Burkina: l’opposition appelle à une grande mobilisation” le 30 avril”

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OUAGADOUGOU (AFP) – Au lendemain de la formation d’un nouveau gouvernement, l’opposition burkinabè a appelé vendredi à une “grande mobilisation” le 30 avril à Ouagadougou contre le régime du président Blaise Compaoré, confronté depuis février à de nombreuses manifestations de colère.

“Nous appelons tout le peuple burkinabè à une grande mobilisation le 30 avril à Ouagadougou pour un grand meeting que les 34 partis de l’opposition organisent pour dire au président Compaoré que le peuple est fatigué de lui”, a déclaré à l’AFP Benewendé Stanislas Sankara, chef de file de l’opposition.

“Nous pensons qu’il est temps de faire comprendre au régime que le peuple a besoin de changement”, a ajouté l’opposant, candidat malheureux aux présidentielles de 2005 et 2010 face à M. Compaoré qui a gagné à chaque fois avec plus de 80% des voix.

“C’est comme si ce gouvernement va en guerre contre son propre peuple. Je m’attends à un recul démocratique, à un gouvernement de répression, à la négation de la liberté”, a accusé M. Sankara.

Dans une déclaration publique, les 34 partis d’opposition affirment que la mobilisation du 30 avril est une “nouvelle phase d’expression”, car “les esprits ne sont plus tranquilles et la peur s’installe de jour en jour avec un système vieillissant qui essaie et réessaie les gouvernements en maintenant toujours la tête”.

M. Compaoré, un militaire arrivé au pouvoir en 1987 par un coup d’Etat, a formé jeudi avec son nouveau Premier ministre Luc Adolphe Tiao un gouvernement dans lequel il s’est octroyé le portefeuille de la Défense.

Cette équipe composée de fidèles du président, en dépit des promesses d’ouverture de M. Tiao, va tenter de ramener le calme dans un pays frappé depuis deux mois par de multiples manifestations populaires et des mutineries de soldats, dont ceux de la garde présidentielle.

Outre l’opposition, plusieurs membres de la société civile, interrogés par l’AFP, doutaient que le gouvernement puisse parvenir à ses fins.

“Au-delà des hommes, c’est la nature même du système et de la politique qui sont les plus importants. On peut être compétent, mais si le système lui-même est grippé et pourri, on risque de faire des efforts inutiles”, estime Luc Marius Ibriga, enseignant de droit public à l’Université de Ouagadougou et président du Forum des citoyennes et citoyens de l’alternance (FOCAL).

“J’ai l’impression qu’ils n’ont rien compris aux problèmes du peuple”, a pour sa part affirmé, sous couvert de l’anonymat, le responsable d’une ONG de promotion de l’éducation. “Cette équipe-là ne répond pas aux attentes des gens. Dans ce pays ce qui fait que ça ne fonctionne pas, c’est que tout tourne et revient toujours au président et à sa famille”, a-t-il ajouté.

AFP

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