Pour les troupes françaises de l’opération Sangaris, la mission en République Centrafricaine ne se déroule pas comme prévu. Après que les ex-rebelles de la Séléka ait été rapidement désarmés, on avait pensé que les deux premières victimes françaises relevaient d’un incident de parcours. Mais visiblement, il n’en est rien. Depuis quelques jours, l’accalmie qui y avait été observée tout au début de l’opération est plutôt des plus précaires. Attaques et affrontements ciblés se multiplient, en particulier dans la capitale Bangui. Entre les troupes étrangères (françaises et africaines) et les auteurs de ces incidents, c’est le cache-à-cache. Mais depuis hier, il y a autrement plus grave, notamment pour les soldats français. En effet, alors que les soupçons courraient depuis un certain temps, une patrouille française a été prise à partie hier pour « parti pris ». En clair, l’armée française est de plus en plus accusée d’avoir délibérément désarmé les ex-Séléka pour les laisser à la merci des milices anti-balaka d’obédience chrétienne. Des accusations que l’état major français dément bien entendu.
Le rêve raté de François Hollande
Si François Hollande rêvait d’une mission dont il capitaliserait le succès comme ce fut le cas avec Serval, c’est peut-être raté. En tout cas, au rythme où vont les choses, il ne risque pas de déclarer un jour à Bangui, ”qu’il vit le plus beau moment de sa carrière politique”. Pourtant, ce n’est pas que tout ait fatalement échoué dans la mission en RCA. En fait, il est certain que sans la présence des troupes françaises, le bilan aurait été autrement plus dramatique que ce que l’on vit aujourd’hui à Bangui et dans certaines localités en province; mais c’est que l’unanimité avec laquelle les troupes françaises avaient été accueillies se fissure de plus en plus. L’armée de Hollande est progressivement perçue comme ne voulant secourir que la communauté chrétienne.
Pas de stratégie consciemment mise en place contre les Seleka
S’il est plutôt difficile de prouver ces accusations comme relevant d’une stratégie consciemment mise en place; par contre, il est évident que la France pèche dans son approche. En choisissant de procéder tout d’abord au désarmement des ex-Séléka, elle est courrait le risque d’exposer pendant un certain temps, ces derniers à la folie vengeresse des anti-balaka.
Ces milices se réclamant de la communauté chrétienne profitent en effet du désarmement de leurs rivaux pour se livrer à des attaques en règle non pas seulement contre des supposés rebelles, mais aussi et surtout contre des populations dont la seule faute est d’appartenir à une certaine confession religieuse. Naturellement, dans un tel contexte, les victimes ne peuvent s’en prendre qu’aux soldats français. Pour eux, que cela soit intentionnel ou non, les troupes françaises facilitent, sinon encouragent, le massacre qu’elles endurent.
Une situation sur laquelle les autorités françaises devraient particulièrement veiller, au-delà des démentis formels servis dans les médias. Parce que c’est un peu comme cela que le regrettable génocide rwandais avait vu le jour. Alors, attention danger !
Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info