soulèvement populaire, la présidentielle burkinabè….

 

Qui est Cheriff Moumina Sy ?

 

Cheriff Moumina Sy est un des personnages clés de la transition au Burkina Faso après la chute de Blaise Compaoré. Il ne s’est pas laissé impressionner par le coup d’Etat du 17 septembre dernier. À peine le président de la transition Michel Kafando et le Premier ministre Isaac Zida ont-ils été séquestrés par des troupes d’élites à Ouagadougou, que Cheriff Sy, ancien journaliste, s’est déclaré chef d’Etat par intérim en appelant à la résistance face aux putschistes.

 

Âgé de 55 ans, ce fils d’un général de corps d’armée a participé activement à la révolution d’août 1983 qui allait porter Thomas Sankara au pouvoir. Après l’assassinat de ce dernier, en 1987, il n’a cessé de lutter contre le régime de Blaise Compaoré. Au lendemain de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, qui met en fuite le président Compaoré, Cheriff  Sy est porté à la tête du Conseil national de transition (CNT), où il s’illustre alors par un certain nombre de propositions. Ancien ami du journaliste Norbert Zongo, assassiné sous le régime Compaoré, Cheriff Sy est à l’initiative de la loi sur le droit d’accès à l’information, et avait l’ambition d’abolir la peine de mort.

Mais la plus célèbre et aussi la plus controversée des lois votées par l’Assemblée nationale qu’il a dirigée, reste la modification du Code électoral. Le nouveau texte a été appliqué par le Conseil constitutionnel pour rejeter les candidatures aux élections législatives et celle présidentielle des anciens dignitaires du régime Compaoré.

 

L’activisme de Chérif Sy trouve une explication dans son passé. Ce journaliste, fondateur de l’hebdomadaire Bendré, est un ami de la famille Sankara. «C’est un activiste, confie un acteur de la société civile burkinabè. Cela ne date pas de la transition. Il a payé cher son engagement politique après la rectification en 1987, lorsque Thomas Sankara fut assassiné. On ne peut pas attendre de Cheriff Sy qu’il s’asseye et qu’il s’accommode de sa situation.»

 

Ancien responsable du CDR (Comité de défense de la révolution) à Paris, Chérif Sy a échappé au massacre de Koudougou où il avait rejoint la résistance organisée dans cette ville au lendemain de l’assassinat de Thomas Sankara. Son ami d’enfance, Paul Sankara, le frère de Thomas, le qualifie de «sankariste dans l’âme et dans l’action», de «résistant de longue date».

 

En somme, il se veut un réformateur intraitable du Burkina Faso pour la victoire de la démocratie et d’un développement socio-économique humain véritable et durable.

Bruno E. LOMA

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