Chasse aux dictateurs africains : Après Ben Ali, à qui le prochain tour ?

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Qui aurait cru qu’un jour que le général tyran Zine El Abdine Ben Ali de la Tunisie pourrait confondre vitesse et précipitation ? L’homme qui a passé 23 ans à la tête du pays s’est allé sur la pointe des pieds suite à une vindicte populaire. Un fait qui témoigne, s’il en était besoin que les tendances monarchiques qui se développent sur notre continent ne doivent pas perdurer.                                                                                      

On ne liquide pas son passé d’un tour de main.  Le film «western» joué, il y a quelques jours, à Tunis et qui s’est soldé par la tangente prise par un général, nous pousse à bien comprendre qu’il est temps de mettre fin à cette pagaille de certains dictateurs. Le Libyen Mouahammar El Khaddafi  détient la palme d’or avec 42 ans. Puis viennent l’Equato-Guinéen, Obiang Nguéma avec 32 ans ; l’Angolais, José Eduardo dos Santos (32 ans) ; le Zimbabwéen, Robert Mugabe (31 ans) ; l’Egyptien, Hosni Moubarak (30 ans) ; le Camerounais, Paul Biya (29 ans) ; l’Ougandais, Yoweri Museveni (25 ans) ; le Marocain , Mohamed VI (12 ans), le Tchadien, Idriss Itno Déby (21 ans) ; le Burkinabé, Blaise Compaoré (24 ans) ; le Rwandais ; Paul Kagamé (11 ans) ; l’Ethiopien, Girma Wolde  (17 ans) et le Gambien, Yaya Jammey (17 ans), etc. Sans oublier l’Ivoirien, Laurent Gbagbo qui s’accroche au pouvoir après avoir perdu la dernière élection présidentielle.                                               Aujourd’hui, c’est le cas tunisien qui doit nous interpeller tous et nous situer par rapport à quoi nos dirigeants se figent. On se scotche à son poste. On s’accroche ferme au pouvoir tout comme si le pays devient un bien paternel. Mais jusqu’à quand ? Et pourtant, le dictionnaire Larousse nous donne comme explication que la dictature désigne un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu’aucune loi ou institution ne les limite. En un mot, le multipartisme obtenu n’est pas la fin des dictatures. La dictature personnelle n’est en effet guère propice à l’émergence de dauphins potentiels que les autocrates ont tendance à écarter systématiquement – voire à éliminer physiquement – au fur et à mesure qu’ils risquent de leur porter ombrage. L’autre style qui se branle maintenant sous nos cieux est la prolongation du pouvoir. L’ex président nigérien Mamadou Tandja a vite compris la leçon et séjourne actuellement dans une prison à 30 kilomètres de Niamey. Qui l’aurait cru qu’un jour, cet homme se retrouverait la où il envoyait des paisibles citoyens vivre l’enfer?                                                                                                      

   Alors que faire pour que cesse une démocratisation de façade qui place l’Afrique en situation de se mentir en permanence à elle-même ? Les chefs d’Etat africains n’ont pas fini de surprendre, de par leur désir impertinent de s’accrocher au pouvoir. Du tripatouillage froidement exécuté de la loi fondamentale à la manipulation des résultats électoraux, en passant par la prise en otage des institutions, tous les moyens sont bons pour être président à vie. Et lorsque des citoyens doutent de la capacité physique et mentale du «timonier» à persévérer dans la conduite du navire, on n’hésite pas à les foutre en prison. A coups de tripatouillage constitutionnel, de référendum et d’adoption de textes de lois, ils imposent, toute honte bue, leur propre schéma à l’ensemble du parlement par le jeu de la majorité. Les déchets qui rôdent autour du pouvoir, semblent ne jamais craindre les lendemains qui déchantent. Ils savent bien exploiter les grandes faiblesses du peuple.  Arc-boutés sur leurs propres principes, ils savent si bien justifier la pérennité des pouvoirs en place.                                                                                                 

       En tout cas, l’heure d’une autre révolution s’annonce. Après l’ex-dictateur Tunisien, à qui le prochain tour ?  Est-ce le Laurent Koudou Gbagba ? Les semaines à venir nous édifieront.

 

Mamadou BABA

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