Centrafrique: échec possible des pourparlers de paix

0

Un sérieux échec menaçait jeudi les cruciaux pourparlers de paix centrafricains de Libreville, en l’absence de concessions du pouvoir et des rebelles qui continuent d’exiger le départ du président François Bozizé et sa traduction devant la Cour pénale internationale.

Interrompues sans accord mercredi vers minuit, après 12 heures de discussions, les négociations ont repris jeudi matin, selon un responsable de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), organisatrice de cette tentative de sortie d’une profonde crise politico-militaire dans l’un de ses plus pauvres Etat-membres.

Le président Bozizé, très fragilisé face à la rébellion du Séléka qui a enlevé en quelques semaines la majeure partie du pays, est attendu en début d’après-midi à Libreville pour un sommet des chefs d’Etat de la région, selon la même source.

Ses homologues congolais, Denis Sassou Nguesso, médiateur dans ce conflit, et tchadien Idriss Deby sont arrivés jeudi matin, a constaté l’AFP. Idriss Deby, président en exercice de la CEEAC, avait en 2003 aidé Bozizé à prendre le pouvoir par un coup d’Etat à Bangui.

Les médiateurs espèrent au moins obtenir un cessez-le-feu.

” Le cessez-le-feu est très important, il pourrait aider à calmer l’anxiété des gens qui ont vraiment peur (…). Que les forces se retirent sur des positions neutres et que les gens puissent revenir chez eux”, a déclaré la Représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en République centrafricaine, Margaret Vogt.

“C’est un objectif très modeste, ensuite on pourra parler du reste”, a-t-elle ajouté.

“Le gouvernement centrafricain ne veut rien entendre des revendications des rebelles, ces négociations vont accoucher d’une souris”, estimait mercredi soir, pessimiste, un responsable de la CEEAC.

Le Seleka a clairement répété son leitmotiv : le départ de Bozizé, lequel refuse catégoriquement, estimant qu’il a “perdu une bataille mais pas la guerre”.

“Il n’y a pas d’autre alternative, rien que le départ de Bozizé. L’unique mal des Centrafricains, c’est Bozizé, c’est tout”, a déclaré un porte-parole de la rébellion, Florian Ndjadder.

Dans un mémorandum présenté mercredi aux participants en début de séance, la coalition rebelle demandait “la reconnaissance” par François Bozizé “et son régime de leur défaite militaire et leur abdication dans l’intérêt du peuple centrafricain”. Elle recommande même au chef de l’Etat de “se trouver une terre d’asile”.

Le Séléka exige aussi “qu’une procédure soit engagée devant la Cour pénale internationale de la Haye contre François Bozizé”.

La rébellion, étayant sa demande de rapports d’Amnesty International sur les violations des droits en Centrafrique, accuse le président de “faits de crimes de guerre et crimes contre l’humanité”, en lui reprochant “arrestations, détentions et séquestrations arbitraires, enlèvements, disparitions, assassinats et exécutions sommaires”.

En ouverture de la rencontre à la Cité de la démocratie, le ministre congolais des Affaires étrangères qui dirige la réunion, Basile Ikouébé, avait appelé rebelles et opposition à “s’en tenir aux règles de l’Union africaine par rapport au changement de régime”, allusion à l’exigence de la rébellion que Bozizé parte.

Dans son mémorandum, le Séléka reproche de nouveau au pouvoir le non-respect de divers accords de paix signés entre le gouvernement et les rébellions, notamment l’accord de paix global de Libreville de 2008. Les débats devaient porter principalement sur la renégociation de ces accords de paix.

Les accords de Libreville comprenaient la mise en place d’un programme de Désarmement, démobilisation, réinsertion en faveur des anciens rebelles qui, selon eux, n’a jamais été respecté.

M. Ikouébé a en effet demandé “aux uns et aux autres, surtout à l’opposition et aux groupes armés de respecter les engagements pris par les chefs d’Etats à N’Djamena, d’axer leurs discussions sur les accords de 2008 de Libreville”.

Le 21 décembre, les chefs d’Etats de la CEEAC, réunis dans la capitale tchadienne, avaient demandé à la rébellion de quitter les zones occupées. En l’absence de cessez-le-feu, le Séléka avait cependant continué sa progression en balayant l’armée régulière.

Commentaires via Facebook :