Au Mali, à Bamako plus particulièrement, l’ancien guide de la révolution libyenne Mouammar Kadhafi y a beaucoup investi. Des investissements pour l’amélioration des conditions de vie des populations maliennes visibles un peu partout, à travers la construction des routes, de mosquées, d’écoles coraniques, d’hôtels, la cité ministérielle, etc. Il a aussi investi dans les infrastructures de développement comme le projet d’aménagement de 100 000 hectares dans la zone du delta de l’Office du Niger, la faculté de langue arabe de Badalabougou, la Grande mosquée de Ségou et l’aménagement du canal de Tombouctou. Des réalisations importantes qui ont changé complément le visage de Bamako et de tout le pays.
Avec une superficie de 267 km2 et une population de plus d’un million d’habitants, Bamako, la capitale du Mali, est aujourd’hui une ville qui aspire à la modernité. Aussi, aujourd’hui, le visiteur, qui débarque au Mali, est marqué par les changements intervenus dans ce pays au cours de la dernière décennie. Force est de constater que la capitale malienne est devenue vraiment une ville moderne, avec de belles routes, de grands bâtiments, de nombreux échangeurs, des boulevards et des ponts. Force est aussi de reconnaître que Bamako a complément changé de visage, avec tous ces beaux édifices qui se dressent au cœur de la ville. D’ailleurs, à l’occasion de l’Afrobasket 2011 que Bamako a abrité du 23 septembre au 2 octobre dernier, la majeure partie des journalistes sportifs sénégalais qui n’avaient plus foulé le sol malien depuis la Coupe d’Afrique des nations 2002, ont eu du mal à reconnaître cette ville.
De fait, l’étranger, qui découvre Bamako pour la première fois, est frappé par les travaux qui sont en cours. Partout, des grands bâtiments poussent, de nouveaux quartiers sortent de terre, comme à Baco-Djikoroni, Kalaban-Coura Sud, Baco-Djicoroni-Extension Ouest, ACI 2000, etc. Il faut dire que l’avènement de ses quartiers résulte en partie d’un projet inspiré du modèle des villes modernes à l’occidentale. Ce qui a permis à la capitale malienne de prendre une autre allure. L’aménagement de la ville s’est aussi matérialisé par les nombreux échangeurs et boulevards déjà construits ou en construction. Projets et chantiers titanesques marquent le renouveau de la cité des trois caïmans. Le gigantesque projet de construction de l’échangeur multiple, du troisième pont de Bamako et la Cité administrative, de l’hôpital du Mali, est emblématique de la vision futuriste des autorités maliennes. Bamako abrite des hôtels de haut standing, pour la plupart neufs.
La Cité des trois caïmans, un des projets phare en cours d’érection à Bamako, n’est pas seulement la capitale administrative, elle est aussi et surtout le cœur commercial du pays. C’est ainsi qu’un centre d’affaires qui abrite les sièges sociaux de toutes les banques et grandes entreprises du pays est en train de voir le jour. Elle possède le marché le plus fréquenté, le «Grand Marché de Bamako», qui s’est modernisé à grande vitesse avec la construction de centres commerciaux de haut standing. Ces beaux édifices qui se dressent au cœur de la ville de Bamako participent au programme d’aménagements et d’embellissement de Bamako dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance du Mali.
La Cité ministérielle un projet de 53 milliards Cfa de Kadhafi…
Des changements qui portent la touche de l’ancien guide de la révolution Libyenne, Mouammar Kadhafi. Ce dernier a investi des centaines de milliards au Mali dans le domaine hôtelier, des hydrocarbures et dans le secteur agricole. Mais la plus grande réalisation de l’ancien guide de la Jamahiriya arabe libyenne, reste la cité ministérielle.
Située dans le quartier de Djikorini, au bord du fleuve Niger, la cité administrative Mouammar Kadhafi est un véritable bijou qui ne laisse aucun étranger indifférent. Ce joyau, qui a été baptisé du nom l’ancien guide de la Jamahiriya Libyenne, a été financé par Kadhafi à hauteur de 53 milliards de francs Cfa. Elle abrite la Primature et l’essentiel des départements ministériels, mais aussi les directions de certaines structures administratives du pays. Chaque bâtiment ministériel est construit sur quatre niveaux et comprend au moins 80 bureaux, soit une vingtaine de bureaux par étage. Le bâtiment de la Primature a été bâti sur cinq niveaux et comporte 115 bureaux. Cette Cité administrative, officiellement inaugurée le 22 septembre 2010 par Mouammar Kadhafi, et le président de la République, Amadou Toumani Touré dans le cadre des festivités du Cinquantenaire de l’Indépendance du Mali, dispose de toutes les commodités.
…Débaptisée après la chute du guide Libyen
Mais comme le disait le général Charles de Gaulle, les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Pour preuve, le gouvernement malien a débaptisé cette Cité administrative Mouammar Kadhafi après la chute de l’ancien homme fort de Tripoli. D’ailleurs, la photo de l’ancien guide Libyen a été tout simplement arrachée après sa chute. D’où la colère de nombre de Maliens qui n’apprécient pas ce qu’ils qualifient de manque de reconnaissance.
«Ce n’est pas normal, le gouvernement malien ne devait pas changer le nom de la Cité administrative Mouammar Kadhafi. Parce que Kadhafi a des problèmes ou parce qu’il a perdu le pouvoir, on veut l’effacer. Je pense que c’est même lâche, car nous avons eu cette cité grâce à Kadhafi. Mais nous savons très bien que tout cela est l’œuvre des Français. Ils sont contre Kadhafi, mais nos responsables ne doivent pas les suivre. Car après tout ce qu’il a fait pour le Mali, notre pays devait l’accueillir et lui offrir l’asile. Parce que le Mali est son pays. Kadhafi a fait beaucoup pour le Mali. Il a fait pour le Mali ce qu’aucun Malien n’a fait pour ce pays. Je ne sais pas ce qui s’est passé à Paris, mais j’ai noté que le président ATT qui soutenait Kadhafi a complément changé de discours après la rencontre de Paris. D’ailleurs, c’est après cette rencontre qu’on a changé le nom de la Cité administrative et qu’on a enlevé la photo de Kadhafi. C’est vraiment ingrat et injuste», peste le taximan, Mouhamadou Traoré.
Plus de 50 milliards investis dans l’hôtellerie par Tripoli
Les réalisations de l’ancien guide libyen ne s’arrêtent pas seulement à la Cité administrative. Kadhafi a financé les travaux du canal drainant les eaux du fleuve Djoliba jusqu’à Tombouctou, ville où se trouve son palais et a aussi construit la tour de l’Afrique. C’est lui également qui a offert au Mali le bâtiment et les équipements de sa première chaîne l’Ortm (l’Office de radio et télévision du Mali), en 1984. Mais son plus grand investissement reste dans le domaine de l’hôtellerie. Les fonds qu’il y a injectés sont estimés à plus de 50 milliards de francs Cfa pour la dernière décennie, selon un haut responsable du gouvernement malien.
L’ancien guide libyen a en effet racheté presque tous les hôtels du Mali. Il a ainsi acquis la plus grande structure hôtelière du pays, l’Hôtel Laico de l’Amitié et l’ex-hôtel Kimpeski situé en bordure du fleuve Niger, rebaptisé hôtel El Farouk. Le président Kadhafi et ses partenaires Libyens ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Ils ont aussi racheté l’hôtel Azalaï de Tombouctou et le Mariétou Palace de l’ex-riche homme d’affaire malien, Babani Sissoko. Cet hôtel serait d’ailleurs à l’origine de ses déboires, selon certains Maliens (voir encadré).
L’acquisition de l’hôtel Mariétou Palace a perdu Kadhafi, selon certains Maliens
Très imprégnés des questions mystiques et des croyances traditionnelles africaines, les Maliens trouvent souvent des explications au-delà du rationnel à bien des situations. Tel est le cas avec la chute du guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi, leader de la Jamahiriya déchu par une rébellion menée à partir de Benghazi par le Conseil national de transition (Cnt), désormais maître en Libye.
Pour bien des Maliens en effet, c’est l’acquisition de l’hôtel Mariétou Palace, qui appartenait à l’ex-milliardaire et homme d’affaires Malien, Babani Sissoko, qui serait à l’origine de la déchéance de Kadhafi et de sa perte du pouvoir. Pour le commun des Bamakois en effet cet hôtel est hanté et porte-malheur. À Bamako, on fait ainsi valoir que les déboires du tout-puissant et riche homme d’affaires, Babani Sissoko, ont commencé lorsqu’il s’est lancé dans la construction de cet hôtel, sur le site situé sur les bergers du fleuve Djoliba (Niger). Babani Sissoko a été ruiné et a tout perdu par la suite et il n’est d’ailleurs plus qu’un simple député à l’Assemblée nationale malienne, aujourdhui.
«Kadhafi a perdu le pouvoir parce qu’il a acheté l’hôtel Mariétou Palace qui est hanté. Je ne sais pas ce qui l’a poussé à acquérir cet hôtel et s’il a été bien conseillé, mais à Bamako et même partout à travers le Mali, tout le monde sait que cet hôtel porte malheur. Tous ceux qui deviennent propriétaires sont frappés par la malédiction. Cela a été le cas de Babani Sissoko qui a perdu tous ses biens lorsqu’il a acheté l’hôtel et l’a baptisé du nom de sa mère. D’ailleurs, tous ceux qui ont été propriétaires de cet hôtel n’ont jamais réussi à terminer les travaux. L’hôtel, qui est là depuis plusieurs années, n’a à ce jour jamais été achevé. Tous ses propriétaires subissent un malheur avant même de le terminer et se retrouvent dans le dénuement total. C’est vraiment dommage, mais Kadhafi ne devait pas acheter l’hôtel Mariétou Palace. C’est ce qui l’a perdu», se désole le vieux Modibo Camara, qui connaît bien l’histoire de ce grand hôtel qui borde le fleuve et dont le point de vue recoupe très bien celui de l’écrasante majorité des Bamakois que nous avons interrogés.
Réalisé par Amédine SY (Envoyé Spécial à Bamako)
Source: Le Populaire via seneweb.com (SENEGAL) – 18 octobre 2011