BANGUI – Le général Jean-Félix Akaga, commandant de la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac) déployée en Centrafrique, a averti mercredi la rébellion centrafricaine que toute tentative de prendre la ville de Damara, dernier verrou à 75 km de Bangui, serait considérée comme une déclaration de guerre.
Nous ne cèderons pas Damara, que ce soit clair. Si les rebelles attaquent Damara, c’est une déclaration de guerre, cela veut dire qu’ils ont pris la résolution d’engager les 10 Etats d’Afrique centrale. Je ne pense pas sincèrement qu’ils en arriveront là, a-t-il déclaré lors d’un point de presse à Bangui.
Les pays d’Afrique centrale ont envoyé des renforts, déployés à Damara, pour protéger la capitale centrafricaine menacée par les rebelles de la coalition Séléka. Ces derniers, positionnés à Sibut, à 160 km au nord de la capitale, contrôlent une large partie du pays et réclament le départ du président François Bozizé.
Les effectifs de la Fomac, dont le gros des troupes est tchadien, devraient atteindre 760 hommes à la fin de la semaine.
Bangui militairement est protégée, a assuré le général Akaga, réaffirmant que la Fomac s’interposait pour empêcher une reprise des hostilités alors que le front s’est stabilisé depuis la fin de la semaine dernière,
La ligne rouge est valable pour les Faca (les forces régulières centrafricaines) et pour les rebelles. (…) Nous empêchons dans les deux sens de franchir la ligne rouge, a-t-il souligné.
Les pays d’Afrique centrale réclament la tenue de pourparlers à Libreville, au Gabon, entre le gouvernement centrafricain et la rébellion, pour trouver une issue à la crise ouverte par l’offensive du Séléka lancée le 10 décembre.
Nous sommes dans un statu quo. Je pense qu’il y a une volonté de part et d’autre d’attendre les négociations à Libreville, a dit le général Akaga.
Le président Bozizé s’est déclaré prêt à un dialogue sans condition en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale. La rébellion a dit jusqu’à présent ne pas croire à ses promesses et réclame son départ. Son porte-parole Eric Massi a brandi la menace d’une marche sur Damara et Bangui.
Nous n’avons pas de contact direct avec les rebelles, et personne ne peut avoir de chiffre exact (sur leur nombre). Ca m’étonnerait que les rebelles sachent combien ils sont, c’est un mélange de plusieurs tendances, a-t-il dit.
Le chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby Itno, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) et allié du président Bozizé, qu’il a aidé à prendre le pouvoir en 2003, avait déjà prévenu lundi que Damara constituait une ligne rouge à ne franchir par aucune des deux parties.
Les troupes tchadiennes sont officiellement déployées dans le cadre de la Fomac, mise en place en 2008 pour aider à la stabilisation du pays, et qui était dans un processus de retrait définitif au moment du début de l’offensive rebelle.
La France, ancienne puissance coloniale, dispose aussi de près de 600 soldats sur place pour protéger et éventuellement évacuer ses ressortissants.
(©AFP / 02 janvier 2013 11h48)