Croire au potentiel de l’Afrique c’est bien, faire le travail nécessaire pour la libération du continent c’est encore mieux. Et c’est en cela que le militant panafricaniste Fotsing Nzodjou a engagé sa vie. Avec une enfance particulière et des expériences à donner la chair de poule, Fotsing a répondu aux questions de MyAfricaInfos.
Pour connaitre ce grand homme, l’équipe de www.myafricainfos.com est allé à sa rencontre.
Bonjour M Fotsing Nzodjou ! Permettez à nos lecteurs de mieux vous connaitre !
Je réponds au nom et prénom de Fotsing Nzodjou. Né le 10 janvier 1988 à l’Ouest du Cameroun plus précisément dans le royaume Bamendjou.
Je réside dans la sous-région Afrique centrale où j’effectue de nombreuses navettes entre le Cameroun, le Congo et la Guinée équatoriale. J’y tiens dans ces pays, des conférences sur le panafricanisme, ses enjeux économiques et culturels.
Donnez-nous une idée de votre profession et de vos engagements!
De formation, je suis technicien des métiers du cinéma et de l’audiovisuel mais actuellement je travaille comme consultant en entreprenariat, éditeur et informaticien. J’ai plusieurs cordes à mon arc aussi suis-je également conférencier, consultant média et animateur culturel et bien entendu Administrateur délégué de la Ligue des Jeunes Entrepreneurs Camerounais. L’essentiel de mon temps est consacré à la recherche et la rédaction des textes d’éveil et de conscientisation des Africains pour mes différents blogs ou mes prochains livres. Je suis engagé en tant que militant de la cause africaine depuis 2011.
Comment en êtes-vous arrivé là ?
Je suis issu d’une famille démunie où mes parents ne disposaient pas assez de ressources financières pour contribuer efficacement à la scolarité de leurs enfants. J’ai fait mes études primaires et une partie du secondaire dans mon village Bamendjou. C’était fort difficile les conditions d’étude car il fallait parcourir à pieds près de 20km par jour pour me rendre dans le seul lycée situé à l’extrémité du village.
En 2003, je rejoins la ville de Yaoundé où j’effectue le métier de vendeur ambulant c’est-à-dire vendeur à la sauvette ou « sauveteur » tel que le désignent les Camerounais. Parallèlement à ce métier, je m’inscris en cours du soir où j’y poursuis mes études en jusqu’en 2006, année où je décide de prendre la route pour Douala.
Une fois rendu à Douala, je n’abandonne pas pour autant mes études ainsi que la vente à la criée de petites babioles, histoire de récolter de quoi survivre et de payer mes cours. Durant cette période, les miens n’auront aucune nouvelle de moi. Vous pouvez imaginer leur angoisse ! J’en avais pleinement conscience mais je me devais de relever les nombreux défis qui se posaient à moi à savoir étudier et vivre. Au mois de mai 2007, je m’aventure dans le monde artistique par une carrière de chanteur, puis d’acteur de cinéma. Je réalise un album de 08 titres mais qui hélas, n’a jamais été produit faute de moyens financiers, puis quelques films avec le groupe théâtral Black Style.
En 2008, j’obtiens une bourse du PAD (Programme d’Assistance aux personnes Diminuées) grâce à laquelle j’entre à l’ISP (Institut Supérieur du PIDERC) pour des études professionnelles audiovisuelles. J’y ressors en 2010 nanti d’une solide qualification en production audiovisuelle. J’ai également effectué d’autres formations, financées par mes soins telles que la maintenance informatique, le Web Design, etc…
Après ma soutenance de mon mémoire de fin de formation en 2010, j’entreprends une carrière professionnelle dans plusieurs chaînes de télévisions et de radios locales comme réalisateur, reporter, monteur, diffuseur ou responsable technique. C’est durant cette intrusion dans le monde des médias que la vérité sur l’histoire du continent s’est révélée à moi. Je ne pouvais rester indifférent à cette prise de conscience. Je décide donc de prendre des cours de sociologie à l’Université de Douala, tout en poursuivant plusieurs recherches personnelles en histoire, anthropologie, cultures et traditions africaines. En 2012, tenaillé par la précarité, je commence une carrière d’enseignant vacataire dans quelques collèges de la ville de Douala. Cette carrière d’enseignant d’histoire sera vite écourtée lorsque je découvre le contenu des programmes scolaires dans cette matière. J’étais plus qu’ulcéré ! Une sourde indignation et une colère certaine m’étreignaient le cœur ! Ma conscience ne pouvait accepter d’enseigner des contrevérités aux jeunes camerounais. Aussi ai-je décidé, malgré ma situation précaire, d’abandonner définitivement le métier d’enseignant. La seule alternative de survie qui s’offrait alors à moi, était celle de moto-taximan. Je l’exerce avec plaisir tout en poursuivant mes recherches en autodidacte, voyageant lorsqu’il le faut à travers le pays en quête de connaissances historiques et culturelles, côtoyant des érudits universitaires et traditionnels. J’étais animé par un seul souci : puiser à la source originelle, la connaissance vraie. Fort de mes recherches et des informations obtenues, c’est ainsi que je publie en 2013 à compte d’auteur un livre intitulé ‘’L’œil vers le Nord’’.
En 2015, je m’installe en Guinée équatoriale. J’y crée une première association panafricaine dénommée COPOJA (Collectif Pour la promotion et l’Orientation de la Jeunesse Africaine) ; laquelle organisera plusieurs Mobilisations à travers le continent africain.
Mais depuis 2014, j’avais engagé l’écriture de plusieurs œuvres : essais, romans, discours, etc…
Au début de 2017, je crée une entreprise d’édition dénommée « Editions Afrique Vision » dans l’optique de résoudre un grand problème qui mine l’Afrique : le manque d’éditeurs spécialisés pour la jeunesse. Après mon retour du Congo où j’y ai passé un an, et après plusieurs voyages à travers le continent, je publie en Aout 2017 aux Editions Afrique Vision, un essai intitulé « AFRIQU’OMBRE » sous-titré « Génération manipulée ». Ce livre sera vendu à plus de 3000 exemplaires en 06 mois alors que la promotion n’avait même pas été lancée ! C’est pour vous dire combien, le travail de sensibilisation et de conscientisation que j’avais entrepris auprès de la jeunesse a porté ses fruits.
Depuis Septembre 2017, le COPOJA est devenue « LE CLUB AFRIQUE VISION », une association panafricaine qui milite pour le réveil de consciences en Afrique à travers son projet révolutionnaire qu’est le Centre du Savoir et de la Connaissance.
Où tirez-vous cette énergie qui vous caractérise ?
Je tire mes forces de la mémoire de mes ancêtres qui n’ont jamais abandonné un Africain qui s’engage sur la voie de la liberté. Je suis meurtri de voir mon peuple subir la domination, de voir notre histoire être falsifiée, de voir l’Afrique être exploitée, pillée au profit de peuples étrangers.
Le panafricaniste que je suis, est avant tout un humaniste car comme le dit le frère aîné Jean De Dieu AYSSI, « le panafricanisme est un humanisme ». Je me soucie de l’homme africain qui souffre à cause d’autres hommes.
Quelles sont vos différentes réalisations ?
Mes réalisations sont multiples.
Sur le plan social, j’assure la scolarité et l’encadrement d’une dizaine d’enfants dont les parents sont démunis tout en formant plusieurs jeunes dans différents secteurs de métiers et les accompagne dans le long processus d’insertion sociale pour ceux d’entre eux qui avaient décroché de la société.
Je ne veux pas parler de mes multiples revendications avec la société civile camerounaise, où plusieurs autres réalisations pour les handicapés, les malades ou les familles victimes de séquestrations dans les structures hospitalières par exemple, faute de moyens pour s’acquitter des factures relatives aux soins qu’elles y ont subis.
Sur le plan politique, je suis responsable de la commission éthique à la COACIC et au quotidien mes actions consistent à restaurer l’éthique en politique dans mon pays.
Sur le plan panafricaniste, j’ai organisé plus de 20 conférences à travers le continent pour enseigner, éduquer et former les jeunes sur les enjeux géopolitiques, économiques, culturels et éducationnels.
Sur le plan culturel, j’effectue chaque temps des recherches à l’Ouest du Cameroun sur la culture et la tradition africaine. Je partage le fruit de ces recherches avec le public via des rencontres culturelles, de publications dans les réseaux sociaux et des interventions dans les radios et télévisions locales où je suis consultant.
En ce qui concerne ma bibliographie, j’ai publié « L’œil vers le Nord » en 2013 mais le litre n’est plus disponible. Une réédition est en cours.
En 2017, j’ai publié « AFRIQU’OMBRE » aux Editions AFRIQUE VISION. Ce livre connaît un franc succès à en juger par la forte demande du public.
Dans les mois à venir, je compte publier 4 autres livres successivement dont les titres seront : « Le culte des ancêtres en Afrique, cas des bamilékés », « Lettre au continent africain », « Dialogue du siècle » et « Sur le chemin du succès ». Notons que ces livres sont prêts depuis 2015.
Quelles sont vos perspectives d’avenir ?
Je compte mettre sur pied le plus grand projet éducatif du continent à travers le « CLUB AFRIQUE VISION ». C’est un projet hautement ambitieux, je le concède. Mais mon équipe et moi sommes animés d’une détermination sans faille pour voir triompher cette œuvre. J’ai ainsi pour projet, à travers ce mouvement de : créer des espaces de lecture dans tous les pays d’Afrique et de les doter de livres qui participent à la prise de conscience et développent l’esprit de la jeunesse du continent. Je veux que les EDITIONS AFRIQUE VISION deviennent le plus grand centre du savoir et de la connaissance du continent où seront produits des milliers d’exemplaires de livres, brochures et articles dans tous les domaines de la vie et de la connaissance.
Je veux voir le FCFA, les APE, les politiques néocoloniales et les systèmes de manipulation tomber, et je continue de militer, au prix même de ma vie pour cette cause.
Selon vous, quels sont les moyens dont dispose l’Afrique pour se libérer véritablement ?
L’Afrique regorge de beaucoup de potentiels tels que les ressources du sol et du sous-sol, une jeunesse très dynamique, une culture multidimensionnelle… Mais le véritable problème est qu’elle fait face à la prédation des puissances impérialistes et subit également les politiques mortifères pilotées par des dirigeants incultes assujettis aux normes du néocolonialisme. Pour ce faire, notre mode sociétal, notre modèle économique, nos croyances, notre idéologie, notre vision du futur doivent tirer leurs sources dans nos humanités classiques. C’est un impératif pour ne pas dire une obligation incontournable et non négociable. Pour y arriver, l’Afrique doit bâtir ses propres théories et concepts. Elle doit restaurer ses cultures et traditions pour y puiser le nécessaire pour affronter le monde moderne.
Mais, l’Afrique doit comprendre que seule la formation d’un état fédéral africain est le début de solution aux problèmes du continent. Nous avons tout sur le continent, il suffit de s’en approprier véritablement et exclusivement aux bénéfices des Africains.
Que diriez-vous à la jeunesse africaine ?
Je demande à la jeunesse africaine de se réveiller de son profond sommeil, de savoir que l’heure n’est plus à la danse, à l’oubli de soi, à la contemplation et à la glorification des illusions venues d’ailleurs. L’heure est au réveil de la conscience d’appartenir à une communauté de destin, fondée sur une histoire commune et un passé commun. Nul Africain ne doit s’écarter de cette vision au risque d’être absorbé voire anéanti par la mondialisation pensée et conçue par les puissances impérialistes.
Si nous continuons d’importer tout ce que nous consommons, aucun peuple du monde ne nous respectera. Consciente d’elle-même, la jeunesse africaine doit comprendre que l’importante tâche de la redynamisation du continent mère lui incombe. Cette jeunesse doit adopter des attitudes positives en s’orientant dans sa propre transformation mentale et morale, en s’armant de la connaissance des sciences et techniques, en étudiant la géostratégie et surtout en se tournant vers les initiatives collectives entrepreneuriales. Elle devra résolument rompre avec la gérontocratie de commandements.
Je lui demande de rejoindre ou de soutenir le CLUB AFRIQUE VISION pour qu’ensemble, nous puissions bâtir l’Afrique de demain.
Votre anecdote ou citation préférée
Je vous livre ce passage de mon dernier livre « Afrique’Ombre ».
« Si nous pouvons définir l’éducation comme l’art de former une personne, spécialement un enfant ou un adolescent, en développant ses qualités physiques, intellectuelles et morales, de façon à lui permettre d’affronter sa vie personnelle et sociale avec une personnalité suffisamment épanouie, il est important de nous y mettre résolument en concevant celle adaptée à notre contexte. Cependant, si notre système éducatif reste jusqu’à présent à l’image de la colonisation, nous partons perdants et nous nous destinons à dépendre de l’Occident. Mais cette situation, n’étant pas une fatalité, peut aussi être résolue, si la volonté politique s’intéresse à forger une nouvelle mentalité afin de mettre en exergue l’afro-responsabilité.
Ainsi, l’Afrique sera plus forte par un comportement dynamique, démontrant une véritable connaissance de soi et de la mise en œuvre du génie au service du développement ».
Comment vous contacter ?
Pour me contacter, je suis à Douala au Cameroun et travaille au siège du CLUB AFRIQUE VISION sis à la cité SIC en face UBA ESSEG.
Mes numéros de téléphones sont les suivants : (00237) 694 04 13 13 / (00237) 653 29 12 48 pour le réseau social WhatsApp.
Mon email est fotsingnzodjou@gmail.com
Sur Facebook mon nom est Nzodjou Fotsing ou ma page « Fotsing nzodjou le libre penseur » https://www.facebook.com/senateurfotsing/
Vous pouvez également passer par le site www.clubafriquevision.org
Propos recueillis par le site d’information en ligne www.myafricainfos.com