Burkina: tirs de militaires dans une 3e ville, négociations avec des mutins

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OUAGADOUGOU (AFP) – 22:20 – 17/04/11 – Les tirs en l’air de militaires ont gagné dimanche soir une troisième ville burkinabè, Tenkodogo (est), après des actions similaires à Ouagadougou et Pô (sud), alors que les autorités avaient engagé des négociations avec des mutins dans cette dernière ville.

Tenkodogo est la troisième ville burkinabè à être gagnée par des tirs de militaires après Ouagadougou, jeudi et vendredi, et Pô, de samedi soir à dimanche.

Selon des habitants de cette ville située à 185 km de Ouagadougou, des militaires sont sortis aux environs de 17 heures (locales et GMT) de leur camp, et sont allés au marché, sans faire de pillage, mais les commerçants, pris de peur, ont fermé.

Ils tiraient en l’air avec des kalachnikov et ont “retiré (des) véhicules et (des) motos des particuliers”, a indiqué un autre habitant.

Ces incidents sont survenus à Tenkodogo alors que le calme était revenu à Pô, ville symbole pour le chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, où des soldats mutins ont entamé des négociations avec les autorités.

“Les négociations entre les autorités et les mutins se poursuivent”, a déclaré à l’AFP une source sécuritaire.

Le gouvernement a menacé dimanche de sanctionner les utilisateurs illégaux d’armes à feu, dans un communiqué du ministère de la Sécurité.

Au moins, 45 personnes ont été blessées par balle depuis jeudi à Ouagadougou, dont deux à Pô, selon un décompte fait par l’AFP à partir de sources hospitalières.

Par ailleurs, deux partis d’oppostion, l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) de Me Bénéwendé Stanislas Sankara, le principal opposant burkinabè, et le Front des forces sociales (FFS), ont annoncé dimanche à l’AFP que leurs sièges à Ouagadougou ont été attaqués samedi soir par des individus non identifiés qui y ont mis le feu, ensuite éteint.

Pô, ville située à 143 km de Ouagadougou, à la frontière ghanéenne, est un symbole pour le président Compaoré qui a dirigé son centre national d’entraînement et de commandement (CNEC).

C’est de là que le capitaine Blaise Compaoré est parti avec ses commandos pour renverser le commandant Jean-Baptiste Ouédraogo et installer au pouvoir son ami et compagnon d’armes, Thomas Sankara, en 1983.

Ce dernier sera tué en 1987 lors de la prise du pouvoir par M. Compaoré à la suite d’un coup d’Etat.

Tous les éléments de l’actuelle garde présidentielle burkinabè ont été formés à Pô.

Le président Compaoré fait face depuis février à une série de contestations de militaires, de la jeunesse, de magistrats et de commerçants.

Pour contenir la révolte des militaires qui a repris jeudi à Ouagadougou, le chef de l’Etat burkinabè a nommé samedi soir de nouveaux responsables à la tête des armées de terre, de l’air et de la gendarmerie.

Il a promu des fidèles dont certains étaient ses compagnons au moment de sa prise du pouvoir en 1987. C’est le cas du nouveau chef d’état-major, le colonel-major Honoré Nabéré Traoré, et du nouveau chef de corps de la garde présidentielle, le colonel-major Bouraima Kéré.

Vendredi soir, le chef de l’Etat burkinabè a nommé le colonel-major Nabéré à la tête de l’armée et dissout le gouvernement du Premier ministre Tertius Zingo.

A Ouagadougou, la première nuit de couvre-feu, instauré samedi de 19H00 à 06H00 (locales et GMT) par le ministère de la Sécurité, a été calme, selon un journaliste de l’AFP.

Samedi, excédés par les pillages des soldats mutins, des commerçants de la capitale s’en sont pris à plusieurs édifices publics.

Le ministère français des Affaires étrangères déconseille désormais fortement aux Français tout voyage au Burkina Faso, a indiqué dimanche son site internet.

AFP

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