Le monde entier a été et continue, à moindre mesure, à être tenu de longue haleine par le brasier révolutionnaire qui ne finit pas de tancer les dirigeants du Maghreb et du Proche-orient. Beaucoup de choses ont été dites sur les causes et les conséquences de ce véritable raz de marée qui a balayé successivement deux dinosaures politiques de l’Afrique du nord, à savoir Ben Ali et Moubarak, avec comme corollaire : « le nivellement totale des rapports de forces politiques en Tunisie et en Egypte ».
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rnIl faut dire qu’avec les différentes analyses parues dans différents journaux du monde entier, dont le notre dans son dernier numéro (voir le N°42 du Flambeau), chacun a pu se faire une idée plus ou moins claire sur le déclic qui a jeté de l’huile sur le « feu magrébin ». En revanche, je pense que nombreux critiques et observateurs politiques sont entrain de passer sous silence certains aspects de ce problème et ce, de façon volontaire très souvent.
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rnParmi ces aspects, qui sont, entre autres, les mutations culturelles des jeunes de ces pays, l’essoufflement du mode de gouvernance à l’occidental, le rôle joué par les puissances occidentales à travers leur stratégie de politiques étrangères dans l’avènement de cette situation n’est pas à négliger. Stupéfait par l’état des choses, la question majeure qui me lessive les neurones est la suivante : « Comment et pourquoi des pays comme les Etats-Unis, la France et l’Italie en sont venus à soutenir sinon du moins à collaborer avec des pays comme la Tunisie, l’Egypte et même la Libye ? ».
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rn « La France n’a pas d’amis elle n’a que des intérêts… » Lançait le général De Gaule, au moment où il avait le vent en poupe, à qui voulait l’entendre. Si ce propos, mercantile à plus d’un titre est à situé dans une perspective historique, avec l’évolution des choses et la direction prise par la politique étrangère de sa très chère patrie, il y’a lieu de dire que De Gaule n’a fait que clamer tout haut ce que nombre de dirigeants occidentaux marmonnaient tout bas.
En effet, la France de Mr Sarkozy, sans oublier tous ceux qui l’ont précédé, avait jusqu’alors tissé avec la Tunisie de Ben Ali des relations commerciales qui consistaient en une des plus actives politiques de délocalisation jamais réalisée entre deux pays. Les secteurs concernés étaient notamment l’industrie automobile et aéronautique qui est le fleuron de l’économie de l’hexagone. Ainsi, au-delà de la frénésie du goût touristique des français pour les stations balnéaires du pays du « jasmin », les intérêts économiques de la France ont été privilégiés par l’Élysée au détriment de l’Etat de droit et des droits de l’homme. Après la gaffe monumentale de François Mitterrand qui disait : « qu’il fallait deux Allemagnes pour un monde apaisé » alors qu’il ne restait que six mois avant que les allemands ne fassent tomber le mur de Berlin donnant par la même occasion le coup de grâce à la division de l’Allemagne.
Le chef d’Etat français a sans détour fait son mea culpa le dimanche 27 Février dernier suite à une fronde menée par les ténors du parti socialiste d’une part, mais aussi par un groupe de diplomates français mécontents de la façon dont Sarkozy et son entourage mènent la diplomatie française.
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rnLes premiers réclamaient la tête de Michelle Alios Marie étant donné qu’en tant que chef de la diplomatie, elle a osé offrir gracieusement une aide policière de la France à Ben Ali alors que la révolte battait son plein. Les seconds se sont réunis de manière informelle autour d’un cercle de protestation dénommé « groupe de Marly » afin de dire au président de la république que sa stratégie politique est impulsive et sans perspective consistante.
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rnEn ce qui concerne l’Italie de Berlusconi, il a été l’un des premiers pays à frapper à la porte de la Libye de Kadhafi, après la levée de l’embargo qui pesait sur lui, avec comme seul objectif majeur la signature de plusieurs contrats d’exploitation pétrolière avec Tripoli.
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rnLes Etats-Unis quand à eux, pensaient qu’en aidant Mr Moubarak à contenir les intégristes islamistes notamment « les frères musulmans », ils arriveront efficacement à faire face à Al-Qaïda dans la région. Le budget colossal que le pays de l’oncle SAM injectait dans les forces de défense égyptiennes s’élevait à plus de 60 milliards de dollars US par an.
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rnPour en revenir à l’Italie et à l’Union Européenne de façon générale, la tendance était de penser que le régime libyen servait à empêcher l’immigration irrégulière des populations des pays de l’Afrique sub-saharienne.
Si Karl Max disait « qu’en politique seul le résultat compte, peut importe les moyens employés » il faut avouer que dans le cas d’espèce, les Etats-Unis, la France et l’Italie ont non seulement raté « le bon résultat » mais aussi « l’estime, la confiance, et le peu de respect » que les populations de leurs anciennes colonies pouvaient avoir pour eux.
Les exigences démocratiques qui conditionnent l’octroi de l’aide financière et technique de ces trois (3) pays ne sont ni plus ni moins que des stratégies déguisées pour amener les pays bénéficiaires à céder leurs ressources naturelles et autres privilèges économiques.
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rnPar ailleurs, je pense que ces manigances ont assez duré, car non seulement le monde entier a découvert le poteau rose, mais aussi et surtout l’opinion publique du Maghreb et des trois pays fautifs commence à prendre conscience du désastre. Les tunisiens, égyptiens et libyens se révoltent aujourd’hui contre leurs mauvais dirigeants, demain se sera sûrement contre les puissances étrangères qui ont cautionné le purgatoire. Dans ce cas, adieu les contrats juteux, finit les vacances dorées de ministres aux frais des pauvres et « bonjour » à une haine déracinable, pire que l’islamisme, contre l’occident. Au lieu de veiller à l’intérêt suprême de leurs concitoyens et de jeter les bases d’une relation honnête avec le monde arabe, Obama, Sarkozy et Berlusconi jouent avec le feu qui, tôt ou tard, les brûlera eux-mêmes ou leur successeurs. Dans tous les cas le pire est plus moins sûr.
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rn Daouda Kinda
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