Ces africains qui se sont battus pour la France

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"Les Enfants du pays": c’est le titre d’un film qui raconte comment un groupe de soldats sénégalais a protégé une famille française pendant la deuxième guerre mondiale. La vedette du film, William Nadylam, espère qu’il contribuera à combler une lacune dans les esprits, en rappelant le rôle important joué par les troupes africaines durant ce conflit.

Nous sommes dans un village des Ardennes, dans le Nord de la France, en 1940. Les forces allemandes s’apprêtent à donner l’assaut. Un vieil homme, Gustave, et ses deux petits-enfants, Camille et Etienne, sont restés seuls dans leur village. Que va-t-il leur arriver? Un groupe de soldats sénégalais, des troupes coloniales, donc, arrive sur place, et va tenter de les protéger.

Acteurs et historiens

Le rôle de Malick, qui dirige ce groupe de "tirailleurs" est joué par William Nadylam, un acteur français déjà mondialement connu. Pour lui, le film contribuera un peu à corriger une anomalie: en effet, selon lui, la France ne reconnaît toujours pas à sa juste valeur la contribution des africains qui ont combattu pour elle.

"Le problème" estime William Nadylam, "c’est que chaque acteur noir doit porter un fardeau sur ses épaules: il doit être un peu historien".

"Bien sûr" ajoute-t-il, " je connais cette histoire. elle fait partie de mon histoire personnelle: des membres de ma famille ont combattu dans ces guerres, et l’histoire française ne le mentionne pas encore assez. Elle ne reconnaît pas notre rôle. Elle ne reconnaît pas que des atrocités ont été commises, ni le sacrifice de ces gens".

Rétablir l’équilibre

Revenons au film… lorsque les Sénégalais arrivent dans le village, les deux enfants et leur grand-père (joué par Michel Serraut) voient des noirs pour la première fois.

Les tirailleurs, quant à eux, font partie de ces nombreux soldats que la France, tout comme d’autres pays européens, ont fait venir de leurs colonies pour en faire des soldats.

On leur a promis une bonne paie, et la pleine nationalité française. Mais dans de nombreux cas, selon William Nadylam, ce n’est pas ce qui est arrivé.

"Nos recherches nous ont permis de découvrir des histoires tristes, poignantes", révèle l’acteur, "une fois de plus, nous nous sommes rendus compte du fait que ces histoires devaient être racontées, révélées au grand public".

Pour William Nadylam, il faut rétablir un certain équilire. Selon lui "nous autres Français, nous sommes assez forts quand il s’agit de juger les autres et leurs défauts, mais il nous reste encore du travail à faire sur nous-mêmes".

Emotion du public

L’acteur, qui écrit actuellement une pièce de théâtre dans laquelle un des personnages est justement un tirailleur sénégalais, estime que le but du film est de faire passer un message de tolérance.

Au début du film, explique-t-il, les soldats et la famille française sont des "étrangers" les uns pour les autres. Mais peu à peu, ils comprennent que "les mêmes choses nous font rire, ou nous font peur: nous nous ressemblons bien plus qu’on ne l’aurait cru".

William Nadylam ajoute qu’il a été étonné de l’accueil "très positif" que le film a reçu du public. Pour lui, c’est en grande partie grâce au metteur en scène Pierre Javaux, qui a aussi écrit les dalogues.

En lui rendant hommage, l’acteur explique que "Javaux a voulu présenter le film au public sans vouloir les troubler. Au lieu de raconter une histoire horrible, et de donner aux gens un sentiment de culpabilité ou de pitié, il a voulu au contraire leur faire ressentir une certaine sympathie, une certaine solidarité".

"Quand nous avons montré le film, certains spectateurs ont pleuré. Je ne m’y attendais pas".

Un droit mérité

"Bien sûr" ajoute William Nadylam, "le film n’est pas un film commercial, qui se vendrait comme le dernier Batman ou James Bond. Mais les gens sont réellement émus. Il restera dans les esprits. Les gens iront le voir en famille, avec leurs enfants".

Enfin, souligne l’acteur, "Ce n’est pas un film agressif, parcequ’il n’est pas vindicatif. A la fin, les gens ont une réelle sympathie pour ces soldats venus se battre pour la France. Et ils se disent que le noir qui travaille, qui leur tient la porte, qui conduit le taxi, est français, lui aussi, qu’il a le droit d’être en France, un droit qu’il mérite".

Source: BBC

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