Au Burkina Faso, le président en exercice de l’Union africaine (UA) – médiateur et chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz – a rencontré, lundi 10 novembre, à Ouagadougou, tous les protagonistes de la crise burkinabè. De son côté, l’opposition a transmis à l’armée une feuille de route pour mettre en place la transition. Consultez ce projet de charte dans l’article.
Mohamed Ould Abdel Aziz – qui n’avait pas d’atomes crochus avec l’ancien président Blaise Compaoré – a déclaré d’emblée que l’Union africaine n’était pas venue « menacer » les Burkinabè ni leur « imposer » quoi que ce soit.
« Nous sommes là pour accompagner nos frères Burkinabè pour qu’eux-mêmes trouvent une solution qui soit une solution du Burkina aux problèmes du Burkina », a ajouté, très humble, le président en exercice de l’UA.
Pourtant, lundi dernier, l’Union africaine avait précisément menacé le Burkina Faso de sanctions, si la Direction de la transition n’était pas transmise à un civil passé un délai de quinze jours.
Ces menaces ont été très mal reçues à Ouagadougou. Le lieutenant-colonel Isaac Zida, les membres de la société civile et l’opposition avaient dit, sans détour la semaine dernière que l’UA était très mal placée pour imposer ses conditions et imposer son rythme à la sortie de crise puisque lorsque la crise couvait – il y a de cela quinze jours – l’UA n’avait pas donné suite aux appels à l’aide de l’ancienne opposition. Cet après-midi, cette même opposition s’est forcément réjouie de ce qu’il faut bien appeler un revirement de l’Union africaine.
Projet de charte de l’opposition et de la société civile
L’opposition et la société civile ont transmis, à l’armée, leur projet de charte pour mettre en place une transition civile. Nous pouvons dire, d’ores et déjà, que le lieutenant-colonel Isaac Zida – actuel homme fort du pays – a déclaré que ce texte serait « le socle » de la sortie de crise.
Le texte prévoit un président de la transition ; un Premier ministre ; un gouvernement de 25 ministres ; moult commissions – un peu trop, selon des diplomates africains – ; et une Assemblée nationale de 90 membres, dans laquelle l’armée et la nouvelle opposition (ancienne majorité) seraient largement minoritaires.
Le document prévoit également un processus, très complexe, en plusieurs étapes par une commission de désignation ad hoc afin d’élire le futur président de la transition.
A noter aussi que l’article qui empêchait les membres de l’Assemblée de se présenter aux prochaines élections a disparu de cette dernière version. En revanche, les membres de l’exécutif sont toujours inéligibles.
Ce texte qui n’est, rappelons-le, qu’un avant-projet doit désormais être amendé en tenant compte des contributions de l’armée et de l’ancienne majorité pro-Blaise Compaoré. Il sera ensuite adopté lors d’une séance plénière.
Il faudra ensuite que la levée de la Constitution soit suspendue puis les parties devront alors s’entendre sur la nomination de tous les différents responsables de la transition à commencer par son président.
Ainsi, les acteurs de la sortie de crise – qui ce soir, à Ouagadougou, avaient les yeux déjà rougis et les traits tirés – ne sont pas au bout de leurs peines.
Opportunistes
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