Le Général Diendéré et ses hommes, qui composent le fameux, et souvent de triste mémoire, Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP), du Burkina Faso, se sont mués, l’espace d’une quinzaine de jours, en un soi-disant Conseil National pour la Démocratie, qui prétendait «empêcher la déstabilisation du Burkina Faso» par les autorités de la Transition.
Cette «expérimentation hasardeuse», pour reprendre les mots d’un homme politique français, s’est achevée, après moult péripéties et retournements de situation, d’une manière piteuse et humiliante pour ses initiateurs, grâce à la volonté farouche des Burkinabè, surtout les jeunes et les femmes, de mettre le holà, y compris au péril de leur vie, à un retour programmé au pouvoir des affidés de Blaise Compaoré.
Le pouvoir effectif était dans la rue, et de fort belle manière: des barricades érigées autour des entrées de la capitale à Orodara, en passant par Boromo, Houndé et Bobo Dioulasso, partout on disait «Non au Diendérisme» et «On veut notre démocratie».
Côté vie économique, cela n’allait pas fort non plus. Pas de boutiques ni de marchés réellement ouverts, un appel des syndicats à la grève générale bien suivi, des distributeurs automatiques de billets de banque désespérément vides, des stations service fermées. Ce n’était plus une Opération Ville morte, c’était une Opération Pays Mort!
Si la bravoure des Burkinabè est à saluer dans cette affaire, que dire du courage des autorités de la Transition, le Président Michel Kafando, celui du Conseil Constitutionnel Sambou Kambou et celui du Conseil National de la Transition (CNT), notre confrère Cheriff Moumina Sy, non moins initiateur du FILEP, en tête?
Au péril de leur vie, elles ont défendu les acquis de la chute et de la fuite de Blaise Compaoré, appelant le peuple à manifester son désaccord avec ce coup de force, qui n’a pas pu, ni su, se transformer en coup d’Etat.
Au finish, Diendéré a obtenu exactement le contraire de ce qu’il recherchait. Son cher RSP est dissous, il a lui-même appelé ses hommes à se rendre aux forces loyalistes et à se mettre à la disposition de la justice et il n’a pas pu réintroduire dans les joutes électorales les deux candidats dont il estimait qu’ils avaient été évincés à tort.
Tout ça pour ça? L’histoire est vraiment ironique! Mais, quand un supposé grand spécialiste de la stratégie se retrouve pris à son propre piège, on ne peut, lorsque l’on est démocrate, que se réjouir.
Que la Transition burkinabè ait commis et se prépare à commettre quelques erreurs, quoi de plus normal, puisqu’elle est l’œuvre d’êtres humains, donc faillibles? Mais l’on ne peut lui reprocher d’être tiède, et c’est cela qui fait, selon nous, sa grande particularité et sa grande force.
Merci à nos voisins d’avoir donné une si belle leçon de conviction au monde entier et tant d’espoir à de nombreux Africains. Au Balayeur balayé par le Balai Citoyen, nous ne dirons qu’une chose: pour une fois, l’adage «Qui sème le vent récolte la tempête» est vérifié. Ajoutons-y une autre citation, car Diendéré a prouvé avoir manifestement oublié qu’il n’était plus tout puissant: «Qui trop embrasse, mal étreint».
Ramata Diaouré