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Ce que l’on sait sur le coup d’Etat en Guinée et la capture du président Alpha Condé

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Des officiers des forces spéciales guinéennes ont affirmé dimanche 5 septembre avoir capturé le président Alpha Condé, pris le contrôle de la capitale Conakry et « dissoudre » les institutions. Ce coup d’Etat, condamné par la communauté internationale, pourrait sonner la retraite d’un leader controversé et d’un vétéran de la politique africaine. « L’Obs » fait le point.

Le président Alpha Condé capturé

Tôt dans la matinée dimanche, des tirs nourris d’armes automatiques ont retenti sur la presqu’île de Kaloum, centre névralgique de la capitale guinéenne Conakry, où siègent la présidence, les institutions et les bureaux d’affaires de ce pays d’Afrique de l’Ouest en proie depuis des mois à une grave crise économique et politique.

De son côté, le ministère de la Défense affirme dans un communiqué que « les insurgés ont semé la peur » à Conakry avant de prendre la direction du palais présidentiel, mais que « la garde présidentielle, appuyée par les forces de défense et de sécurité, loyalistes et républicaines, a contenu la menace et repoussé le groupe d’assaillants ».Les forces spéciales guinéennes ont par la suite affirmé avoir capturé le président Alpha Condé dans une vidéo adressée à un correspondant de l’AFP. Les putschistes, auprès desquels ce correspondant a confirmé la provenance de ces images, ont diffusé une vidéo du président Condé entre leurs mains. Ils lui demandent s’il a été maltraité, et Alpha Condé, en jeans et chemise dans un canapé, refuse de leur répondre.

Dissolution des institutions et fermeture des frontières

Dans la vidéo adressée à l’AFP, les putschistes affirment « dissoudre » les institutions et fermer les frontières terrestres et aériennes. « Nous avons décidé après avoir pris le président, qui est actuellement avec nous […] de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions », dont le gouvernement, a déclaré le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, au nom d’un « Comité national du rassemblement et du développement » (CNRD), aux côtés de putschistes en uniforme et en armes.


Un couvre-feu mis en place

Dénonçant la « gabegie », le lieutenant-colonel Doumbouya a promis d’« engager une concertation nationale pour ouvrir une transition inclusive et apaisée », dans une déclaration à la télévision nationale qui a brièvement interrompu ses programmes.

Dans la soirée, les putschistes ont annoncé au journal télévisé un couvre-feu « à partir de 20 heures sur toute l’étendue du territoire national », le remplacement des membres du gouvernement par les secrétaires généraux de chaque ministère pour expédier les affaires courantes et celui des préfets, sous-préfets, et gouverneurs de région par des militaires.

En outre, ils « appellent les fonctionnaires à reprendre le travail dès ce lundi [6 septembre] » et convoquent les ministres sortants et les présidents des institutions à une réunion à 11 heures, sous peine d’être considérés comme en « rébellion contre le CNRD ».

Condamnations internationales

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a « fermement » condamné « toute prise de pouvoir » en Guinée « par la force du fusil », appelant « à la libération immédiate du président Alpha Condé ».

Le président en exercice de l’Union africaine (UA), Félix Tshisekedi, et le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, « condamnent toute prise de pouvoir par la force et demandent la libération immédiate du président Alpha Condé » et appellent à une réunion d’urgence de l’organisation.

Le président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le Ghanéen Nana Akufo-Addo « exige le respect de l’intégrité physique » du chef de l’Etat guinéen, sa libération immédiate et « le retour à l’ordre constitutionnel sous peine de sanctions ».

La France a dit se joindre à la condamnation de la Cédéao et à l’appel à « la libération immédiate et sans condition du président Condé », à l’instar du chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, qui « invite tous les acteurs à agir dans le respect de l’Etat de droit, de l’intérêt de la paix et pour le bien-être de la population guinéenne ».

Scènes de liesse dans les rues

A Conkary, de nombreux habitants, notamment dans les banlieues réputées favorables à l’opposition, sont descendus dans la rue pour acclamer les militaires des forces spéciales.

« Nous sommes fiers des forces spéciales, honte à la police, honte à la milice de l’ancien président Alpha Condé, mort aux tortionnaires et aux assassins de notre jeunesse », s’exclamait un manifestant auprès de l’AFP.

L’équipe de football marocaine a pu quitter la Guinée

La sélection du Maroc, un temps bloquée à Conakry par le coup d’Etat militaire en cours, où elle devait affronter la Guinée lundi lors des éliminatoires du Mondial-2022, a pu quitter le pays dimanche selon un responsable de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Mohamed Makrouf.

De l’opposition à la répression

Depuis des mois, la Guinée, parmi les pays les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables, est en proie à une profonde crise politique et économique, aggravée par la pandémie de Covid-19.

Alpha Condé, ancien opposant historique, est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu en Guinée après des décennies de régimes autoritaires.

Des défenseurs des droits humains fustigent sa dérive autoritaire remettant en cause les acquis du début, mais Alpha Condé se targue d’avoir fait avancer les droits humains et d’avoir redressé un pays qu’il dit avoir trouvé en ruines.

En 2020, des manifestations de l’opposition et la mobilisation contre l’adoption par référendum en 2020 d’une nouvelle Constitution, dont Alpha Condé a tiré argument pour briguer et obtenir un troisième mandat, ont rencontré une répression sanglante.

M. F.

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