Comme il l’avait annoncé, ce lundi, lors de son auto-proclamation à la tête du pays, Michel Djotodia a officiellement reconduit Nicolas Tiangaye au poste de Premier ministre. Trois jours après le renversement du régime de François Bozizé, le calme revient peu à peu dans les rues de Bangui où les activités économiques tardent à reprendre.
«J’ai été reconduit Premier ministre, le décret a été signé», a déclaré Nicolas Tiangaye. Annoncée mercredi, cette nomination a pris effet dès mardi à l’issue d’une énième rencontre avec le président auto-proclamé, Michel Djotodia.
Nommé Premier ministre, le 17 janvier dernier, sous la gouvernance de l’ex-chef d’État désormais en fuite, François Bozizé, Nicolas Tiangaye a bénéficié des accords de Libreville, signés le 11 janvier, pour faire partie du nouveau gouvernement d’union nationale.
S’il a confié, dans un entretien accordé à RFI, ne pas cautionner le coup d’État mené, ce dimanche, par les rebelles de la Séléka, le chef du gouvernement centrafricain a assuré qu’il s’inscrivait dans ces accords de Libreville pour mener à bien la transition politique nécessaire à la tenue d’élections démocratiques.
Des élections qui devraient avoir lieu à l’issue des trois prochaines années, comme l’a rappelé, ce lundi, le nouveau chef d’État, Michel Djotodia. «Nous nous engageons à conduire désormais les destinées du peuple centrafricain pendant cette période de transition consensuelle de trois ans conformément aux accords politiques de Libreville», a-t-il confié devant la presse.
Il a également déclaré qu’il jugeait «nécessaire de suspendre la Constitution du 27 novembre 2004, de dissoudre l’Assemblée nationale ainsi que le gouvernement», ajoutant qu’il allait légiférer par ordonnance lors de cette période de transition.
Bangui se relève petit à petit
En attendant, la vie tente de reprendre progressivement son cours au sein de la capitale centrafricaine. Alors que les autorités fraichement arrivées au pouvoir mettent en place leur nouvelle organisation politique, la sécurisation militaire de Bangui prend timidement forme.
Si plusieurs patrouilles menées par des soldats de la coalition rebelle de la Séléka ainsi que par des troupes de la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac) arpentent les rues de la capitale, les pillages continuent de semer le trouble dans la cité. Malgré un couvre-feu imposé depuis deux nuits, des coups de feu sporadiques ont accompagné les patrouilles tentant de quadriller la capitale.
«On ne peut pas parler de normalisation», a déclaré Christian Panika, journaliste pour AFP, à l’antenne de France24. «Les habitants se déplacent encore à pied, les taxis et les taxi-bus ne sortent pas comme il faut pour favoriser le transport urbain», a-t-il ajouté.
L’électricité a bel et bien été rétablie dans la capitale, ce mercredi, mais la pénurie de vivres laisse craindre une situation humanitaire déplorable. Les habitants de la capitale attendent ainsi des mesures rapides des nouvelles autorités pour sécuriser la ville et faire redémarrer l’économie et le travail de chacun.
Car, si les marchés ont notamment rouvert, leur activité reste bien trop faible avec des prix très élevés. Par crainte des multiples pillages, les magasins du centre-ville sont toujours fermés et protégés par des hommes de la Séléka et des gardes privés. Quant aux administrations publiques, elles n’ont toujours pas repris leurs services.
À l’image de la situation politique, Bangui se reconstruit au fil des jours. Si le coup d’État de ce dimanche a chamboulé la scène diplomatique, les conditions humanitaires et sécuritaires restent les priorités annoncées des nouvelles autorités.
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