Burkina: incertitude au sommet de l’Etat après la chute de Compaoré

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Le lieutenant-colonel Isaac Zida (à gauche, le 31 octobre 2014), et le chef d'état-major Honoré Traoré
Le lieutenant-colonel Isaac Zida (à gauche, le 31 octobre 2014), et le chef d’état-major Honoré Traoré

Qui dirige le Burkina Faso? Quelques heures après la chute du président Blaise Compaoré et la prise du pouvoir par le chef de l’armée, un groupe d’officiers a annoncé vendredi la mise en place d’un “nouvel organe de transition”.

“Révolution” populaire ou “coup d’Etat” militaire? La démission de M. Compaoré plonge ce petit pays du Sahel dans une période d’incertitudes. Elle est aussi un coup de semonce pour les présidents africains qui seraient tentés, comme lui, de retoucher la Constitution pour rester indéfiniment dans leur palais.

Arrivé en 1987 au pouvoir par un putsch marqué par l’assassinat deThomas Sankara, icône du panafricanisme, M. Compaoré, qui fut longtemps l’un des hommes forts d’Afrique de l’Ouest, a dû tirer piteusement sa révérence face à une mobilisation populaire sans précédent.

“Dans le souci de préserver les acquis démocratiques, ainsi que la paix sociale (…), je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place d’une transition”, a déclaré M. Compaoré dans un communiqué lu à la mi-journée par une journaliste sur une télévision privée.

Cris, embrassades, éclats de rire: cette annonce a déclenché une explosion de joie à Ouagadougou.

“Le grand baobab est tombé, terrassé par la population”, exultait Jacques Zongo, jeune fonctionnaire coiffé d’un chapeau aux couleurs du pays.

Rapidement, le quartier des ministères a été le théâtre d’importants pillages. Bobo Dioulasso (sud-ouest), la deuxième ville du pays, a été aussi la proie des pillards, avec plusieurs bâtiments publics saccagés et incendiés.

– ‘Place de la Révolution’ –

Selon la diplomatie française, le président déchu du “pays des hommes intègres” est parti “vers le sud” du Burkina, en direction de Pô, une ville proche de la frontière avec le Ghana. Cette information n’a pas été confirmée et on restait sans nouvelles de lui vendredi soir.

Dans la foulée de la démission de M. Compaoré, le chef d’état-major de l’armée, le général Nabéré Honoré Traoré, a annoncé qu’il assumerait les “responsabilités de chef de l’Etat”, tout en asssurant “agir conformément” à la Constitution.

Mais au fil de la journée les dissensions au sein de l’armée sont devenues de plus en plus palpables, jusqu’à ce qu’une partie de la haute hiérarchie se démarque clairement.

Un groupe de jeunes officiers, dirigé par le colonel Isaac Zida, porte-parole de l’armée et n°2 de la garde présidentielle, a annoncé ainsi la prochaine mise en place d’un nouvel “organe de transition”, “en accord avec toutes les forces vives de la Nation”. Objectif: organiser la transition pour un “retour rapide” à l’ordre constitutionnel.

Ces militaires ont réclamé pour cela “l’accompagnement de la communauté internationale”.

Ils ont annoncé une suspension de la Constitution et une fermeture des frontières terrestres et aériennes, confirmée vendredi soir par une source française.

Selon un site d’information burkinabè, cette déclaration a été lue Place de la Nation, épicentre de la contestation et rebaptisée “Place de la Révolution” par les manifestants. Le texte a été lu conjointement par un militaire et un responsable de “Balai citoyen”, organisation de la société civile en pointe dans la mobilisation anti-Compaoré.

La prise du pouvoir par le général Traoré allait à l’encontre de la volonté de nombreux manifestants, qui le jugent trop proche de l’ancien président.

Un peu plus tôt dans la journée, l’opposition avait fait savoir que, pour elle, “toute transition politique à venir doit être conçue, organisée (…) autour des forces de la société civile, et intégrer toutes les composantes de la Nation (…), y compris l’armée”.

Quant aux partenaires du Burkina – France, Etats-Unis, Union européenne -, ils ont exprimé leur attachement à une transition conforme à la légalité constitutionnelle.

La France, ex-puissance coloniale, a salué la démission de M. Compaoré et réclamé “la tenue rapide d’élections démocratiques”.

Source: lepoint.fr

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6 COMMENTAIRES

  1. Dommage, comme en 91 au Mali , les militaires du Burkina Faso usurpent et confisquent la victoire du Peuple sur la Tyrannie en se hissant à la place du Président de la République et du Chef de l’Etat démissionnaire.
    Il y a une année de cela j’ai dit que Son Excellence B. Compaoré sortira par la Petite Porte, et voilà aujourd’hui c’est fait ,pas étonnant mais prévisible !!!!.
    A deux jours de sa démission, il pouvait encore sauvé sa Tête, mais l’Homme ayant Reigner comme a fait B Compaoré, ne pouvait que terminer son reigne de la sorte.
    Les militaires continueront comme au Mali à troubler la vie politique au Burkina comme au Mali avec les Pseudo politiques.Ce sera la magouille politique exactement comme au Mali car ils n’ont pas d’idéal et ce ne sont pas eux qui ont fait la Révolution et pourquoi eux doivent encore prendre en otage la Révolution: c’est l’échec comme le cas du Mali!!!!.

  2. Il ne devrait pourtant y avoir aucune incertitude au sommet de l’état burkinabé!

    Le peuple souverain du Burkina Faso est sorti comme un seul homme pour défendre sa CONSTITUTION contre les tentatives de tripatouillage de Blaise Compaoré et de son régime dictatorial.

    Blaise Compaoré face à la détermination des hommes intègres a jeté l’éponge et est parti se réfugier au sud du pays voir au Ghana voisin.

    C’est bien cette CONSTITUTION DU FASO qu’il faut respecté car le peuple du Faso est souverain.

    L’armée est au service du peuple du Faso et ne saurait être autre chose que l’instrument de défense du peuple du Faso.

    Donc l’armée doit respecter la CONSTITUTION DU FASO!

    Que dit la constitution du Faso en cas de vacance du pouvoir?

    C’est la réponse a cette question qui détermine le NOM DU PRÉSIDENT PAR INTÉRIM DU FASO ET NON LES DÉCLARATION DES OFFICIERS DE L’ARMÉE BURKINABÉ!

    Donc il n’y a aucune confusion au sommet de l’état burkinabé mais il y a des opportunistes militaires tout comme il y a eu des délinquants de Kati en mars 2012.

    Le droit est implacable et il faut qu’on se résout à respecter le droit en Afrique.

    Aucun officier militaire du Faso ne peut devenir chef de l’état durant cette transition démocratique du Faso si la constitution du Faso ne le prévoit pas!

    Il faut respecter les prescriptions de la constitution parce que c’est pour cela que le peuple souverain du Faso s’est levé contre Blaise.

    Et nous soutenons le peuple souverain du Faso contre tous les usurpateurs et contre tous les aventuriers aux dents longues et non pas seulement contre Blaise Compaoré!

    Bon courage aux hommes intègres!

    Salute Ouagadougou!

  3. Ils prennent toujours les Burkinabes pour des cons.. ou quoi? Le chef d’ etat major de Blaise le remplace on appelle ça un coup d’etat? Cest plutot un coup de poudre aux yeux. Heuresement que dans quelques jours il va devoir suivre son maitre ou laisser sa peau.

  4. Ces militaires vont se régler le compte entre eux. Il y a forcement un camp pro Compaoré duquel le peuple du BF devrait se méfier. 😉

  5. Je pense que le B.F n’a pas besion de ca actuellement, je dirais du tout. Une transition en douceur par l’armee ou par une personne qui fait lunanimite de la population et de l’armee pour max 1an. Apres des elections legislatives et presidentielle credibles. C’est tout ce que nos peuples africains ont besoin actuellement. SVP, les militaires ne gachez pas notre avenir, l’avenir du peuple, de nos peuples juste pour une question de pouvoir. Le pouvoir n’est rien, absolument rien pour ceux et celles qui ont le soucis de leurs peuples a COEUR. MERCI.

  6. retirer le camion des mains du chauffeur chevronnE , experimentE pour le confier a ses apprentis !!!@!!! quelle naivetE incroyable ! vraiment , ceci augure des lendemains difficiles pour le Burkina qui avait amorcE son emergence economique avec un taux de croissance spectaculaire soutenu de 7% du PIB . maintenant , le pays est mis en pieces detachees au nom d une democratie trop insuffisante pour nourrir son homme . la prevue , ce sont les regimes dictatoriaux comme la chine et les monarchies du golfe qui financent la plupart des economies des grandes democraties a la grande gueule . on ne nous dit jamais de travailler comme les asiatiques pour se developper , mais d appliquer la democratie au peril de nos nations fragiles fragmentees par l ethnocentrisme et le tribalisme , ou chaque candidat represente son ethnie ou sa corporation . aujourd hui , la societe civile burkinabee doit faire face a ses divisions internes , et puis aux militaires aussi mus par des interets egoistes . voici , la mayonnaise trop salee de l apres-COMPAORE !!!!!!!!!!!!!!!!

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